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Accords de paix d’Alger : Les enjeux d’un engagement politique !

lundi 18 mai 2015, par Assane Koné

Prenant la communauté internationale en témoin de ses engagements pour la paix, le gouvernement et des groupes armés du nord ont signé vendredi 15 mai 2015 à Bamako, un accord pour tenter d’amener la paix dans le septentrion de notre pays, toujours instable malgré une intervention militaire lancée en 2013 contre les mouvements obscurantistes. Un geste symbolique pour tenter d’effacer le souvenir des accords passés, parrainés par l’Algérie, que pourfendait quand il était encore candidat le président, Ibrahim Boubacar Keita, au nom de la souveraineté nationale.

Pour un accord de paix et de réconciliation, l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Algérie, singé le vendredi 15 mai 2015 à Bamako par le gouvernement et certains groupes armés du nord du Mali a des ambitions d’une grande modestie. C’est peut-être là sa seule force, ou son coup de génie selon certains observateurs de la scène politique. Un sujet qui est largement commenté par le pouvoir, l’opposition et la société civile.

Si les parties conviennent de la nécessité d’une paix dans la partie septentrionale du pays, par contre certains se démarquent du processus élaboré par le gouvernement pour rétablir l’ordre social dans les trois régions, qui ont trop souffert.

Pour le secrétaire général adjoint des Forces alternatives pour l’émergence et le renouveau (Fare), Bréhima Sidibé, l’accord pour la paix et la réconciliation singé le 15 mai à Bamako par le gouvernement, certains groupes armés et la médiation internationale conclu à Alger, a été manifesté à l’absence cependant des principaux groupes. Il s’agit notamment de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui regroupe six mouvements en faveur de l’autonomie du nord du Mali, qu’ils appellent Azawad. Ce qui sera une tâche dans sa mise œuvre. « Cette position laisse un peu d’espoir pour la paix dans le nord. Le Malien reste pessimiste si la myriade de groupes n’a pas apposé son quitus », regrette-t-il.

Selon lui, parmi les signataires en suspens, on trouve en effet le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui reste un acteur central pour toute forme de solution, et d’autres formations de la mouvance rebelle issues de scissions de groupes sur des bases ethniques, comme le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), dont une partie est désormais du côté loyaliste, ou encore le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui héberge des anciens de la formation de Iyad Ag Ghali, désormais passé du côté d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

« Les Maliens ont raison de douter. Puisque, la CMA n’est pas à sa première tentative de faire un coup de frein au processus. Le 1er mars lorsque le gouvernement a paraphé, la CMA avait demandé depuis la veille un délai raisonnable avant de parapher pour consulter sa base. Cette extrême politesse est due en partie à la menace de sanctions envers tout protagoniste qui se mettrait en travers d’un règlement pacifique de la crise. Plus clairs, ils organisent des manifestations contre l’accord à Kidal », ajoute-t-il, avant de rappeler que le gouvernement doit se mettre dans une position de force militairement.

La position ni refus, ni acceptation va compromettre le chemin de la paix et les Maliens vont attendre dans la réalité des faits pour voir les résultats de cet accord. Et s’il y a de grandes chances que toutes les parties finissent par apposer la signature de leurs représentants sur ce texte, ces cahots n’augurent rien de bon, dans un premier temps.

« C’est vraiment humiliant, ce que le gouvernement fait. On devrait plutôt nous organiser à nous battre pour l’intégrité territoriale. Bamako était en fête au moment où les Maliens étaient sur le feu à Ménaka. Cet accord n’est pas applicable. Le gouvernement n’a jamais tenté d’expliquer l’accord aux Maliens. Pendant le bon moment, il s’est contenté d’informer les Maliens et sensibiliser. Nous rejetons catégoriquement ce plan ourdi contre les idéaux des pères de l’indépendance du Mali », a déclaré le porte-parole du mouvement Mali tè tila, Ibrahima Kébé.

Le président du parti Mouvement des patriotes pour la justice sociale (MPJS), Mamadou Maiga soutient l’accord formellement « signé » au Mali est un geste symbolique pour tenter d’effacer le souvenir des accords passés au nom de la souveraineté nationale. « En paraphant le jeudi à Alger et en refusant le vendredi de venir à Bamako, les rebelles ont commis une grave erreur, pour ne pas dire une faute lourde. La stratégie de ni refus, ni acceptation et le compromis obtenu sous l’égide de la communauté internationale est totalement illisible. Bien que spécialistes à ce type d’exercice, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad savent bien qu’on ne vient pas à une table pour obtenir la satisfaction de toutes les revendications.

« Il faut donc faire avaler à l’Azawad que l’Azawad n’aura pas d’existence légale après avoir clamé le contraire : c’est la difficulté des plans de paix. Selon le texte, de plus, le Mali reste uni et laïc. Cet accord a la valeur d’une boussole crédible et efficace vers la paix. L’existence de l’Azawad comme une réalité humaine est symbolique et n’engage pas à grand-chose, comme la formule de la boussole », dit-il.

A en croire Mamadou Maiga, plus rien ne
s’oppose au Mali de faire face aux chantiers de développement.

Bréhima Sogoba

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