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ACCORD POUR LA PAIX ET LA RECONCILIATION : Faire plaisir à la Communauté Internationale à tous les prix
lundi 22 février 2021, par
« Appliquer à tous les prix, l’accord pour la paix et la réconciliation, pour faire plaisir à la communauté internationale, même si un bon nombre des maliens ne souhaitent pas voir la mise en œuvre du document en l’état », semble être le choix fait par les autorités de la Transition malienne.
Devant Dieu et les Hommes, le Dialogue National Inclusif (DNI), par rapport à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, a fait une recommandation forte. Les participants à cette Assemblée, venus un peu partout du Mali, étaient parvenus à la conclusion que « l’Accord n’a pas fait l’objet d’une véritable appropriation nationale ». Par conséquent, ils ont recommandé au Président de la République de faire « procéder à la relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, selon le mécanisme prévu par l’article 65 de l’accord lui-même ».
L’Accord dans son article 65 prévoit que : « les dispositions du présent Accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires et après avis du Comité de suivi (CSA) ».
Signé le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako, après des négociations menées à Alger, tout le monde est aujourd’hui unanime à reconnaître que plus de 5 ans après, l’accord n’est pas appliqué comme il le fallait.
Malheureusement. Sans chercher à comprendre pourquoi l’application de l’accord est si difficile, la Communauté Internationale s’accroche à son application. Or, il lui aurait suffit simplement de se poser un certain nombre de questions pour aider le Mali à évoluer sur le chemin de la paix.
Quelle est l’incidence du fait qu’un même document ait été signé le 15 mai et le 20 juin 2015, sur sa mise en œuvre ? L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, est-t-il vraiment l’émanation des belligérants maliens ? Ou bien, c’est un document élaboré dans des officines à l’internationale, sans tenir compte des réalités du terrain ? Pourquoi, des belligérants qui décident de mettre fin à leur conflit par la signature d’un Accord, n’arrivent pas à l’appliquer depuis bientôt plus de 5 ans après sa date de signature ?
Des réponses claires à ces questions aideraient la communauté internationale à aider efficacement le Mali dans sa sortie de crise. Mais, si la communauté internationale se refuse de se poser les bonnes questions, l’on pourrait penser qu’elle vise un tout autre intérêt que celui d’aider le Mali et les maliens, à retrouver le chemin de la paix et du développement.
Si non, comment comprendre l’absence d’un effort à explorer la possibilité offerte par l’article 65 de l’Accord pour avancer sur des questions essentielles. Du moment que tout l’Accord n’est pas mis en cause, pour l’intérêt du Mali et du peuple malien dans sa globalité, l’on doit se donner les moyens de trouver des stratégies pour arrondir les angles, en explorant l’article 65.
Mais, en absence de la volonté de la communauté internationale, les autorités de la transition qui s’étaient engagées à mettre en œuvre les recommandations de la DNI, ont aujourd’hui tendance à vouloir faire appliquer l’Accord en l’état. Sûrement, dans le but de bénéficier des bonnes grâces de la communauté internationale.
Et, pour s’opposer à cette application, sans prendre en compte le souhait des maliens, à travers la DNI, des associations et leaders d’opinion maliens veulent se donner les moyens pour se faire entendre.
Au rythme où vont les choses, les autorités de la transition vont devoir choisir entre le peuple malien et la communauté internationale. Appliquer en l’état l’Accord pour satisfaire aux doléances de la Communauté internationale et bénéficier de son accompagnement et soutien ou refuser pour donner la chance à la révision souhaitée par la DNI, la voix des maliens.
Assane Koné
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