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« Migrance » à Paris : Pour dénoncer l’Europe…des incohérences et des impasses

lundi 21 janvier 2019, par Assane Koné

« L’Europe 2019 ? Pas sans l’Afrique ! Sortir ensemble de l’impasse » est le thème de l’édition spéciale de « Migrances », qui a été organisé le 20 janvier 2019, à la Bellevilloise à Paris, en France.

Elle et ses camarades militantes et militants l’on souvent dit au bord du Djoliba à Bamako. Dans une démarche pédagogique, aller le répéter à Paris au bord de la Seine, pourrait avoir un autre échos. Ne dit-on pas que la répétition est pédagogique ? Pour élargir le cadre de leurs réflexions et amener beaucoup plus de personnes à s’interroger sur le modèle de relations qu’il faille construire entre l’Afrique et l’Europe, notamment avec la France, une édition spéciale de « Migrances » a été organisée au bord de la Seine. « Douze années de débat citoyen », « Hommage aux migrants », « La chasse à l’homme africain », « L’Europe des paradoxes et des impasses », « Écrire l’errance et l’exil : les femmes et les enfants d’abord », « Transitions économique, démocratique et écologique : Comment renouer avec l’espérance et forcer l’avenir », « Culture : la créativité au service d’un développement respectueux des droits économiques, sociaux, politiques et environnementaux, sont autant de thèmes qui ont été abordés durant cette journée du 20 janvier 2019, à Paris.

Et, pour introduire l’édition spéciale, Aminata Dramane Traoré et Nathalie M’Dela-Mourier, ont entretenu l’auditoire sur le thème relatif à « Douze années de débat citoyen », histoire de faire une sorte de bilan des grandes actions en faveur de leur engagement pour des relations plus saines entre l’Europe et l’Afrique et entre les peuples d’Europe et ceux d’Afrique. Cette introduction a permis à Ray Lema, Rokhaya Diallo et Mariam Koné de planter le décor en rendant « Hommage aux migrants ».

« ’’Immigration’’ pour les pays d’arrivées, ‘’émigration’’ pour les pays de départ, l’appellation de la mobilité qui est le propre de l’homme, est en langue bamanan ‘’ taama ‘’ ou la marche. Les images des embarcations de fortune à bord desquelles les migrant-e-s s’entassent, hommes femmes et enfants, ne disent rien des causes profondes de leur fuite. Quels rêves les portent pendant qu’ils marchent sur les dunes, sur les vagues ? Ils marchent vers d’autres humains, leurs semblables. Ils marchent vers un monde qu’ils espèrent meilleur. Dans leur marche, ils tombent, se relèvent, marchent encore ». Ce sont-là les paroles d’un « chant fort intéressant que Mariam Koné a chanté en hommage à ces héros et héroïnes anonymes d’une histoire de développement qui tourne au chaos ».

Et, pour ne pas continuer à tourner au tour du pot, Taoufik Ben Abdallah et Aminata D. Traoré, dans un discours franc qu’on leur connaît, de façon claire, vont aborder le thème : « La chasse à l’homme africain ». Et, nos deux éminents conférenciers, sans détour vont soutenir que « parce que toutes les provenances ne se valent pas en termes de sécurité ou de dangerosité supposées, mais aussi de valeurs, de culture et de pigmentation de la peau, l’Afrique noire paie un lourd tribut au durcissement des politiques migratoires européennes. La majorité des débouté-e-s du droit d’asile sont Subsaharien-ne-s ? ». Avant d’inviter l’auditoire à un débat : « Débattons-en ! ».

Et, pour donner le ton à un débat serein, les conférenciers vont introduire les discussions avec des questions pertinentes. « La France ne devrait-elle pas actualiser les critères du droit à l’asile ? » ; « Pourquoi les ressortissants des pays du G5 Sahel et des régions du Nigéria et du Cameroun où sévit le djihadisme n’y ont-ils pas droit ? », sont autant de questions claires et nettes qui ont été posée, pour inviter tout le monde à une introspection qui pourrait aider à la résolution d’un certain nombre de problèmes, dont les milliers de morts dans les océans et dans le Sahara.

