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Général Sada Samaké : Un ministre défaillant

jeudi 18 septembre 2014, par Assane Koné

L’état actuel de la sécurité à Bamako ainsi que les grandes villes du pays cache mal une réalité bien triste : celle d’un ministre incapable d’élaborer un plan de sécurité et de faire régner l’ordre et la discipline dans les rangs des forces de sécurités. Les attaques à main armée à longueur de journée pour les motos « Jakarta » et les dissensions syndicales en sont l’illustration. L’action du général Sada Samaké à la tête du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité doit impérativement interpeler le président de la République et son Premier ministre.

Lorsque les mouvements démocratiques ont réclamé sa démission à la tête du même département en 1994, pour son potentiel rôle joué dans l’offensive contre les manifestants qui dénonçaient le régime dictatorial de Moussa Traoré en 1991, certains ont dénoncé « un règlement de compte ». D’autres, plus partisans, en ont conclu qu’il a été tout simplement victime d’un système.

Bombardé puissant ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, puis ministre de l’Intérieur et de la Sécurité par le régime d’Ibrahim Boubacar Keita, qui n’a jusque-là que de mérite qu’à restaurer un système désavoué par le peuple malien.

A première vue, cet officier général de gendarmerie inspire le respect. Son allure laisse plutôt apparaitre la rigueur. Mais derrière les galons, le physique et le regard menaçant de l’homme, se cache un tigre en papier.

Quand on est patron d’un département comme celui de la sécurité et de l’intérieure, on doit être tranchant, là où le règne et la discipline sont indispensables pour donner le service de qualité au maximum de Maliens dans un minimum de temps.

C’est véritablement ce qui manque en ce moment dans le ministère de la Sécurité et de l’Intérieur. Les attaques à main armée à longueur de journée pour les motos « Jakarta » en sont l’illustration.

Les habitants des quartiers de Missabougou, Sirakoro-Méguétana, Kalaban-coro, Sébénikoro, Samé et Koulouba subissent les coups. La capitale est devenue depuis quelques années une ville où la vie d’une personne ne représente plus rien. Des gens sont tués à longueur de journée pour les motos « Jakarta ». Les voleurs ne demandent plus aux propriétaire de donner la moto, ils tirent à bout portant sur la cible pour des motos dont la valeur marchande ne dépasse pas les 100 000 F CFA. Malgré de nombreuses pertes en vies humaines, aucune mesure idoine n’est prise par le département en charge de la sécurité, pour endiguer le phénomène.

Les affrontements entre la gendarmerie et les orpailleurs de Kobada dans le cercle Kangaba ont occasionné des morts d’hommes. Jusque-là l’opinion n’a pas été édifiée sur les faits. Et plus récemment les bavures des agents de forces de l’ordre lors des affrontements avec les vendeurs à la sauvette du Dabanani. Pourtant avec le système de réseau mis en place par les agents, les déguerpis partaient faire des échanges commerciaux, moyennant 1000 F CFA par personne. Malgré les annonces, le ministre n’a pas mis en place une mesure.

Au Nord les enlèvements et attaques des bases militaires sont fréquents. Pas un jour ne se passe sans qu’un agent de la sécurité ne soit la cible des bandits armés. Aucun rapport d’étude n’a été publié pour faire l’état des lieux. Les communiqués du gouvernement se succèdent sans pourtant faire une étude prospective sur les vraies raisons. Les agents de la sécurité optent pour la tenue pour la mort ou la patrie, mais il est mentionné dans un livre de pédagogie que l’apprentissage scolaire n’a pas pour objet l’échec. Et cette philosophie doit inspirer le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur pour donner une service de qualité dans un minimum de coup.

Les dissensions syndicales, une triste réalité !

En avril 2013, les habitants des quartiers Badialan, Niomirambougou, Samé, Logement sociaux, Cité El Farako avaient attiré l’attention des autorités policières sur la situation du groupement mobile de sécurité qui constitue aujourd’hui une véritable problématique bien réelle : celle du manque de respect de la hiérarchie dans ce corps depuis les évènements de mars 2012. Depuis ces évènements, les syndicats continuent à se tirer déçu. Il y a de quoi à se demander sur la stratégie de sécurité que nous avons pour le bien-être des citoyens ?

Incapable de trouver une solution idoine face aux dissensions syndicales, le ministre de la Sécurité ne peut que constater des dégâts. Aujourd’hui, notre police ressemble à un corps de non-droit au vu et au su des autorités, qui ont favorisé l’injustice, la corruption et le clientélisme. En témoigne le bras de fer entre la direction nationale de la police et le syndicat national de la police. Selon les syndicalistes, les traitements de faveur sautent à l’œil.

L’une des missions assignées au général Sada Samaké à sa nomination à la tête du département, était sans nul doute de restaurer la confiance entre les populations et la police, à un moment où l’insécurité est à son comble à Bamako.

Même les différentes patrouilles organisées à travers Bamako n’ont pas contribué à réduire le sentiment d’insécurité, mais plutôt à donner l’occasion à certains types de policiers d’arnaquer les populations pour des contrôles de routines. Les commissariats qui devaient jouer la stratégie pour faire régner l’ordre, souffrent aujourd’hui de manque de véhicules. Un tour dans les commissariats suffit pour nous donner raison. L’inadmissible dans toute cette histoire est le manque de cartes d’identité dans les commissariats de police. A l’ère du renouveau et du changement, les véhicules de patrouilles ne sont pas suffisants dans les commissariats. Dans certaines brigades de recherches, des policiers paient pour mener les enquêtes. La police durcit exagérément le ton aux pauvres citoyens pendant les patrouilles. Et gare à ceux dont les cartes d’identité sont expirées. Le hic est que certains osent rejeter les cartes professionnelles. Certains de nos confrères en provenance de mission en ont fait les frais dans des postes de contrôle. A l’intérieur on demande aux usagers de payer 1000 F CFA comme pour dire que les 1000 F CFA équivalait à l’identification.

Voici donc l’image des forces de sécurité du Mali dont le redressement a été confiée au général Sada Samaké.

Le mauvais profil du général

Les plus avertis savaient pertinemment que ce grain de cheveux dans l’équipe de changement dans la continuité d’IBK ne pouvait réussir, car le profil du puissant ministre de l’Intérieur n’est pas appréciable. Au-delà de certaines contestations politiques, l’homme résiste difficilement à l’analyse critique des critères qui ont motivé l’élection du président de la République, avec son score historique. Il s’agit, notamment de la moralité et de l’intégrité absolue à toute épreuve.

Parmi les gaffes de l’homme, on retient son passage au même département de l’Intérieur sous IBK à la Primature de 1994 à 2000. Le général a toujours étalé son ignorance face à la gestion des missions dudit département. On se rappelle des résultats des élections bâclés de 1997 et les Maliens ont dû élire le président Alpha Oumar Konaré en 1997 sans fiché électorale. Cette mise au point doit inspirer les autorités, de même que sa gestion diplomatique du District de Côte d’Ivoire. La situation du général Sada Samaké à la tête du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité doit impérativement interpeler le président de la République et son Premier ministre.

Bréhima Sogoba

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