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Criminalisation de la pratique de l’esclavage par ascendance : La société civile attend sa loi

jeudi 25 octobre 2018, par Assane Koné

La société civile malienne, notamment la Coalition nationale de lutte contre l’esclavage par ascendance est désormais impatiente. Elle ne veut plus attendre pendant longtemps sans voir l’Etat prendre une loi criminalisant la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali.

Dans le cadre de son projet plaidoyer pour l’émancipation et le renforcement des capacités des leaders du secteur informel, Temedt a organisé le 25 octobre 2018, un atelier de plaidoyer pour l’adoption de la loi portant répression de l’esclavage et des pratiques assimilées au Mali.

« Aujourd’hui, la Coalition ne peut plus attendre. Elle sollicite vivement le soutien de tous en vue d’une convergence d’actions pour permettre l’adoption de la loi tant attendue criminalisant l’esclavage par ascendance en République du Mali », a déclaré Mme keita Fatoumata Sissoko, Présidente de la Coalition nationale de lutte contre l’esclavage par ascendance au Mali.

Selon elle, c’est en 2012, précisément le 24 octobre 2012, que la Coalition a été mise en place lors d’un atelier au Palais de la Culture de Bamako. « Composée des organisations de la société civile de protection et de défense des droits de l’Homme et des confessions religieuses, son but principal est de faire adopter une loi criminalisant la pratique de l’esclavage au Mali », a-t-elle indiqué. Avant de dire qu’ils ne sont seuls dans ce combat, parce qu’ils sont en partenariat avec d’autres associations au Sénégal, en Mauritanie et au Niger, qui mènent le même combat.

La présidente a ensuite rappelé que la Coalition dans son engagement de faire voter une loi criminalisant l’esclavage au Mali, en partenariat avec ABA ROLI, a mené des actions pour faire le plaidoyer auprès des structures tel que le Ministère de la justice, la Commission lois de l’Assemblée nationale, les Associations de défense des droits de l’Homme et certaines ambassades, notamment des USA et de l’Allemagne. Selon elle, la plupart des députés ont été sensibles au plaidoyer et ont promis d’impliquer leurs collègues.

« Un projet de loi a été préparé par la Coalition et les techniciens du Ministère de la justice. Mais, malheureusement, il n’y a pas eu de suite favorable en Conseil des Ministres pour des raisons politiques », a-t-elle révélé.

Mais, aujourd’hui, la présidente de la Coalition pense que les raisons qui avaient valu en son temps pour que le projet de loi déposé sur le bureau du Conseil des Ministres ne soit pax examiné, ne sont plus de rigueur. « Aujourd’hui, nous voulons que le Gouvernement du Mali s’assume pour adopter cette loi, d’autant plus que le problème de résurgence de cette pratique médiévale se pose avec beaucoup d’acuité dans plusieurs régions du pays, notamment dans le pays sarakolé », a-t-elle déclaré. La Présidente de la Coalition pense que le gouvernement du Mali ne peut plus continuer à se voiler les yeux. Mais, qu’à cela ne tienne, elle a déclaré : « Notre lutte est noble et nous allons la conduire jusqu’à ce que le Mali veuille adopter un texte criminalisant la pratique ».

Pour sa part, Ibrahim Ag IDBALTANAT, Président de Temedt, qui veut dire placenta en Tamasheq, a rappelé que son association a été créée en 2006 pour protéger et promouvoir les droits humains en particulier par l’éradication de l’esclavage et les pratiques assimilées au Mali. Il a aussi annoncé que temedt se bat pour promouvoir la paix, la stabilité et la cohésion sociale pour tous. « Pour l’émancipation des victimes de l’esclavage et groupe marginalisés, l’Association a aujourd’hui une fondation qui fonctionne uniquement sur contribution des membres », a-t-il déclaré. Avant d’annoncer que l’atelier doit aider à analyser, évaluer les activités menées par la coalition le trimestre précédent. Mais, il pense que c’est une bonne occasion pour définir les objectifs qu’il faut espérer atteindre les prochains trois mois.

En sa qualité de représentant du ministre de la justice, Boubacar Touré a estimé que l’esclavage est de l’abomination. Et, selon lui, toute personne éprise de justices et des droits de l’homme, doit se mettre débout pour que la pratique cesse. Il a rappelé que conformément à son engagement dans la lutte contre ce fléau, le ministère de la justice a crée un Comité technique pour la relecture du projet de loi de la société civile sur l’esclavage. « Le projet a pratiquement fait tout le circuit et est même arrivé sur le bureau du Conseil des ministres », a-t-il déclaré. Avant d’inviter les acteurs de la société civile à ne pas désespérer car, la lutte contre le phénomène est une préoccupation des plus hautes autorités de ce pays.

Cette cérémonie qui a enregistré la participation de Bruno Sonko de la Fondation Rosa Luxemburg et de Sayfoulaye Sidibé de ABA ROLI, a également enregistré des témoignages pathétiques et très écœurants de ce que vivent des citoyens maliens aujourd’hui dans les cercles de la région de Kayes, au nom de la résurgence de la pratique de l’esclavage par ascendance.

Assane Koné


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