Vivant et très populaire, un adage dit : L’homme propose, Dieu dispose. En cela, à défaut de sa mère, on tête les seins de sa grand-mère. Et pour cause, delocalisée à Siby ville, pour des raisons sécuritaires, la cérémonie de lancement des activités de la campagne de sensibilisation et de prévention du VIH/SIDA, initiée par l’association malienne Hinè Ton (AMHT), dans les zones minières isolées de Balan-Massala dans la commune de Balan-Bakama a mobilisé les autorités politiques et les populations de la localité. Ces opérations sanitaires se sont déroulées du samedi 5 au dimanche 6 juillet 2025. Preuve d’une tradition respectée, cette campagne a révélé une fois de plus, la nécessité de maintenir la constance dans les actions de sensibilisation.

Porte d’entrée dans les zones d’orpaillage du Mandé, Siby, localité située à 50km de Bamako, a servi de théâtre pour la cérémonie de lancement des travaux de la 4^e phase du programme de sensibilisation et de prévention et de dépistage des populations contre le VIH et le Sida dans les zones minières, organisée par l’Association malienne Hinè Ton (AMHT) avec l’appui technique et financier du Haut conseil national de lutte contre le Sida.

Brassant l’action humanitaire et la santé, laquelle est indéniablement reconnue comme la richesse la plus précieuse de l’être humain, l’AMHT ne lache pas prise pour oeuvrer au développement des communautés, surtout les plus vulnérables et qui ont un accès difficile aux soins de santé.

La constance dans l’action

Déterminée à pereniser cette touche, l’Amht, conduite par l’infatigable présidente Aoua Maïga, a mené cette activité à Siby, qui s’inscrit dans la suite logique d’une dynamique engagée par son projet de soutien à la lutte contre le VIH/SIDA. Cette opération se veut l’expression d’une tradition respectée.

Pour preuve, cette campagne de sensibilisation intervient après une première édition réalisée avec brio à Bayan et Sebekourani, les 15 et 16 juillet 2023 dans la commune rurale de Narena, suivie de la mission de Balankomana (commune de Narena) et Abaladougou-Kenieba (commune rurale de Binkady), tenue du 12 au 14 janvier 2024, et le periple dans les localités de Gnamalo, Karan et Farabani, effectué du 07 au 08 septembre 2024.

Cette mission a ciblé la jeunesse et les femmes en général, les filles à risques notamment les travailleuses de sexe, vendeuses ambulantes, aides ménagères et restauratrices, les chauffeurs et apprentis chauffeurs.

Regroupant plus de 300 femmes, l’Association Malienne Hinè Ton, créée en 2018, à but non lucratif, apolitique, et non confessionnelle, a pour objectif est de venir en aide et assister les veuves, les orphelins et les personnes déplacées et réfugiés de guerre. Depuis, elle se bat pour mèner des activités caritatives et humanitaires chaque année dans le mois de Ramadan, de la fête de Tabaski, du mois de solidarité et des activités de sensibilisation. Toute cela, en trait avec son slogan fétiche : « Vivre c’est aider un autre à vivre ».

Le sida, une réalité

Selon le rapport 2024 de l’Onusida, en dépit des efforts, on a compté 1,3 million de nouvelles infections à VIH et 630 000 décès liés au sida en 2023. L’épidémie a fait 42,3 millions de victimes depuis son apparition. La lutte mondiale contre le VIH a fait des pas de géant, mais demeure confrontée à des obstacles persistants que l’on ne peut se permettre de négliger et qui demandent une action immédiate.

Bien que l’accès au traitement se soit considérablement amélioré, le taux de nouvelles infections demeure alarmant, et les maladies liées au sida font encore beaucoup trop de victimes chaque année. Les populations marginalisées et vulnérables étant toujours les plus durement touchées par l’épidémie, la riposte doit être plus que jamais inclusive et fondée sur les droits.

