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Cohésion sociale et unité nationale : Des solutions endogènes à l’assaut de l’extrémisme violent

dimanche 10 avril 2022, par Assane Koné

L’utilisation de la violence comme moyens de revendications politiques, sociales ou religieuses, communément désignée sous le vocable d’extrémisme violent a des conséquences graves sur les états pauvres et fragiles. Les violences qu’il engendre font des milliers des morts chaque année. En plus de créer et d’entretenir un sentiment général d’insécurité qui pousse des milliers de personnes à se déplacer, l’extrémisme violent a des conséquences importantes sur le plan économique pour les états l’Afrique au sud du Sahara. D’après un rapport du PNUD de 2020 et de l’Institut pour l’économie et la paix, il coûte aux pays africains 97 milliards de dollars chaque année. Il est à la base de la destruction d’infrastructures, la désorganisation des activités économiques, l’accroissement des dépenses militaires au détriment de l’investissement productif. Pour faire face à ce véritable drame humain, l’ONG Femmes et Développement et son partenaire l’Institut américain pour la paix, pensent qu’il faut faire la promotion des solutions endogènes par une forte implication des communautés à la base.

En septembre 2021, dans le cadre du projet « prévention contre l’extrémisme violent au Mali », l’ONG Femmes et développement, dans un partenariat stratégique renforcé avec l’Institut américain pour la paix, a réussi l’organisation d’un premier Dialogue national sur l’extrémisme violent. Ce premier Dialogue a permis l’élaboration de supports de plaidoyer, un plan d’action, et a recommandé la mise en place d’un réseau de femmes leaders engagées dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, avec le slogan « la voix des femmes porte plus que le bruit des armes ».

Au regard de ce résultat élogieux, l’ONG Femmes et Développement avec son partenaire l’Institut Américain pour la paix (United states Institute of peace), a décidé de rééditer cet exploit. Du 28 mars au 1er avril 2022, ils ont organisé le 2e dialogue national avec l’objectif d’améliorer la compréhension et l’expertise de la dynamique de l’extrémisme violent au niveau local et national.

Pendant 4 jours, l’ONG FEDE a mobilisé70 personnes au Centre de formation professionnelle des Collectivités. Au titre des participants, il y avait des autorités administratives représentants de l’Etat, des organisations de la société civile féminines et internationales, des intervenants dans le secteur de l’extrémisme violent et du radicalisme, des femmes leaders de San et Konna, et des représentants du corps diplomatique des Etats-Unis et du Royaume Uni.

Plusieurs thèmes ont été abordés. Ce sont : Genre et extrémisme violent : l’évolution du contexte de l’extrémisme violent avec la nouvelle donne sécuritaire ; l’engagement des ONG nationales et internationale dans la lutte contre l’extrémisme violent avec la participation des 20 femmes leaders et les représentants des ONGS, les défis et les avancées ; Le cadre institutionnel : Défis et avancées ; le plaidoyer auprès du Ministère de la paix, de la réconciliation et de la cohésion nationale.

Yoro Ouologuem, Maire de Kati, a exprimé toute sa voir sa Commune consacrée Cité consensuelle des droits humains, abrité les travaux de ce deuxième dialogue national. Après avoir indiqué que cet atelier rentre dans le cadre de la prévention de l’extrémisme violent au Mali, il a salué et félicité les initiateurs.

Pour sa part, Mme Korotoumou Théra, Directrice exécutive de l’ONG Femmes et Développement, a rappelé que depuis 2012, le Mali est devenu le lieu de confluence de groupes extrémistes et violents qui sèment la terreur. Selon elle, des milliers de civils et de militaires ont perdu la vie ou ont été blessés dans les violences liées à l’extrémisme, tandis que d’autres ont été contraintes de se déplacer à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Elle a ajouté que la communautarisation croissante du conflit, surtout au centre du Mali, fait peser un grand risque sur l’unité et la cohésion nationale. « Tous les indicateurs démontrent que le phénomène a pris des proportions gigantesques dans cette partie du pays », a-t-elle déclaré.

Mais, qu’à cela ne tienne, Mme Korotoumou Théra pense que les énormes pertes qu’il engendre sur les plans humain et économique font qu’il est urgent de trouver une solution durable à ce problème. Et, elle a ajouté que la prise de conscience de la réalité de ce fléau s’est traduite, aux niveaux international et national, par des mesures de lutte contre le phénomène axé principalement sur la sécurité. Selon Mme Korotoumou Théra, si de telles mesures permettent incontestablement de gérer la violence et ses effets dans l’immédiat, elles se sont avérées insuffisantes sur la durée, quand elles n’ont pas simplement alimenté le phénomène, lorsque les frustrations à l’origine des violences ne sont pas apaisées. « C’est pourquoi des mesures de prévention qui aident à remédier aux causes sous-jacentes de la violence extrémiste sont indispensables ; elles sont complémentaires des premières et témoignent de la nécessité d’agir en amont pour empêcher l’extrémisme violent de se propager davantage », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter qu’elles doivent permettre aux Etats du Sahel en particulier d’apporter, dans les zones considérées, des solutions concrètes aux problèmes rencontrés, en étant attentifs aux besoins et aux droits des populations concernées et à leurs revendications légitimes ; afin qu’elles ne cherchent pas à s’exprimer par la violence.

La Directrice exécutive de l’ONG FEDE dira que dans le cadre du programme « Les femmes contre l’extrémisme violent », initié par l’Institut Américain pour la paix, son ONG a été mise à contribution pour : mettre en place un réseau de femmes leaders dotées des capacités nécessaires pour jouer un rôle stratégique dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent ; améliorer la compréhension et l’expertise de la dynamique de l’extrémisme violent aux niveaux local, national et régional ; accroître la collaboration entre les femmes et les acteurs communautaires concernés aux niveaux local, national et régional afin d’améliorer les conditions de résilience des communautés face à la menace de l’extrémisme ; et enfin, sensibiliser les responsables politiques locaux et nationaux sur les questions de genre et de l’extrémisme violent.

Pour sa part, Dr Joseph Sany, Vice-président pour l’Afrique de l’Institut Américain pour la paix, a rappelé l’effort que les organisations communautaires font limiter les impacts de l’extrémisme violent de plus en plus croissant dans le monde. Malgré cet engagement communautaire, il dira qu’il de nombreuses difficultés à surmonter. Par exemple, il a suggéré le renforcement des capacités des intervenants pour influencer les politiques et décisions au niveau local et national.

« Je constate que le Gouvernement de la Transition au Mali est en train de faire des efforts pour la sécurisation du pays », a déclaré Dennis B. Hankins, Ambassadeur des Etats Unis d’Amérique au Mali. Cependant, il a tenu à préciser que la plupart des extrémistes ne sont pas des terroristes dans l’âme. Selon lui, il y a des contingences qui les ont poussés à glisser le terrain du terrorisme. Mais, il a aussi indiqué qu’il y a un pourcentage non négligeable des extrémistes qui sont des terroristes à 100%. Pour ces derniers, il dira que la solution est sans nul doute militaire. Et, pour tous les autres, il va falloir avoir une autre approche pour les tirer de là. Il a salué l’ONG FEDE pour ces activités qui vont dans ce sens, car pour lui, il est difficile de parler de développement sans paix et sécurité. « Avec ce deuxième Dialogue national, je suis convaincu que les capacités des femmes maliennes seront renforcées pour qu’elles jouent pleinement leur rôle dans la lutte contre l’extrémisme violent », a-t-il conclu.

Assane Koné


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