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Quinzaine de l’environnement : Mopti, un condensé des problématiques et des opportunités face aux changements climatiques reçoit la 18e édition

jeudi 8 juin 2017, par Assane Koné

Initiée sous forme d’une campagne de communication pour le changement de comportement en vue de la protection de l’environnement et de l’amélioration du cadre de vie, la Quinzaine de l’environnement est une initiative unique en son genre au Mali. Le 5 juin 2017, dans la salle de spectacle de la ville de Mopti, Issiaka Sidibé, Président de l’Assemblée nationale du Mali, a présidé la cérémonie de lancement de la 18e édition de la messe de l’environnement au Mali.

Le 5 juin 2017. Il était seulement 9 heures sur nos montres, mais le soleil était déjà très fort comme s’il était au zénith. Ce jour-là, le soleil a exceptionnellement brillé à Mopti, comme pour rappeler aux uns et aux autres, que le phénomène des changements climatiques est une réalité. Triste réalité. Si par le passé, en cette période de l’année, la Venise malienne avait déjà reçu ses premières pluies, tel n’est plus le cas depuis belle lurette. Selon, plusieurs témoignages, Mopti est condamnée à attendre le juillet-août pour voir tomber du ciel, les premières gouttes de pluie.

C’est dans cette ville où, il fait actuellement exceptionnellement chaud que Issiaka Sidibé, Président de l’Assemblée nationale du Mali, à la tête d’une forte délégation composée d’élus de la nation, d’au moins 5 ministres en activités et plusieurs anciens ministres de l’environnement, a procédé le 5 juin 2017, au lancement des activités de la 18e édition de la Quinzaine de l’environnement.

Placée sous le thème générique « Mon environnement, je m’en occupe ! », la Quinzaine de l’environnement durera du 5 au 18 juin 2017. Depuis 4 ans, elle démarre le 5 juin, journée Mondiale de l’environnement, dans une capitale régionale du Mali. Et, elle prend fin le 17 juin, journée Internationale de lutte contre la désertification.

Pour le démarrage des activités de la 18e édition, le Comité nationale d’organisation et le Comité régionale d’organisation, ont concocté un programme des plus attrayants, avec une animation de l’Orchestre Kanaga de Mopti.

Une mobilisation exceptionnelle de la population de Mopti

De mémoire de participant aux différentes éditions de la Quinzaine de l’environnement, la mobilisation de la population à Mopti était exceptionnelle. Des notabilités aux enfants, personne n’a voulu qu’on lui raconte ce qui allait se passer dans la nouvelle salle de spectacle de la ville. Tous ont voulu être les témoins oculaires de la cérémonie de lancement.

« Mopti avec sa forte densité démographique et une urbanisation galopante, est confrontée malheureusement à un état d’insalubrité généralisé avec un niveau de risque de dégradation très élevé de l’environnement », a indiqué Issa Kanssaye, Maire de Mopti. Avant d’indiquer que la problématique de l’assainissement se traduit dans sa ville par une insuffisance notoire dans la gestion des déchets solides, des déchets liquides et des eaux de pluie.

Pour sa part, le Colonel Sidiki Samaké, Gouverneur de la région de Mopti, s’est félicité de l’organisation de la Quinzaine de l’environnement dans sa région. Il a exhorté les populations à s’investir dans des actions de protections et de préservation de l’environnement.

Le groupe Nyongonlon, toujours engagé pour la protection de l’environnement

Le balayage des concessions et la devanture des cours, la problématique des déchets plastiques et leurs conséquences sur la santé animale et du sol, la destruction des cours d’eau à travers le pays par un phénomène nouveau de dragage par les chercheurs d’or, la destruction des forêts pour la construction de pirogues et pour d’autres besoins. Ce sont-là autant de sujets qui ont été abordé par le groupe Nyongonlon dan un sketch de sensibilisation. Il faut dire qu’à travers ce sketch, le groupe Nyongonlon a invité les femmes, mères de familles à assurer la propreté des concessions pour un assainissement des quartiers, des villages, des villes et du pays.

Quinzaine de l’environnement : les partenaires s’engagent aux côtés du Mali

« La quinzaine de l’environnement est occasion pour réaffirmer notre engagement commun aux côtés des autorités et des populations du Mali à la sauvegarde de l’environnement et des ressources naturelles tous les 5 juin à travers la célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement et, ce pendant une quinzaine de jours pour ensuite attirer l’attention sur la lutte contre la sécheresse et la désertification chaque 17 juin », a indiqué Maleye Diop, Directeur Pays a.i. du PNUD au Mali, au nom du chef de File du Groupe Thématique environnement/changements climatiques des PTF du Mali.

