Actualités > Sommet Afrique-France : Des ressortissants du cercle de Kéniéba marchent sur Bamako pour réclamer la route de l’Or

Sommet Afrique-France : Des ressortissants du cercle de Kéniéba marchent sur Bamako pour réclamer la route de l’Or

vendredi 13 janvier 2017, par Assane Koné

Ils sont 84. Ils sont originaires des communes de Sitakily, de Sadiola et Dialafara, qui abritent 5 mine d’or au Mali. Depuis bientôt plus de 20 ans qu’ils sont condamnés à subir toutes les conséquences négatives de l’extraction minière, notamment l’or, chez eux, ils n’ont de routes dignes de nom. Certains estiment même qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable et à des centres de santé capables de les tirer des affres des nombreuses maladies provoquées par cette exploitation vertigineuse de l’or. Ils ont profité de la 27e édition du Sommet Afrique/France pour se faire entendre. Et, une caravane a été organisée pour venir faire le siège de Bamako.

« Nous militants de la Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM). Notre raison d’être, c’est la lutte pour la liberté de circulation et d’installation. Nous sommes en Europe où nous nous battons pour les droits des migrants. Nous sommes solidaires avec la lutte des ressortissants de Sitakily, de Sadiola et de Dialafara », nous a indiqué Anzoulmane Sissoko, habitué à organiser des manifestations en marge des grandes rencontres que la France organise entre elle et les Etats africains.

« Imaginez-vous que ces trois communes abritent 5 mines d’or au Mali, depuis 23 ans. Mais aucune d’entre elle n’a une route digne de nom et de dispensaires pour faires face aux nombreuse affections provoquées par cette exploitation sauvage du sous sol de leur terroir », a-t-il ajouté. Avant de révéler que ces communautés ont désigné 84 personnes pour une caravane sur Bamako dans le cadre du Sommet Afrique/France pour venir réclamé la route de l’Or, au même titre que la route du poisson.

L’or d’une table ronde animée à la Radio kayira de Bamako, Togomadi Sissoko, originaire de la commune de Sitakily, a estimé que l’or exploité par les sociétés minières dans le Cercle de Kéniéba ne sert pas la population du cercle. Et, pire, il a estimé que cette exploitation n’apporte à la population que maladie, violence et le développement d’un banditisme exceptionnel.

« Vous voyez, chez nous depuis plus de 20 ans que l’or est tiré en quantité industrielle de notre sous sol, il est pratiquement impossible de rallier Kayes, chef lieu de région, parce que la route est impraticable en toute saison. Parcourir les 250 kilomètres qui séparent Kéniéba de Kayes est pratiquement un parcours de combattant », a-t-il indiqué. Avant de se demander si le cercle de Kéniéba fait partie du Mali.

En plus de manque de routes et des infrastructures sanitaires dignes de nom, il a dénoncé le chômage très élevé des jeunes du cercle, malgré le fait que les mines pourraient employer un nombre très important, afin de les éviter d’aller mourir dans la méditerranée sur des voix incertaines de l’émigration vers l’Europe. « Malgré que les mines sont souvent à la lisière de nos villages, quand elles ne sont pas installées au cœur du village, on nous refuse même des stage de renforcement de capacité, à plus forte raison nous employer, sous prétexte que nous n’avons pas la formation requise, comme s’il y a des êtres humains qui naissent avec la compétence », a-t-il dénoncé.

Il a regretté qu’une initiative de Rand gold ait fait long feu. En effet, selon lui, en 2005, cette société minière a recruté des jeunes ressortissants de Loulo et les a formé et cela avait bien marché. « Mais nous ne comprenons pourquoi depuis 2005, cette expérience n’a plus été répétées pour le bonheur des milliers de jeunes qui n’aspirent que la poussière des mines d’or dans leur terroir », a-t-il regretté. Avant de révéler qu’aujourd’hui, 6 villages de Sitakily sont menacés de disparaître de la carte du cercle de kéniéba, parce qu’il y a des filons importants d’or dans leur sous sol. « On veut casser ces villages qui n’ont aucun bras valide qui travaille dans ces mines. Quelle injustice », s’est-t-il écrié.

