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Le ministre Nakouma Keita à propos des négociations : « Les problèmes sont mal posés et on les gère mal »

mardi 9 septembre 2014, par Assane Koné

Nakouma keita, Secrétaire politique du RPM et ancien ministre de l’Environnement, a accordé une interview à l’Indicateur du Renouveau. Il y dévoile la politique de l’Etat dans la gestion de la crise du Nord, notamment les négociations politiques en cours dans la capitale algérienne et dénonce le jeu de tous ceux qui veulent l’instrumentaliser de la situation à des fins politiques. Selon M. Keita, les problèmes sont mal posés et continuent d’être mal gérés.

Indicateur du Renouveau : Depuis le 1e septembre, la capitale algérienne est l’épicentre des discussions entre le Mali et les groupes armés quelle analyse faites-vous ?

Noukouma Keita : Je demande à tous les Maliens de faire des bénédictions pour que ces assises aboutissent à des résultats positifs. Le Mali est victime d’une incompréhension historique entre quelques communautés. Les problèmes sont mal posés et ils ont été mal gérés. L’opportunité est-là cette fois-ci parce que nous avons le soutien total de la sous-région et de la communauté internationale. C’est pourquoi nous n’avons pas droit à perdre une minute. Mais ce qui est déplorable est que nos frères Touaregs sont en train de se constituer en foisonnement d’associations. Cela signifie qu’ils n’ont plus d’argument. Les intérêts ne sont plus les mêmes. Les jeux personnels priment maintenant. Ils doivent comprendre la logique du Mali et de la communauté internationale. C’est difficile de se mettre dans la rébellion pendant 5 ans et de revenir en une semaine pour dire que j’ai eu tort. On doit leur faire cette concession, en profitant de cette situation de la plus belle manière.

Vous parlez de faiblesse du côté des groupes armés, au même moment, ils sont en train de bloquer les initiatives du gouvernement à Alger, est-ce la réalité des choses ?

C’est la même chose. S’ils avaient les mêmes intérêts, ils se seraient mis en bloc contre l’Etat. C’est-à-dire un groupe face à l’Etat. Mais puisqu’il y a mille groupes et demain il y aura encore. Alors en réalité, ils n’ont pas la même feuille de route.

Pourquoi l’Etat ne profite pas comme vous le dites de cette situation ?

C’est au gouvernement de répondre à cette question.

Et la précision politique ?

N.K : Je pense que le problème n’est pas du Nord. C’est un problème du Mali. Dans les groupes de négociations, il faut que toute la collectivité soit au centre des discussions. On aurait dû commencer par la mise en place d’une commission mixte composée de toutes les sensibilités du pays. Et que cette commission fasse le tour du pays. Quand nos frères Touaregs seront aujourd’hui à Keniéba, ils comprendront qu’ils ne sont pas laissés pour compte. Depuis l’indépendance du Mali, tout l’or du pays vient de cette zone. Mais à Keniéba, il n’y a pas d’eau ni d’électricité, encore moins des infrastructures. L’environnement n’est pas protégé, mais ils n’ont jamais usé de la violence pour réclamer leurs droits. Les groupes armés n’ont pas tort parce qu’ils ne connaissent pas la réalité. Il faut prendre les communautés du nord et du sud, cela peut couter cher, mais avec une mission conjointe de ses communautés, on se rendra compte d’une solution durable et définitive. Cela va aussi créer un climat de confiance entre les populations. C’est parce que chacun est resté dans son isolement qu’il y a toujours des incompréhensions. S’il y a une ouverture, ces gens n’allaient pas avoir le langage de la répartition, mais plutôt de la réconciliation. Ils se retrouveront dans un état d’esprit de paix.

Monsieur le ministre, vos points de vue ne se retrouvent pas dans le processus enclenché par le gouvernement ?

Non peut être l’Etat est lent parce qu’il s’agit d’un combat à long terme. Sinon on ne le retrouve pas dans les fora à dimension élargie, organisée par le gouvernement et ses partenaires. Je pense une fois de plus qu’on n’est en conflit avec les groupes, mais il y a des incompréhensions au plan historique. Ils ne sont pas informés. Mais dans cette situation il y a des gens qui profitent. L’Etat et les groupes armés sont pris en otage, souvent par des forces extérieures.

Propos recueillis Bréhima Sogoba

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