Le 28 décembre 2023, la Maison de la Presse du Mali a abrité la célébration de la journée 2023 de l’Association malienne des expulsés. Placée sous le thème « La migration comme opportunité de développement et de cohésion sociale au Mali », cette journée avait un programme très attractif : Une Présentation des acquis et les perspectives de l’AME ; une projection de film sur la migration ; un panel sur la migration ; et des prestations artistiques (Slam, Musique).

Ousmane Diarra, Président de l’AME, a rappelé que le Mali est un pays vaste du Sahel avec une population estimée à plus de 22 millions d’habitants vivants sur le territoire, et une diaspora estimée à plus de 6 millions de Maliens vivant à l’étranger. Selon lui, ces derniers contribuent de manière significative au développement socio-économique du pays et de leur région d’origine grâce à des transferts de fonds importants.

« Le pays a une forte tradition migratoire en raison d’une économie à faible revenu et peu diversifiée, ce qui entraîne une forte demande d’emploi et un faible taux d’absorption », a-t-il indiqué. Avant d’admettre que cela pourrait être la cause qui pousse de nombreux jeunes Maliens vers la migration, qui se présente comme moyen de survie et d’amélioration de leurs conditions de vie. « C’est ce qui fait de la migration un enjeu majeur en termes de développement au Mali », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que les mouvements migratoires ont toujours joué un rôle important dans la construction du pays, avec en particulier les jeunes qui cherchent de meilleures conditions de vie. « Les facteurs qui poussent ces jeunes à migrer sont souvent liés aux contraintes géographiques, écologiques, socio-économiques, politiques et culturelles dans certaines communautés », a-t-il estimé.

Cependant, Ousmane Diarra dira que « ces dernières années, la migration internationale fait face à de nombreuses difficultés liées à sa perception et à sa gestion par les États ». Il a rappelé qu’il y a eu de nombreux drames lors des tentatives de traversée du désert et de la Méditerranée. « De plus, dans les pays d’accueil ou de transit, la chasse aux immigrants clandestins ainsi que les reconduites aux frontières sont des obstacles légaux », a-t-il dénoncé.

Selon Ousmane Diarra, certains pays d’accueil voient également l’émergence de partis politiques et de mouvements d’extrême droite hostiles aux migrants, exprimant des sentiments xénophobes et racistes. « Ces politiques hostiles à la mobilité humaine ont même des conséquences jusqu’au niveau de l’espace de libre circulation de la CEDEAO, qui encourage pourtant l’intégration entre les populations de cette région », a-t-il indiqué. Et, face à une telle situation, il a estimé qu’il est donc important de se pencher sur les implications de l’intégration en Afrique de l’Ouest au sein de la CEDEAO.

Mais, en attendant des réponses globales à la gestion de cette problématique, des maliens ont décidé de prendre leur destinée en main. Ils ont créé en 1996, l ’Association Malienne des Expulsés (AME), en réponse à des expulsions massives de migrants maliens en provenance de pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Ils lui ont assigné la mission d’aider les migrants de retour (forcé ou volontaire) au Mali en leur offrant des services d’accueil, de soutien psychosocial, d’orientation, de sensibilisation et de défense de leurs droits.

« C’est dans le cadre de ses activités de sensibilisation, l’AME organise chaque année une journée porte-ouverte pour les migrants et leurs familles, afin de leur donner la parole et de faire entendre leur voix », a indiqué Ousmane Diarra. Selon lui, c’est également l’occasion pour les migrants de partager leurs expériences avec d’autres acteurs de la migration, qu’ils soient étatiques ou non, d’informer et de sensibiliser la population sur les enjeux de la migration. « Cette année a été placée sous le thème ‘’La migration comme opportunité de développement et de cohésion sociale au Mali’’ », a-t-il indiqué.

Des experts en provenance des structures comme la Délégation Générale des Maliens de l’Extérieur (DGME) ; du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur ( HCME) et du GRAM, ont été mis à contribution pour entretenir l’auditoire sur trois thèmes. Ce sont : ‘’Réintégration socio-économique des migrants de retour : défis et initiatives à prendre en compte, exemples de réussite et de bonnes pratiques’’ ; ‘’Lutte contre les stéréotypes et la discrimination envers les migrants de retour : sensibilisation et promotion de la diversité’’ et ‘’L’importance de la coopération internationale dans la gestion des flux migratoires’’.

Assane Koné