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Mamoutou Diabaté, Président du Forum des OSC : « Les pourparlers d’Alger doivent permettre de mettre fin, ….aux dérives séparatistes et de jeter les bases d’une refondation de l’Etat »

mercredi 10 septembre 2014, par Assane Koné

Sans être conviées à Alger pour les pourparlers inter maliens pour la résolution de crise au nord du Mali, des organisations de la société civile, regroupées dans le Collectif des acteurs de la société civile du Mali sur la sortie de crise, ont tenu à apporter leur pierre à l’édifice national. Dans un document intitulé « voix commune de la société civile », treize organisations de la société civile, dont le Forum des Organisations de la société civile et le Conseil national de la société civile, y font des propositions concrètes conformément à la feuille de route d’Alger, notamment : les aspects politico-institutionnels, la réconciliation nationale, la justice et les questions humanitaires ; la réforme du secteur de la défense et de la sécurité et le développement économique social et culturel. Ici, nous allons lever le voile sur les propositions de la société civile sur les aspects politico-institutionnels.

« Au cours des trente dernières années, le système étatique du Mali, sous le couvert de la démocratie et du consensus entre les acteurs, s’est illustré par une faillite de la gouvernance publique. L’Etat est devenu le siège de l’injustice, de la discrimination et de l’arbitraire  », a indiqué Mamoutou Diabaté, lors de la conférence de presse de présentation des propositions de la société civile. C’était à la veille de l’ouverture du 2e round des négociations à Alger. Mamoutou Diabaté a estimé que la déliquescence généralisée de l’Etat a servi de terreau à toutes sortes de crises. Selon lui, la corruption a gangréné le service public et brisé l’élan de la perfection, de l’effort, au profit d’un système favorable aux médiocres, aux malfaiteurs de tout acabit et aux chasseurs de gains faciles. « Les citoyens en mal avec les services administratifs et de sécurité, ne font plus confiance aux institutions, et ont tendance à régler leurs problèmes par eux-mêmes sur toute l’étendue du territoire national  », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que cette situation généralisée de mal gouvernance et de corruption touche tous les secteurs de la société malienne et surtout ses institutions qui devraient être les piliers porteurs de la Nation. « Les institutions de la République n’arrivent plus à assumer leur rôle et ont, de ce fait, perdu toute crédibilité aux yeux des populations qu’elles étaient censées représenter  », a-t-il déclaré. Pire, il dira que « le système politique, basé sur la démocratie représentative, était devenu une source d’émancipation personnelle sur un fond d’enrichissement et d’accaparement des biens publics ». Avant de soutenir que l’administration d’Etat, à travers sa politique de décentralisation administrative et territoriale, n’apportait plus de réponses aux préoccupations des populations et ne faisait pas de place à leurs représentants légitimes. « Le système multipartite ne favorisait plus une expression plurielle et une défense de l’intérêt publique et communautaire  », a-t-il indiqué. Selon lui, c’est cette situation qui est à la base du chaos qui s’est installé depuis 2012 et elle interpelle la conscience de tous les Maliens. Pour cela, il dira que les politiques de décentralisation et de régionalisation en cours, loin d’être une panacée, doivent nécessairement apporter des réponses aux questions de fond sur la gouvernance à l’échelle nationale, régionale et locale. « Les pourparlers d’Alger peuvent et doivent permettre de mettre fin aux violences, aux dérives séparatistes et de jeter les bases d’une refondation de l’Etat à laquelle tous les Maliens doivent participer à travers leurs représentants légitimes et légaux  ».

Décentralisation « poussée », « totale », « intégrale » et « régionalisation », d’abord un débat citoyen

En ce qui concerne la politique de Décentralisation, le Président du FOSC dira que les concepts de décentralisation « poussée », « totale  », «  intégrale  » et de Régionalisation véritable, employés par certains officiels, doivent faire l’objet d’un débat citoyen. « Le Mali n’a plus le droit aux erreurs, aux arrangements, et abus de pouvoir, qui conduit à la crise actuelle », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que les recommandations des Etats généraux de la Décentralisation tenus les 21, 22 et 23 octobre 2013, constituent un minimum référentiel pour toutes discussions, négociations, ou reformes. « La mise en œuvre de cette politique de régionalisation ne doit en aucun cas être contraire aux dispositions de la constitution du Mali, ni accorder des faveurs particuliers à certaines régions par rapport à d’autres  », a-t-indiqué.

Toute forme d’Etat issue des pourparlers d’Alger qui ne seraient pas conforme aux droits et au consensus national serait vouée à l’échec

« Le Collectif des OSC en appelle à la responsabilité des Médiateurs des pays du champ, des pays européens impliqués, de la communauté internationale et spécialement de la MINUSMA et reste convaincu que, toute forme d’Etat issue des pourparlers d’Alger qui ne seraient pas conforme aux droits et au consensus national serait vouée à l’échec », a indiqué Mamoutou Diabaté. Avant de dire qu’en conséquence, le Collectif, dans sa logique d’un Etat unitaire, propose une décentralisation qui donne la possibilité et les moyens aux communautés, au sein des collectivités, d’impulser et d’orienter le développement local et régional tout en veillant au respect des droits humains et de la nécessaire cohérence du développement national.

Dans notre prochain numéro, nous exposerons l’avis de la société civile quant à la réconciliation nationale, la justice et les questions humanitaires.

Assane Koné

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