Il a interpellé le Président IBK, pour qu’une solution soit trouver à l’emploi des jeunes du cercle de Kéniéba, qui sont fatigués d’aller mourir sur les routes de l’émigration.

Convaincu que l’or du Mali ne brille pas pour les maliens, il a souhaité que des dispositions soient urgemment prises pour faire face à certain nombre de questions de développement, afin de réduire le désastre humain qui se profile dans la cercle de Kéniéba, après la fermeture de ces mines qui portent un coup dur à l’environnement.

« L’or est exploité chez nous, mais nous sommes les plus malheureux du Mali et cela nous fait honte », a-t-il déclaré.

Pour sa part Mady Sissoko de la Commune de Dialafara, a indiqué que la patience à des limites. Selon lui, la population à plusieurs voix pour se faire entendre par les autorités, mais ne voudrait pas en arrivé là. « Rien ne nous empêche d’utiliser la violence pour nous faire entendre aujourd’hui. Ailleurs au Mali, ça se fait et l’Etat se met à leurs petits soins. Mais, nous avons décidé volontairement d’utiliser la voix pacifique pour nous faire entendre. Mais que les autorités sachent qu’à l’impossible, nul n’est tenu », a-t-il indiqué.

« Nos trois communes abritent 5 mines d’or au Mali, mais nous sommes tous malheureux. L’or est exploité sans aucun bénéfice pour nos populations. Et, cela ne saurait continuer », a-t-il déclaré.

Il a indiqué que les 5 mines emplois du personnel étranger pour des travaux que les populations riveraines des mines pourraient faire.

« Aujourd’hui, nous revendiquons nos droits à l’emploi, à la santé, au développement et à l’éducation/formation », a-t-il clairement dit.

Pour sa part, Aly Alassane, ressortissant nigérien, vivant en Allemagne et membre de la Coalition internationale des sans papiers migrants, a mis l’accent sur la similitude qui existe entre les problèmes que vivent les populations de Kéniébé et celle de Arlit au Niger, où la France exploite de l’Uranium depuis belle lurette à travers AREVA.

« Au Niger, il y a 40 ans que AREVA exploite l’Uranium pour offrir à la France 75% de son énergie, alors qu’il n’y a pas d’électricité à Niamey », a-t-il dénoncé. Avant de révéler qu’au Niger par le fait de AREVA, depuis 40 ans les populations meurent de la radio activité.

« Ce qui se passe dans vos 3 communes est la même que ce qui se passe au Niger. Mais, malheureusement contrairement à votre sagesse de régler le problème par la voix pacifique, dans le nord du Niger, les populations ont eu recours aux armes pour se faire entendre », a-t-il indiqué. Avant de regretter le fait que la France vient de passer un contrat avec la Chine pour la vente de 20 tonnes d’uranium du Niger.

« Comment avec toutes ces richesses de son sous sol, les africains sont devenus la risée du monde que tout le monde chasse chez eux, quand ils ne meurent pas dans les océans et le Sahara », s’est interrogé Bamba Vally de CSP-75 en France. Il a estimé que cela est dû au fait que depuis 60 ans l’Afrique signe avec la France des accords de coopération qui n’ont aucun impact sur le développement de nos pays.

« Aussi longtemps qu’il aura un déséquilibre dans les termes des échanges entre l’Afrique et la France par le fait des accords de coopération imposées, il aura des migrants en Europe », a-t-il déclaré. Avant de soutenir que si l’Afrique bénéficiait des ressources justes de l’exploitation de son sous sol et de toutes ses riches, aucun africains n’iraient en Europe pour travailler pour améliorer ses conditions de vie.

Il est convaincu d’une chose : « L’occident ne viendra jamais développer nos pays à notre place ». Et, il tient à partager cette conviction avec les jeunes africains.

Assane Koné


Voir en ligne : Sommet Afrique-France : Des ressortissants du cercle de Kéniéba marchent sur Bamako pour réclamer la route de l’Or

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.