Il faudra innover, intensifier les efforts de prévention et obtenir le financement nécessaire pour préserver les acquis et combler les lacunes. A ce titre, la prévention du VIH doit être accélérée. Le dernier rapport de l’ONUSIDA souligne la nécessité urgente d’accélérer le progrès dans la prévention du VIH, un domaine encore confronté à de nombreux obstacles. De ce fait, la prévention doit être au cœur de nos interventions.

Au Mali, le taux de prévalence du VIH chez les adultes (15-49 ans) est estimé à 1.1%. Cependant, cette prévalence varie selon le milieu et le genre. Cette prévalence est particulièrement élevée chez certains groupes, comme les travailleuses du sexe (24%) et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (13.7%).

En effef, devenu un véritable enjeu économique, le phénomène de l’orpaillage prend de plus en plus d’ampleur dans notre pays. Cette ruée vers l’or jaune constitue une véritable menace favorisant la propagation rapide du VIH. Comme à l’accoutumée, pour cette 4^e édition de son activité de sensibilisation, la présidente de l’AMHT était accompagnée de certains membres actifs de l’association, notamment Soulama, Technicien supérieur de la santé au Centre de santé de référence de la commune IV, le doyen Issa Koné, point focal de l’Association, le secrétaire général de l’Amht, Amadou Diarra, des membres de l’association et des professionnels de médias.

Les zones minières étant l’une des cibles vulnérables pour la propagation du sida, il s’agissait pour l’AMHT d’éclairer la lanterne des populations sur la véracité de l’existence et des méfaits du VIH et du SIDA, leur expliquer les stratégies de prévention et de prise en charge, en même temps leur prodiguer les conseils. Lesquels conseils portent sur la fidélité, la maîtrise de soi ou à défaut l’utilisation des préservatifs.

En témoignent les slogans portés sur les banderoles. Entre autre, on pouvait lire banderoles et T-Shirts : « L’élimination du Sida est possible, si chacun est engagé ; Zéro stigmatisation, Zéro infection, Zéro décès ; Stop au VIH/SIDA et aux IST : Informez-vous , Faites-vous dépister ! Agissons ensemble pour une meilleure santé publique ; Protégeons-nous du VIH/Sida et des IST. Agissons maintenant ; Une communauté informée, est une communauté en bonne santé. Ensemble, disons non au VIH/SIDA et aux infections sexuellement transmissibles(IST) ; Zones minières : orpailleurs, enfants, travailleuses de sexe, personnes âgées, personnes déplacées internes, femmes enceintes et allaitantes, le VIH/SIDA est bien réel. Utilisez le préservatif, Faites-vous dépister, protégez vos proches ; ».

Le samedi 5 juillet, les locaux de la mairie de la commune rurale de Siby a refusé du monde pour la cérémonie de lancement officiel de cette campagne de sensibilisation de l’AMHT. Présidée par le Maire de la commune, Daouda Keïta, la cérémonie a enregistré la présence de la présidente de l’AMHT, Aoua Maïga.

D’entrée de jeu, le représentant du Chef de village de Siby, Adama Camara a salué et remercié les organisateurs de cette rencontre. Selon lui, rien vaut la bonne santé. A sa suite, le secrétaire général du conseil communal de la jeunesse, Baba Sall fera comprendre que les jeunes se reconnaissent dans cette démarche de l’AMHT.

L’appel à la responsabilité collective

La présidente de l’AMHT a tout d’abord remercié le Maire de Siby pour son accompagnement constant et son engagement aux côtés des initiatives communautaires. Ses mêmes compliments seront adressés à la jeunesse dynamique de Siby, qui n’a ménagé aucun effort pour faire de cette mobilisation une réussite. Dans ce même registre de reconnaissance, la présidente de l’AMHT tiendra à faire ses remerciements les plus sincères à l’attention au partenaire technique et financier, le Secrétariat Exécutif du Haut Conseil National de Lutte contre le Sida (SE HCNLS). Selon elle, grâce à son appui continu et à la vision stratégique de son Secrétaire Exécutif, le D^r Ichiaka Moumine Koné, l’Association a pu renforcer ses actions dans des zones jusque-là peu couvertes.

