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Liberté d’expression des victimes de VBG : « l’or du Mali ne doit pas être exploité sur le corps des femmes du Mali » dixit Bintou Founè Samaké
samedi 28 janvier 2023, par
« L’accès des victimes à la liberté d’expression. Les victimes de violences basées sur le genre (VBG) ont droit à la parole. L’or du Mali ne sera pas exploité sur le corps des femmes du Mali », telles sont entre autres les déclarations faites par les organisations de la société civile défendent les droits de la femme et des victimes de VBG. C’était lors d’une conférence de presse organisée, le samedi 28 janvier 2023, au Centre Aoua Keita, animée par Bintou Founè Samaké, présidente de l’ONG WILDAF.
L’objectif est d’informer l’opinion nationale et internationale de la situation de Madame Khadidiatou NDIAYE, victime de harcèlement et d’intimidation venant de la société Minière de Loulou (SOMILO) représentant de la société BARRICK du Canada. Lors de cette conférence de presse une déclaration a été faite par ses organisations sur ce cas précis.
Mme Bintou Founè Samaké, présidente de L’ONG WILDAF, devant les Hommes de média a rappelé que le 23 Octobre 2023, à la suite d’un long processus pour se faire entendre et mettre fin au harcèlement sexuel et à la discrimination dont elle a été victime au sein de la SOMILO, Madame Khadidiatou NDIAYE a brisé l’omerta en faisant un témoignage sur la chaine de télévision Africable. En représailles à l’exercice par la victime de l’un de ses droits fondamentaux reconnus par la constitution malienne et des instruments juridiques régionaux et internationaux, la Société SOMILO a porté plainte contre elle et Africable pour diffamation.
Le seul tort de la victime a été de s’exprimer librement sur son cas. « Cette plainte de la Société SOMILO contre Madame Khadidiatou NDIAYE est une tentative d’intimidation contre la victime et d’autres potentielles victimes, à laquelle nos organisations ne céderont guère », a déclaré Mme Bintou Founè Samaké.
Mme Samaké, dans ses propos explique que, « avant cette émission, c’est l’ORTM qui nous avait demandé de s’associer à elle pour pouvoir faire une émission sur le harcèlement sexuel en milieu de travail. Ils nous ont demandé de chercher des personnes ressources. Nous avons produit des personnes ressources. J’avais moi-même participé comme personne ressource dans l’mission. Quand l’émission a été enregistrée, elle devrait être diffusée un jeudi. Malheureusement, l’émission n’a pas été diffusée. Quand quelqu’un a eu vent que l’émission va être diffusée par l’ORTM, la mine a saisi l’ORTM pour leur dire de ne pas diffuser cette émission ce qui n’a jamais été faite, malgré nos multiples tentatives de pouvoir parler avec les responsables de l’ORTM et de leur faire comprendre que ce n’est qu’une émission. C’est en ce moment que nous avons demandé à Africable s’il peut nous recevoir dans leur émission ‘’Femme capable. Et on a bien voulu nous recevoir dans cette émission. Le lendemain vers 16 heures quand l’émission a été diffusée. J’ai voulu avoir les éléments de l’émission. Je suis parti trouver que la structure est venue prendre tout l’enregistrement à l’Africable. Même sur Facebook aussi, la vidéo a été désactivée. S’il n’y a rien pour quoi tout ça ? Pourquoi nous empêcher de nous exprimer ? ».
La présidente de WILDAF, précise, qu’elles ne sont contre personne mais contre un mécanisme qu’on a instauré dans une structure et peut être qu’il y a d’autres structures et qu’il faut démanteler. Pour que les hommes et les femmes puissent travailler dans la tranquillité d’esprit et de corps dans leur lieu de travail. Elle ajoute qu’elles ont des preuves dont l’analyse est en train de se faire par leurs avocats (des enregistrements, des messages et d’autres documents).
« Nous n’avons pas posé d’acte devant les juridictions, c’est la société même qui nous a poursuivi. C’est la société mère BARRICK qui a envoyé une lettre pour nous dire que cette situation soit traitée à l’amiable. Nous voulons qu’elle soit reconnue comme une victime dans tous ses droits, après avoir fait 9 ans dans la merde », a-t-elle dit avec un cœur déçu.
En répondant aux questions des journalistes, Mme Bintou Founè Samaké a précisé que c’est une partie du problème qui est devant la justice, particulièrement, l’émission qui a été diffusée sur Africable télévision et qui a été incriminée. Car pour la société minière ces propos sont diffamatoires et a porté plainte contre la victime, contre l’animatrice de l’émission et contre Africable. Le jeudi passé, ils étaient devant les juridictions pour pouvoir statuer sur l’audience de consignation pour qu’ils puissent aller en procès.
Par conséquent, ces organisations de la société civile qui défendent les droits de la femme et des victimes de violences basées sur le genre, attirent l’attention de l’opinion nationale et internationale que cette plainte est une manière d’intimider les victimes pour les réduire au silence mais aussi de museler la presse à ne plus amplifier la voix des victimes et étouffer les nombreuses forfaitures au sein de l’entreprise. Elles réaffirment leur droit à la liberté d’expression qui est un droit constitutionnel. « Nous nous opposons à toute institutionnalisation et systématisation du harcèlement sexuel au travail », a-t-elle déclaré. Ces organisations dénoncent ce système au sein duquel Madame Khadidiatou N’Diaye a été victime et dénoncent les multiples tentatives pour lui faire peur, afin de la réduire au silence et écraser la victime. Ensuite, elles lancent un appel à nos plus hautes autorités pour les accompagner à démanteler le mécanisme de harcèlement systématique au travail afin que les hommes et les femmes puissent travailler dans la tranquillité d’esprit et de corps au bénéfice du peuple malien. Aussi, elles rappellent une fois encore que l’or du Mali ne doit pas être exploité sur le corps des femmes du Mali. Enfin, elles déclarent que leurs organisations sont déterminées à accompagner la victime et d’autres potentielles victimes de ces pratiques attentatoires à la dignité de la femme.
Mme Sagara Bintou Maiga, présidente des victimes, a appelé les femmes et plus particulièrement les victimes à se donner la main, à briser le silence, à réclamer leur droit. Elle les appelle à sortir massivement le 2 février 2023 pour aller soutenir Madame Khadidiatou N’Diaye au tribunal de la commune 6 de Bamako.
Bintou COULIBALY
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