Selon lui, la quinzaine de l’environnement est bien ancrée au Mali depuis presque deux décennies, et est un fort moment de concertation et de dialogue avec tous les acteurs autour des enjeux environnementaux et des défis liés aux changements climatiques et à la gestion durable des ressources naturelles. « La Quinzaine de l’environnement est un évènement qui a trouvé sa place dans l’agenda du Gouvernement du Mali », a-t-il déclaré. Avant de saluer les autorités du Mali qui ont perçu l’importance de la dimension environnementale dans la quête du développement durable. Selon lui, cet engagement se traduit par une hausse du budget alloué au secteur depuis quelques années.

« En 2016, la part des ressources internes s’est établi à hauteur de 49,8% du budget total mobilisé par le Ministère en charge de l’Environnement, et s’est soldé par une hausse d’environ 7 milliards de FCFA entre 2015 et 2016 (425 milliards de FCFA en 2015 contre 432 milliards en 2016 », a-t-il ajouté.

Il dira que l’appel lancé cette année par la communauté internationale est de « Rapprocher les gens de la nature, dans la ville et sur la terre, des pôles à l’équateur ». Selon lui, cette invitation s’adresse aux institutions étatiques, aux collectivités territoriales, aux partenaires techniques et financiers, au secteur privé, aux organisations de la société civile, à la communauté scientifique et universitaire pour renforcer davantage les efforts pour inverser la tendance actuelle de la dégradation des ressources naturelles et de notre cadre de vie. « Ce thème indique la complexité des systèmes écologiques ainsi que leurs interactions avec les différents formes de vies et les impacts préoccupants de nos habitudes de production et de consommation sur l’avenir de notre base de vie : la terre ! », a-t-il déclaré. Avant de dire que c’est pourquoi, l’attention qui est portée sur notre responsabilité individuelle et collective de « gardien de la planète » doit être comprise de chacun de nous. Il dira ensuite que ce rappel est en parfaite cohérence avec celui fait en faveur de la lutte contre la désertification dont le slogan est « Respect : notre terre, Notre maison, Notre futur ».

« Nous constatons que l’organisation de la quinzaine de l’environnement s’est beaucoup adaptées ces dernières années tant en termes de visibilité, d’adaptation du thème avec les lieux de célébration et de pertinence des actions de communication et de sensibilisation », a déclaré Maleye Diop.

Selon lui, le choix de la région de Mopti, semble significatif, car cette région représente un condensé de problématiques et d’opportunités écologiques, économiques et sociales qui doivent être prises en charge avec le concours de toutes les parties prenantes.

« Nous sommes à Mopti pour parler… de ce que notre pays a de plus vulnérable… : ses ressources naturelles, ses ressources environnementales et son cadre de vie »

« Nous sommes à Mopti pour parler du Mali, et de ce que notre pays a de plus vulnérable, à savoir la protection de ce qu’il a de plus cher : ses ressources naturelles, ses ressources environnementales et son cadre de vie », a déclaré Mme Keita Aïda M’bo.

Elle a ensuite indiqué que nous sommes à Mopti, après Ségou, Sikasso et Kayes pour la mise en cohérence de deux dates cardinales que sont : Le 5 juin, la journée mondiale de l’environnement dont le thème de cette année est : « Rapprocher les gens de la natures- dans la ville et sur terre, des pôles à l’équateur » et le 17 juin dont le thème est « Respect : notre terre, Notre maison, Notre futur ».

Selon elle, ces deux phénomènes sont l’illustration des problématiques complexes parmi lesquelles l’on peut citer : la préservation de la nature, la gouvernance environnementale c’est à dire la sauvegarde des terres cultivables, des écosystèmes aquatiques, l’impact des migrations sur les terres cultivables, l’engagement et la résilience des communautés locales dans la préservation des ressources naturelles, l’amélioration du cadre de vie, le tourisme, etc. « Ce sont des défis bien connus de notre pays qui, depuis des années, a élaboré des politiques et des programmes pour les affronter en proposant des solutions, des stratégies et techniques d’adaptation et de résilience à travers des thèmes cruciaux comme, le développement durable, les changements climatiques, l’ensablement, la désertification, la préservation de la diversité biologique… », a-t-elle indiqué.

Pour Madame le ministre, la quinzaine de l’environnement nous offre le cadre idéal de communiquer sur toutes ces visions stratégiques, non pas de façon abstraite mais par des cas de réussite, des visites de terrain, des manifestations sportives et socio culturelles, des conférences, des émissions audiovisuelles, des articles de presse… Elle a ensuite mis le doigt sur des spécificités de la région de Mopti à travers une série de questionnements.