Aoua Maïga ne manquera pas de signaler que ce partenariat est le reflet d’un engagement réel en faveur de la santé pour tous, y compris les plus vulnérables. Elle saisira le créneau pour lancer un signal fort à toutes les communautés minières en ces termes : Oui, le VIH/SIDA est une réalité, mais ensemble, nous pouvons prévenir, dépister, traiter et sauver des vies.

Cette campagne est aussi une invitation à la responsabilité collective, à la solidarité et à l’action. C’est ensemble que nous bâtirons un avenir sans VIH. M^me Aoua Maïga a affirmé que cette activité s’inscrit en droite ligne des priorités nationales. D’après elle, l’objectif est de continuer à protéger les plus exposés, notamment les jeunes, les travailleurs des sites aurifères, et les femmes en situation précaire.

De son analyse, la campagne vise à réduire les comportements sexuels à risque de la population et précisément dans les zones sensibles d’extraction minière à travers la communication. Et de laisser entendre, la maladie du sida est bien réelle dans le monde, mais n’est plus une fatalité.

C’est pourquoi, elle a insisté sur le dépistage des jeunes (filles et garçons) afin de réduire le taux de transmission. A en croire, la présidente de l’Amht, la lutte contre le VIH/SIDA nécessite un engagement collectif. Pour soutenir ses verbes, elle a soutenu que rien de trop pour aider la jeunesse qui constitue l’avenir du pays et le socle de tout développement.

Le maire de Siby, Daouda Keïta a témoigné et reconnu que la maladie du Sida est une réalité et un problème de santé publique. Il mettra quiconque au défi pour prouver la non véracité de l’existence de cette maladie.

Aussitôt après le lancement officiel des activités par le Maire de Siby, le Technicien supérieur de la santé de son état à l’hopital du District de Bamako, Samba Soulama a fait la genèse du VIH, expliquer les sources de transmissions, la prévention et le traitement.

De son explication, 90% des causes d’infection sont liées aux rapports intimes non protégés. A cet égard, il a souligné qu’en plus des rapports sexuels non protégés, le VIH est transmissible de façon matérielle à travers les objets tranchants ou par voie d’accouchement. D’après lui, cette maladie a détruit des couples et des foyers. Car, dit-il, le sida est une maladie complexe. C’est pourquoi, il recommande aux populations de se faire dépister pour connaître son statut. Toutefois, il a préconisé l’utilisation des préservatifs afin de se protéger contre ces maladies.

L’AMHT a mis à profit ce jour de la grande foire de Siby, pour sensibiliser les cibles. Une sensibilisation marquer par la distribution de préservatifs. Ensuite, la délégation de l’AMHT, accompagnée de la jeunesse engagée de Siby se sont rendues sur des sites d’orpaillage isolés, pour effectuer des séances de sensibilisation, suivies de distribution de kits de préservatifs aux cibles concernées.

Dimanche, 6 juillet, au lendemain du lancement officiel des activités de la campagne, la présidente de l’AMHT et son équipe ont repris le chemin des sites d’orpaillage afin de toucher le maximum de fragiles à l’infection du VIH et des IST.

Dans un “village” des travailleuses de sexe, majoritairement occupé par les étrangères (nigerianes, Ghanéennes, etc), un client M. Condé dit Yougo soutient que celui qui veut vivre longtemps dans ces genres de milieux doit se protéger et sauver d’autres vies.

Éla, travailleuses de sexe, affirme que le sida est une réalité. Elle invite toutes les autres filles à faire le dépistage pour connaître leur statut. Pour elle, il ne faut pas prendre le risque d’attraper une maladie mortelle, à cause de 2000f ou 3000f. Or, selon elle, si tu es protégée, tu peux te faire de l’argent en toute sérénité.

Notons qu’au cours de cette campagne de sensibilisation, plus de 1500 kits de préservatifs ont été distribués gratuitement aux populations cibles, non pas pour faire l’apologie de la prostitution et la debauche, mais plutôt de renforcer les capacités de prevention et de réduction du taux de contamination du VIH/SIDA.

Jean Goïta, envoyé spécial