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Sécurité alimentaire au Mali : La situation s’annonce très difficile pour les populations
lundi 12 février 2018, par
« Le système d’alerte précoce (SAP) a recommandé entre autres de fournir une assistance alimentaire à 794 743 de personnes d’ici la période de soudure ». La déclaration a été faite par Oumar Ibrahim Touré, ministre commissaire à la sécurité alimentaire, le vendredi 9 février 2018, lors de la 13e session ordinaire du comité de coordination et de suivi des politiques et programmes de sécurité alimentaire (CCSPSA). C’était à l’hôtel Massaley de Bamako en présence de Mme la représente du programme alimentaire mondiale, du représentant de la FAO, coordinateur du sous-groupe sécurité alimentaire et nutritionnelle des partenaires techniques et financiers (PTF).
Oumar Ibrahim Touré, ministre, commissaire à la sécurité alimentaire, a indiqué que la campagne agricole 2017-2018 a été marquée par : une dégradation de la situation sécuritaire au centre et au nord du pays ayant affecté, les circuits d’approvisionnement et provoqué des déplacements inhabituels de ménages des zones d’insécurité vers des zones plus sécurisées ; une saison des pluies qui a connu une installation normale à précoce avec des pluies faibles à moyennes, irrégulières dans le temps et dans l’espace ayant causé des poches de déficit hydrique ; un cumul pluviométrique inférieur à celui de l’année dernière et jugé insuffisant pour les besoins des cultures dans l’ensemble du pays ; un niveau faible de la crue qui n’a pas permis l’irrigation et l’inondation des plaines de riz de submersion, de riz irrigué et des zones de frayères impactant négativement sur les perspectives de production halieutique. Il aussi estimé que les conditions générales d’élevage sont bonnes à mauvaises des différents endroits.
Selon le ministre c’est suite à l’évaluation de ces éléments que le système d’alerte précoce (SAP) a recommandé entre autres de fournir une assistance à 794 743 de personnes d’ici la période de soudure. Déjà, face à la situation qui s’annonce très difficile pour les populations, selon lui le commissariat à la sécurité alimentaire a entrepris une série de mesures qui sont : la production d’une note pour une communication en conseil de ministre, une requête au gouvernement à travers le ministre de l’économie et des finances pour le financement des opérations de reconstitution des stocks nationaux à hauteur de 25 000 tonnes de céréales, le financement de l’enquête ENSAN, le rachat de 13 121 tonnes de riz précédemment achetées sur emprunt, l’achat d’aliment bétail pour environ 4 milliard 900 et la prise en charge des frais d’approche, de formation, de communication, de prestation des ONG et de suivi évaluation.
En cela, le ministre a réitéré son appel à l’endroit du gouvernement, des PTF et des ONG, afin que chacun se mobilise pour apporter les ressources nécessaires en vue de mettre en œuvre avec diligence les recommandations formulées par des experts du système d’alerte précoce au profit des populations vulnérables et du cheptel.
Au cours de cette session les points qui ont été examinés sont entre autres : la situation alimentaire provisoire du pays à l’issue de la campagne agricole 2017-2018, l’état d’exécution des recommandations de la 12e session du comité, le bilan et le plan d’opération 2017 et la présentation du plan d’opération et du budget 2018. Pour cela le ministre commissaire à la sécurité alimentaire a invité les acteurs à examiner avec toute l’attention requise les documents, en vue de faire les recommandations idoines permettant de répondre aux propositions d’atténuations formulées.
Modibo Touré, représentant de la FAO, a souligné que cette session se tient dans un contexte marqué par l’avancée des acquis dans la mise en œuvre du protocole d’entente pour la réforme du dispositif national de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il s’agit, notamment de l’effectivité de la mise en œuvre du secrétariat technique et financier de la commission mixte de coordination et de son comité technique, l’adoption des différents textes de création, d’organisation et de fonctionnement des structures du DNSA réformé et du plan de contingence et des mutuels de procédures, la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle et de son plan d’action, l’avancement du processus de l’examen stratégique de l’ODD N02 (faim zéro). Il a ajouté les recommandations pertinentes issues de l’évaluation PNR (plan national de réponse) aux difficultés alimentaires pour son amélioration.
Dans ce cadre, il a salué l’engagement du ministre en charge de sécurité alimentaire et remercié tous les partenaires techniques et financiers en particulier l’Union européenne, pour leurs appuis conséquents. Cependant, selon lui malgré ces nouvelles rassurantes, les résultats de la campagne agricole2017-2018 suscitent des préoccupations au regard des difficultés pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations et du cheptel qu’il convient de considérer.
Par sa voix, les membres du sous-groupe a invité le gouvernement à accélérer l’adoption de la Pol SAN et à contribuer à hauteur de souhait au financement du PNR. Aussi, ils encouragent le gouvernement à privilégier une approche de planification pluriannuelle des ressources et des activités privilégiant l’approche de gestion axée sur les résultats (GAR). Modibo Touré a jouté que les PTF confirment leur disponibilité à apporter leur appui au CSA pour l’amélioration des documents du PNR. « La situation alimentaire difficile et la crise pastorale nécessite une mutualisation accrue des efforts des parties prenantes et une meilleure coordination de tous les acteurs », a-t-il conclu.
Bintou COULIBALY
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