Delta intérieur du Niger, ce trésor de ressources naturelles et humaines

Selon Madame le ministre de l’environnement, le Delta est une vaste étendue inondable, classé « site RAMSAR » par la communauté internationale. Elle dira qu’il fait vivre plus d’un millions de personnes sur environ 35 000 Km2 où pêcheurs, agriculteurs et éleveurs exploitent à tours de rôle et souvent au même moment les ressources qu’ils ont en commun. « Le Delta est une des zones humides les plus étendues de l’Afrique. Il tire sa particularité du fait de son fonctionnement hydrologique naturel, même si pour l’heure il est très peu aménagé », a-t-elle déclaré.

Mais elle dira que ce milieu naturel envié est aujourd’hui en sursis. « Les crues n’y sont plus suffisantes, les aléas climatiques y persistent, les modes d’exploitation des ressources sont en cause », a-t-elle indiqué. Avant de dire que ce patrimoine doit être préservé et conservé à juste raison.

Les éléphants du Gourma, cette espèce défie le temps par sa capacité d’adaptation à un environnement d’une si sévère austérité

« Les éléphants du Gourma représentent 12% de la population des éléphants d’Afrique. Ils constituent l’espèce la plus septentrionale d’Afrique, et sont à la fois un patrimoine national et mondial qui bénéficie de la protection des Conventions internationales signées et ratifiées par le Mali », a indiqué Madame le ministre de l’environnement. Cependant, elle fera constater que malheureusement, ils sont en proie à toutes sortes de menaces dont la plus dangereuse est le braconnage.

« Cette population aurait perdu près d’une centaine d’individus, à cause du trafic de son ivoire qui ne serait même pas prisé sur le marché. Pour minimiser l’impact des changements climatiques sur les éléphants, des schémas d’aménagement sont disponibles, mais leur mise en œuvre reste bloquées à cause de l’insécurité qui sévit dans le Gourma », a rappelé Madame le ministre.

Mme Keita Aïda M’bow est convaincue qu’un plan impérieux pour sauver ces éléphants s’impose. « Je vous exhorte tous à vous y engager sans plus attendre », a-t-elle lancé.

La problématique des déchets domestiques solides à Mopti

« Mopti connaît un fort réseau social d’interdépendance et des contraintes liées au milieu naturel qui ont leur effet sur l’assainissement. Le sol urbain est plat avec une nappe phréatique très proche de la surface, ce qui soumet le réseau social d’assainissement à de sérieux risque de contamination et de pollution », a indiqué le ministre de l’environnement. Elle a ensuite estimé que l’installation d’une station d’épuration et l’aménagement des décharges ne suffissent pas. « Il faut renforcer la citoyenneté et améliorer le niveau de prestation des GIE pour aller vers une ville agréable. Et c’est possible », a-t-elle conseillé.

Le tourisme à Mopti, victime de l’insécurité et de l’intolérance

« Mopti et ses différents sites pouvaient accueillir entre 100 000 et 120 000 touristes par an. Ce potentiel est tout simplement hypothéqué depuis que l’enivrante psychose de l’intolérance se répand comme l’émanation des gaz de produits polluants », a déclaré Mme Keita Aîda M’bow. Cependant, elle a affirmé que l’espoir est permis car les potentialités écologiques, touristiques, économiques et socioculturelles de cette région sont multiples.

Avant de donner le coup d’envoi des activités de l’édition 2017 de la quinzaine de l’environnement, Issiaka Sidibé, Président de l’Assemblée nationale, a déclaré que « la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de la vie sont des obligations constitutionnelles auxquelles chaque malienne et chaque malien doivent se soumettre ».

Mopti est un concentré de potentialités inestimables dans les domaines de l’élevage, des ressources halieutiques et fauniques

Il a ajouté que Mopti est un concentré de potentialités inestimables dans les domaines de l’élevage, des ressources halieutiques et fauniques. Mais, il dira que malheureusement, le fait de l’Homme combiné à d’autres situations exogènes liées aux changements climatiques ont fini par dégrader dangereusement l’environnement et les ressources naturelles de la région.

« Sous l’effet de plusieurs facteurs comme la déforestation, l’ensablement du fleuve Niger, l’absence d’un système d’assainissement durable, la Venise malienne a réellement besoin de retrouver son souffle à travers un cadre de vie plus convivial », a-t-il déclaré. Avant d’annoncer que l’assemblée nationale est très attentive aux questions touchant à l’assainissement de notre milieu. « Toutes les initiatives allant dans le sens de l’amélioration de notre cadre de vie bénéficieront toujours d’une attention particulière de la part de notre institution », a-t-il déclaré.

Cependant, conscient que les périls qui pèsent sur notre environnement sont énormes, le Président de l’assemblée nationale a estimé qu’il nous appartient d’y faire face en toute responsabilité en forgeant des solutions innovantes incluant l’adhésion des populations.

Il a terminé ses propos en rappelant un dispositif constitutionnel : « Toute personne à droit à un environnement sain. La protection, la défense de l’environnement et la promotion de la qualité de la vie sont un devoir pour tous et pour l’état ».

Assane Koné


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