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Situation nutritionnelle des pensionnaires de Bollé mineurs, Bollé femmes et la pouponnière de Niamana : Les conditions ne sont pas...réunies pour permettre un fonctionnement de manière autonome

mercredi 28 mai 2025, par Assane Koné

L’Alliance des Journalistes Maliens en faveur de la Nutrition et de la Sécurité Alimentaire (AJMNSA), dans le cadre de l’exécution de son plan d’action 2024-2025, en partenariat avec l’OMAES a organisé, le 20 décembre 2024 et le 26 février 2025, des visites pour s’enquérir de l’état nutritionnel des pensionnaires de Bollé mineurs, de Bollé femmes et de la pouponnière de Niamana. Du constat de l’AJMNSA, il ressort que les conditions ne sont pas totalement réunies pour permettre aux deux structures de fonctionner de manière autonome.

L’ AJMNSA a organisé une série de visites. à la pouponnière de Niamana et au Centre pénitentiaire et de l’éducation surveillée de Bollé femmes et Bollé garçons, et à la pouponnière de Bamako. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plaidoyer en lien avec le suivi des investissements publics en matière de nutrition et de sécurité alimentaire.

Ibrahim Sacko, Directeur Adjoint de Bollé Mineurs et M. Babou Togora, Point focal nutrition à la Direction Nationale de l’Administration Pénitentiaire et de l’Éducation Surveillée (DNAPES), successivement ont reçu le 20 Décembre 2024, une délégation de l’AJMNSA.

L’objectif clairement affiché par les journalistes dans le cadre de cette visite était de s’enquérir de l’état nutritionnel des mineurs en conflit avec la loi et les enfants de mères détenues. Pour ce faire, à toutes ces deux rencontres, les journalistes se sont préoccupés de l’accès des pensionnaires à une bonne alimentation.

« Ici à Bollé Mineurs, les enfants en conflits avec la loi et détenus dans nos locaux sont tous des garçons. Ils sont âgés de 13 à 18 ans>>, a indiqué
Ibrahim Sacko, Directeur Adjoint de Bollé mineurs. Avant de préciser que tant que l’enfant n’a pas 13 ans, il ne doit pas être admis à Bollé. A la date de notre otre passage, le 20 Décembre 2024, les pensionnaires étaient au nombre de 146 mineurs détenus à Bollé.

<<...L’État n’est pas en mesure d’assurer tous les aliments nutritifs nécessaires pour la croissance de ces enfants>>

Pour ce qui concerne leur nutrition, M. Ibrahim Sacko a indiqué que cela est pris en charge par l’État, même s’il a vite fait de préciser que cela est insuffisant. « L’État et ses partenaires nous dotent en céréales et condiments, ainsi que tout ce qui est nécessaire pour l’enfant. Ici, les enfants ont droits à trois repas par jour », a-t-il ajouté. Avant de préciser que ces repas se composent de haricot, de «  » (la pâte de semoule de maïs), de riz, de lait et de spaghetti.

Il a aussi indiqué que, le centre dispose d’un espace maraîcher, qu’il a fait visiter par les journalistes. « Dans cet espace, nous cultivons de la papaye et de la patate douce. En plus des fruits, nous pensons que ces enfants ont aussi besoin de la salade, des choux, des aubergines et plein d’autres légumes. Malheureusement, l’État n’est pas en mesure d’assurer tous les aliments nutritifs nécessaires pour la croissance de ces enfants », a-t-il souligné.

<< A défaut de ligne budgétaire pour la prise en charge nutritionnelle des enfants des femmes détenues, ils doivent…quitter la prison à partir de trois ans >>

<< A Bollé Femme, l’on compte 14 mineures détenues et une vingtaine de mères d’enfants mineurs détenues>>, nous a indiqué Babou Togora, point focal nutrition à la Direction Nationale de l’Administration Pénitentiaire et de l’Éducation Surveillée. Il a précisé que les enfants de ces mères détenues ne sont pas du tout des détenus. Selon lui, la loi est claire là-dessus. << Ces enfants doivent forcément quitter la prison à partir de trois ans. Parce qu’en la matière, il n’y a pas de ligne budgétaire pour leur prise en charge nutritionnelle>>, a-t-il déclaré.

