Culture > Musique : « Né So » de Rokia Traoré dans les bacs en début 2016

Musique : « Né So » de Rokia Traoré dans les bacs en début 2016

mardi 1er décembre 2015, par Assane Koné

« Un but doit avoir sa raison, A la base de toute réussite il y a une raison, A la base de tout échec il y a un but sans raison ». Tels sont les mots, fiévreusement chantés en bambara, qui ouvrent Kenia, l’un des titres de « Né So », le sixième album de Rokia Traoré, qui sera en début 2016 dans les bacs.

Après Beautiful Africa, son cinquième album, Rokia Traoré s’apprête à sortir début 2016 un sixième album intitulé « Né So ». Ecrit et composé en solitaire, puis répété à Bamako, enregistré à Bruxelles et Bristol avec des musiciens auditionnés dans tout l’Ouest africain, « Je n’ai pas voulu d’un groupe uniquement constitué de Maliens, car j’ai besoin de différences et de brassages culturels autour de moi ».

L’album représente pour son auteure autant un retour aux bases qu’un nouveau pas en avant. « On peut dire que le Mali, d’une certaine façon, est ma base, en effet : c’est là que je me réfugie quand beaucoup de questions se posent, c’est là que j’assume de prendre des risques quand il le faut…

A Bamako, « j’ai senti que j’aurais la possibilité d’être à la fois libre et entourée. Né So , dans un sens, me rappelle mon premier album, car, pour pouvoir continuer, j’ai dû littéralement tout reprendre à zéro, réorganiser mon fonctionnement sans même me demander si ce que j’entreprenais allait marcher ou pas. Ce retour aux sources motivé par les circonstances m’a renvoyée à l’époque où, arrêtant mes études en Belgique, j’étais retournée au Mali pour faire de la musique. Mais cette fois, j’ai eu pour moi l’avantage de l’expérience ».

Avec un ensemble composé du batteur burkinabé Moïse Ouatara, du bassiste ivoirien Matthieu N’guessan, du joueur de ngoni malien Mamah Diabaté, un complice de la première heure ou encore de choristes formés dans sa Fondation Passerelle de Bamako, Rokia Traoré ancre « Né So » dans le terreau musical de cette « beautiful Africa » dont elle chantait les louanges dans son précédent album.

Respectivement à la direction artistique et à la guitare, l’Anglais John Parish (qui manie également ici et là batterie) et l’Italien Stefano Pilia apportent leurs oreilles expertes et attentives, qui avaient déjà magnifié les plages de Beautiful Africa.

Le monde, selon Rokia Traoré, est à l’image des pièces qui composent « Né So », et notamment de sa chanson-titre qui, telle une saisissante eau forte, décrit en quelques strophes la détresse des peuples déracinés de force…

Rokia Traoré fait vibrer plus que jamais le désir impérieux, ce mouvement vital qui, comme sur une ligne de crête, la conduit à partir de son expérience individuelle pour mieux embrasser l’expérience collective. Dans ce récit toujours empoignant de la folie haineuse des hommes, mis en écho aux crispations et durcissements de notre époque, la voix de Rokia Traoré, entremêlant recueillement et ferveur, exprime l’humble subjectivité d’une artiste qui, depuis sa position de témoin, se replace dans le contexte de l’humanité, de cette humanité qui l’enrobe et la dépasse tout à la fois. « Je crois que c’est dans ce mouvement-là, du cas particulier au cas général, que je tiens – et qu’on tient tous le coup. C’est peut-être ça, la maturité : aimer une vie où l’on n’est pas toujours au centre de sa propre vie… »

Dans ces mots résident sans nul doute la raison et le but de Né So : Rokia Traoré s’y invente un « chez soi » qui invite à regarder le monde et la condition humaine tels qu’ils vont, dans toute la gamme de leurs complexités, de leurs difficultés et de leurs beautés.

A S

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.