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Santé : Vers la création d’un syndicat de médecins du Mali
samedi 30 novembre 2013, par
Dr Chaka Kéïta, membre du cadre de réflexion à l’origine du nouveau syndicat de medecins du Mali, a indiqu’il tentera de trouver des solutions au Chômage et aux conditions de vie et de travail difficiles des médecins maliens. Selon lui, une rencontre aura lieu le dimanche 1er décembre 2013 à la Maison des aînés à Bamako. Lisez l’interview son interview.
Notrenationcom : Qu’est ce qui motive la création d’un syndicat qui va regrouper que des médecins du Mali ?
Dr Chaka Kéïta : L’idée est l’aboutissement d’un long processus parce que la dynamique est enclenchée depuis huit (8) mois. Nous avons créé un cadre de réflexion qui est en train de travailler à comprendre les difficultés auxquelles la corporation est confrontée dans notre pays. Je ne vous apprends rien, pour devenir médecin, il faut apprendre pendant plusieurs années. Mais, malgré tous les efforts entrepris pour exercer cette profession, il faut le dire, le médecin malien au Mali a du mal à vivre décemment. Ce qui est dommage. C’est pour cette raison qu’au nombre des propositions du cadre de réflexion figure en bonne partie la mise en place d’un syndicat. Mais, également c’est pour vous dire que nous n’ignorons pas l’existant, mais c’est la spécificité de la profession de médecin qui nous l’exige.
Est-ce à dire que l’existant ne répond plus à vos besoins ?
Non, ce n’est pas cela. L’existant, c’est le syndicat national de la santé, de l’action sociale, de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. C’est également le syndicat des cadres médicaux. Bref, il existe des syndicats dans le domaine de la santé qui sont hétéroclites. En d’autres termes, ce sont des syndicats qui regroupent tout le monde, à commencer par les travailleurs d’appui aux structures sanitaires, aux médecins, professeurs, etc. Nous nous sommes dit que compte tenu de la composition de ces structures syndicales, par exemple le syndicat national de la santé, de l’action sociale, de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, les spécificités du médecin ne peuvent pas être prises en compte. Pour preuve : dans le bureau de ce syndicat il y a moins de trois (3) médecins sur quarante cinq (45) membres. Cependant, je voudrais ajouter une précision de taille : nous ne créons pas notre syndicat avec l’idée d’aller en dissidence contre qui que ce soit. Nous créons notre syndicat pour œuvrer à ce que les médecins du Mali vivent mieux. C’est pourquoi nous pensons que c’est important d’aller à cette façon de faire comme c’est le cas dans beaucoup de pays de la sous région où les médecins ont une structure qui puisse défendre les spécificités ayant trait à leur profession.
Quels seront vos rapports avec l’ordre des médecins ?
Ce seront des rapports cordiaux. L’ordre n’est pas un syndicat. Il s’occupe de la bonne marche : l’éthique et la déontologie de la profession. Je pense de mon point de vue qu’il n’y aura pas d’antagonisme entre le syndicat que nous allons mettre en place et l’ordre des médecins.
Est-ce une façon de faire cavalier seul pour résoudre vos problèmes ?
Non pas du tout. Nous ne pouvons ignorer les autres dans la mesure où si un médecin prescrit il faut bien un infirmier administre les soins. Mieux, il faut aussi que le manœuvre nettoie les salles, les bureaux pour améliorer le cadre de travail. En d’autres termes, c’est une chaîne. Mais, la particularité de la profession du médecin fait qu’il a droit à une condition particulière de vie et de travail : huit (8) ans d’études après le baccalauréat pour devenir médecin généraliste, quatre (4) ans de plus pour se spécialiser. Autrement dit, le temps que le médecin consacre à sa formation n’a malheureusement aucun impact sur sa vie de tous les jours. Nous voulons un changement. C’est pourquoi, il urge de mettre en place une structure qui puisse porter la voix des médecins du Mali. Elle va concerner tous les médecins du public aussi bien que du privé et même ceux qui ne travaillent pas. Parce que ce qu’on ne dit pas c’est qu’il y a plus de 1500 médecins qui ne travaillent pas et c’est dommage. Par exemple au dernier concours de la fonction publique, il y avait plus de 2 000 candidatures pour moins de 100 postes pour généralistes et spécialistes confondus. Ce n’est pas par faute de besoin au Mali.
Vous voulez dire que les médecins chôment au Mali ?
Cela sort de l’ordinaire, mais je vous informe que les médecins chôment dans notre pays. C’est affreux de voir ces jeunes diplômés médecins à la quête d’emploi.
Un médecin n’est pas fait pour chômer. Si l’Etat ne l’emploie pas, pourquoi il ne s’installe pas à son propre compte ?
Justement, c’est facile de développer la théorie mais la pratique est une autre équation dont la résolution n’est pas aisée. Demandez aux médecins qui ont tenté l’expérience, ils vous expliqueront ce qu’ils ont vécu comme calvaire. C’est la raison pour la quelle nous pensons que c’est important de créer un syndicat qui puisse avoir la réponse à ces préoccupations.
Les participants de vos assises du dimanche 1er décembre 2013 viendront d’où ?
De toutes les régions du Mali, plus le district de Bamako. Autrement dit, tous les médecins de nationalité malienne sont concernés par cette importante rencontre qui aura lieu à la Maison des aînés à Bamako pour faire avancer la profession.
Quel sera le nom du futur syndicat ?
Une assemblée constitutive va le déterminer. Le cadre de réflexion a fait son travail qui sera validé par l’ensemble des médecins qui prendront part à la rencontre de dimanche. J’espère que la mobilisation sera de taille. Je profite de vos colonnes pour inviter tous les médecins à y prendre part pour sauver la profession. Pour nous ce que les médecins vivent au Mali n’est pas forcement lié à un manque de moyens de l’Etat, mais plutôt à une question de volonté politique.
Vous voulez dire que les médecins vivent mal au Mali ?
Comparez à ceux de la sous région les médecins maliens vivent très mal au Mali. Ils n’ont pas de bons salaires. Je vous informe au passage que la faculté de médecine du Mali forme des étudiants de 14 pays dont le Mali. Renseignez vous sur les conditions de vie et de travail des médecins de la région et d’autres pays qui envoient leurs étudiants étudier à la faculté de médecine du Mali.
Votre syndicat s’attellera concrètement à quoi, une fois mis en place ?
La 1re des actions consistera à recueillir les préoccupations auprès des médecins. Ce qui permettra au bureau du syndicat d’élaborer un cahier de doléances à adresser à qui de droit.
Propos recueillis par
Siaka Z. Traoré