Avant de préciser qu’en plus des petits accompagnements de l’État, ce sont les partenaires qui les soutiennent de temps en temps avec du lait pour enfant. << Il y a même une crèche qui a été construite au sein de la prison des femmes de Bollé et qui reçoit des dons des partenaires pour ces enfants de mères détenues », a-t-il ajouté.

<< A la Pouponnière, nous avons 50 nounous pour 12 dortoirs >>

Après Bollé mineurs et Bollé femmes, le 26 février 2025, une délégation de l’Alliance des Journalistes Maliens en faveur de la Nutrition et de la Sécurité Alimentaire (AJMNSA) a été reçue par Amadou Dembélé, directeur général du Centre d’accueil et de placement familial de Bamako, la Pouponnière. L’objectif de cette visite était de s’enquérir de l’état nutritionnel des pensionnaires de cette institution.

<< La Pouponnière est le seul Centre d’accueil et de placement familial de l’Etat, créé en 2009>>, a indiqué Amadou Dembélé. Selon, il y existe deux sections : la section accueil et encadrement, changée des dossiers administratifs des enfants et la section placement, chargée des dossiers d’adoption. Il a précisé que le centre est aussi doté d’ une infirmerie.

Selon son directeur, à notre passage, la pouponnière accueillait 102 enfants, dont 46 garçons, 58 enfants en situation de handicap, 82 enfants abandonnés et 36 recueillis. << Ces enfants sont repartis entre douze dortoirs, dont les entretiens sont assurés par cinquante-six nounous à travers un système de rotation avec 4 nounous par salle>>, a-t-il indiqué.

Avant de préciser que la Pouponnière accueille les enfants de 0 jusqu’à 5 ans. Selon lui , après, ils sont transférés dans les villages d’enfants SOS. Il a aussi ajouté que cinq enfants fréquentent l’école, dont un se trouve à l’école des sourds muets qui doit aller tous les jours à l’Hippodrome.

Selon Amadou Dembélé, la loi permet l’adoption, mais uniquement aux Maliens. « Les personnes intéressées par l’adoption doivent avoir au moins 30 ans. Je dois aussi vous rappeler qu’il y a deux formes d’adoption. Il s’agit de l’adoption par filiation et celle par protection », souligne-t-il.

« Au Centre d’accueil et de placement familial de Bamako, la Pouponnière, l’alimentation des enfants se gère avec beaucoup de gymnastiques… »

Pour sa part, Dr Lassana Kané, chargé de la nutrition à la Pouponnière, a indiqué qu’au Centre d’accueil et de placement familial de Bamako, la Pouponnière, l’alimentation des enfants se gère avec beaucoup de gymnastiques. Selon le directeur général, c’est l’Etat qui doit prendre tout en charge. « Nous recevons des appuis ou dons venant des partenaires et des personnes de bonne volonté. Mais, je dois aussi vous dire que nous n’avons pas encore reçu toutes les dotations en denrées alimentaires de 2024. Pour ce qui concerne 2025, le marché n’est pas encore attribué et nous sommes en fin février déjà.

<< Nos consommations dépassent largement l’aide de l’Etat. Seulement 112 cartons de lait pour un besoin de 450 cartons par an >>

Nos consommations dépassent largement l’aide de l’Etat, pour le lait infantile il nous donne 112 cartons de lait « Nursi » par an. En réalité nous utilisons 9 cartons et 4 boites par semaines, ce qui fait à peu près 450 cartons dans l’année. Idem pour le charbon de bois et le savon », précise-t-il.

Le nombre d’enfant se trouvant en situation d’handicap aujourd’hui à la pouponnière nécessite le recrutement des spécialistes par l’Etat. Malheureusement, les spécialistes qui s’y trouvent comme le pédiatre, le nutritionniste, l’orthophoniste et le kinésithérapeute sont payés par des partenaires.