De leur côté, pour ajouter leur grain de sel au débat qui s’est voulu très riche, le Pr Issa N’Diaye, Juan Branco et Martial Ze Belinga, ont mis le focus sur « L’Europe des paradoxes et des impasses ». « Cette Europe-là est aussi celle des incohérences et des impasses », ont-ils dénoncé. Avant d’estimer que « Pour limiter à tout prix les arrivées des Africain (e) s sur son sol, elle déploie des moyens impressionnants en mer et érige à l’intérieur de ses frontières des remparts, des centres de rétention administrative au sein desquels elle bafoue, à la fois, le Droit international de l’Asile et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 ». Et, convaincus que dans le même contexte, tout cela se fait pour les profits des multinationales, ils ont invité l’auditoire à en discuter sereinement.

En suite, dans plaidoyer pour les femmes africaines et les enfants, dans le thème « Écrire l’errance et l’exil : les femmes et les enfants d’abord », Nathalie M’Dela-Mounier, Clariste SohMoubé, Awa Meité Van Til, et Richard Moyon, vont soutenir que : « Les femmes africaines sont les grandes perdantes de l’ouverture forcée des économies africaines au commerce déloyal et de la démocratie libérale et affairiste ». Nos éminents conférenciers vont regretter le fait que « les femmes africaines ne soient pas moins présentées comme un facteur de déstabilisation du continent avec « 7 à 8 enfants par femme. Vous vous souvenez de la fameuse déclaration du Président Emmanuel Macron.

Mais, il reste incompréhensible pour nos conférenciers que « Dans le même contexte la baisse de la natalité dans l’Hexagone comme dans d’autres pays européens », soit « considérée comme une limite à la croissance et à la puissance ». Pour cela, ils diront que « Les Africaines sont au cœur du fantasme du grand remplacement. Mais nous ne le savons pas, nous-mêmes. Nous n’en débattons pas presque jamais, parce que dépolitisées et infantilisées ». Avant d’attirer l’attention des uns et des autres sur le fait que « De notre ventre fécond naîtrait « la horde » des nouveaux barbares : migrants, islamistes et autres « menaces ». Et, inviter l’assistance à en débattre. Désabusés, choqués et révoltés, les conférenciers diront à qui veut les entendre : « Non ! Nous ne sommes pas, nos nombreux enfants et nous, un facteur de déstabilisation ni une menace pour l’Europe mais la solution au mal développement de nos pays et la crise existentielle. Tant mieux si la France, l’Europe et le reste du monde l’entendent de cette oreille et mettent un terme à la violence systémique ».

Convaincus que l’immigration ou l’émigration s’est féminisée, les conférenciers diront que « De plus en plus nombreuses, elles partent, avec ou sans enfant, quittent le continent et osent le terrifiant voyage. Trop souvent, ce sont aussi des enfants seuls qui affrontent cette épreuve sans fin ». Et, persuadés que personne ne les entend et ne les écoute, les conférenciers estimeront que « Écrire, donner de la voix, prêter sa plume, c’est aussi se réapproprier sa vie et mettre en lumière celles et ceux que l’on n’entend pas".

« Transitions économique, démocratique et écologique : Comment renouer avec l’espérance et forcer l’avenir », cette sempiternelle question a conduit Louis Kenmayo, Bruno Rebelle et Abdoulaye Sangaré, à indiquer que « Les femmes et le jeunes d’Afrique doivent oser davantage inventer l’avenir à la lumière des dérives du système qui fait d’eux une menace pour la sécurité globale ». Et, pour inventer cet avenir l’Afrique dispose d’un potentiel impressionnant : sa culture, tant diversifiée et riche. Et, pour le dire Mandé Alpha Diarra et Rokhaya Diallo ont été mis à contribution pour aborder le thème : « Culture : la créativité au service d’un développement respectueux des droits économiques, sociaux, politiques et environnementaux. « Quelle économie ? Quel marché pour garantir aux Africain-e-s du travail, le revenu décent, une vie de qualité (alimentation, santé, éducation, habitat, énergie, transport), la paix et la sécurité ? Quelle créativité ? Quelle solidarité au niveau des villages, des quartiers, des villes et entre générations, entre peuples frères en humanité ? », sont autant de questions qui ont eu des réponses à travers des exemples concrets. Et, pour clore cette belle journée de réflexions et de propositions de solutions à plusieurs problèmes de l’heure, les artistes Cheick Tidiane Seck, Princess Erika et Doussou Bagayoko), ont soutenu le « Lancement de l’appel ‘’Sortir ensemble de l’impasse’’ ».

Assane Koné


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