A l’intérieur des dortoirs, les nounous sont sans repos. « Ici, le repos, c’est après la descente. Parce que ces enfants dorment difficilement ensemble. Donc, nous devons veiller sur tous et intervenir à chaque fois, soit pour leur donner à manger ou pour leur changer les couches. C’est notre quotidien », lâche une nounou dans la foulée.

<< Les enfants sont…à l’abri de la malnutrition aigüe sévère et de la malnutrition modérée>>

Quant à Dr Lassana Kané, chargé de la nutrition à la Pouponnière, les enfants sont actuellement à l’abri de la malnutrition aigüe sévère et de la malnutrition modérée. « De mon arrivée à maintenant, des efforts ont été faits pour l’amélioration de la prise en charge nutritionnelle des enfants, des nouveaux nés et des nourrissons. Par exemple, les enfants qui nous viennent ici, sont des bébés, à l’absence du lait maternel, on a suppléé leur alimentation de façon lactée par les substituts du lait maternel. De 0 à 6 mois, on leur donne le lait infantile « Nursi 1 ». De 6 à 12 mois, on leur donne le lait « Nursi 2 ». Au-delà de ça, toujours pour l’amélioration de la situation nutritionnelle des enfants, nous avons mis en place un programme de diversification alimentaire pour les enfants de 6 à 59 mois, voire jusqu’à l’âge préscolaire », souligne-t-il.

Selon le nutritionniste, ce programme est composé des menus suivants : les soupes aux légumes verts accompagnés de viandes hachées, du poisson ou du poulet. « En plus, dans le même programme, on donne aussi aux enfants les purées de pomme de terre, des purées de patate avec du lait en poudre, des œufs durs, des omelettes. On fait aussi des bouillies enrichies mixtes avec nos céréales locales : le mil, le maïs, le riz, le sorgho et le haricot. On ajoute aussi un peu d’arachide et souvent le pain de singe (baobab) », ajoute-t-il.
« Concernant ce programme de diversification alimentaire établi par notre chargé de la nutrition, très souvent nous avons du mal à le respecter par faute de moyen financier », déplore le directeur général M. Dembélé.

Dans le cadre du traitement nutritionnel, précise-t-il, nous respectons rigoureusement le Programme national intégré de lutte contre la Malnutrition aigüe. « Les enfants à l’état de malnutrition aigüe sévère en phase 1, on leur donne d’abord le lait thérapeutique F75 pour combattre les infections opportunistes, les gastro-entérites, les diarrhées, les vomissements. Cela prend cinq jours à une semaine, selon la gravité du cas et l’amélioration de l’état de santé de l’enfant. Dans la phase 2 qu’on appelle la phase de stabilité, on leur donne le lait F100 qui permet un retour immédiat de l’appétit. Ce F100 est aussi substitué à un autre intrant thérapeutique qu’on appelle PlumpyNUT. Ce traitement peut durer dix jours à deux semaines. Ici, les activités nutritionnelles sont assez nombreuses pour l’amélioration des conditions d’alimentation des enfants », a-t-il souligné.

A l’issue des visites, l’AJMNSA a retenu que les conditions ne sont pas totalement réunies pour permettre aux deux structures de fonctionner de manière autonome.

A Bollé, en attendant la création d’une ligne budgétaire pour la prise en charge des enfants de mères détenues et l’obtention d’un jardin potager, l’AJMNSA est au regret de constater que les deux centres sont appelés à fonctionner avec les moyens du bord.

Quant à la Pouponnière, au regard des réalités que vivent le personnel et les enfants au quotidien et compte tenu de l’importance du Centre, l’ AJMNSA invite les autorités à revoir son statut afin de le rendre plus automne.

Aussi, l’AJMNSA pense que la Pouponnière doit bénéficier de subventions publiques et un apport conséquent des partenaires lui permettant d’assurer pleinement son bon fonctionnement et de prendre en charge de manière efficace les besoins des enfants.

Assane Koné


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