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Lutte contre la malnutrition au Mali : Cuisinez local pour sauver des vies

vendredi 30 décembre 2022, par Assane Koné

Dans un contexte où le Mali fait face à une forte prévalence de la malnutrition, de plus en plus de voix se lèvent pour préconiser l’utilisation des produits agricoles locaux à forte valeur nutritive. Du coup, les maliens et maliennes sont aujourd’hui invités à « cuisinez local pour sauver des vies ».

Pays sahélo-saharien. Exposé aux caprices d’un environnement hostile. Frappé de plein fouet par les conséquences néfastes des changements climatiques. Et, avec très peu d’aménagements hydro-agricoles, le Mali est condamné à compter sur la bonne pluviométrie pour espérer voir remplir ses greniers. De telle sorte que l’on constate aujourd’hui que malgré les efforts fournis dans la lutte contre la malnutrition, la situation reste toujours critique dans plusieurs zones du pays. Selon les résultats de l’enquête nationale SMART 2020, la prévalence de la malnutrition aiguë (MAG) est estimée à 7,2% avec 1,3% pour la forme sévère (MAS) et 23,9% pour la malnutrition chronique. Dans un tel contexte, que faire pour renverser les tendances ? Face à l’urgence, il est patent qu’aucune solution n’est à négliger. Aujourd’hui, des voix. Et, non des moindres s’élèvent pour fortement préconiser l’utilisation des produits locaux dans la lutte contre la malnutrition.

« Le Mali est un pays avec un fort potentiel de produits agricoles locaux à forte valeur nutritive qui pourraient nous aider à lutter contre la malnutrition ». Cette déclaration a été faite par Dr. Coulibaly Maïmouna Touré, nutritionniste et enseignant-chercheur à l’IPR/ IFRA de Katibougou. Pour être précise l’enseignant-chercheur a levé le voile sur un certain nombre de produits agricoles que nous avons sur tous les étales de nos marchés à travers le pays. Ce sont : le haricot rouge ou blanc ; les feuilles de moringa, les lentilles ; les betteraves ; les persils ; les céleris ; la fleur d’hibiscus ou « dableni » ; les œufs, surtout le jaune d’œuf ; et les abats des animaux (moutons, bœufs, chèvres et autres…. « Cuisinons local et nous allons en nous focalisant sur nos produits agricoles à forte valeur nutritive et nous allons sauver de nombreuses vies », a-t-elle conseillé.

Tout porte à croire que Dr. Coulibaly Maïmouna Touré, nutritionniste et enseignant-chercheur à l’IPR/ IFRA de Katibougou, n’est pas un cas isolé de scientifiques maliens convaincus que nos produits agricoles locaux à forte valeur nutritive peuvent nous aider à lutter de façon convenable contre la malnutrition.

Depuis 2018, une étude conduite auprès de 12 enfants atteints de malnutrition modérée vivants dans les villages à proximité du CSCOM de Tienfala, dans le cercle de Koulikoro, a fortement préconisé l’utilisation des produits locaux dans la lutte contre la malnutrition. Selon Dr. Abdoulaye Koné qui a eu accès aux résultats de cette étude, son but était de contribuer à la valorisation des produits locaux dans la lutte contre la malnutrition aigüe modérée dans la région de Koulikoro. « Cette étude était basée sur un test de dégustation et d’appréciation de trois formules de bouillies par ces enfants », a-t-il déclaré. Avant de révéler que ces formules étaient à base de niébé, maïs, sorgho et de soja, des produits que nous avons un peu partout sur le territoire malien. « N’ayant aucun doute sur la forte valeur nutritive du niébé, du maïs, du sorgho et du soja, cette dégustation devrait permettre d’identifier la formule la plus appréciée qui pourrait être utilisée comme aliment pour lutter contre la malnutrition des enfants », a-t-il révélé.

Selon notre interlocuteur, les « trois formules alimentaires de bouillies à base de farines enrichies de produits locaux (le niébé, le maïs, le sorgho et le soja), utilisées avaient respectivement des valeurs énergétiques estimées à 1055,7 kcal ; 1063,9 kcal et 1013,1 kcal. « Elles ont été acceptées et appréciées par les enfants lors de la séance de dégustation avec une préférence pour la première formule », a-t-il conclu.

Et, partant du constat que pour couvrir le besoin journalier d’un enfant malnutri, il faut 1000 à 1500 Kcal/jr soit 10 à 15% de protéines, 30 à 35% de lipides et 55% de glucides, Dr, Abdoulaye Koné a estimé que les différentes formules à base du niébé, du maïs, du sorgho et du soja, avec respectivement 1055,7 kcal ; 1063,9 kcal et 1013,1 kcal, couvrent le besoin journalier d’un enfant malnutri. Sur cette base, il a invité les maliens et les maliennes à ne pas avoir de complexe pour proposer à leurs enfants et à leurs foyers des aliments à base de nos produits locaux à haute valeur nutritionnelle.

Assane Koné


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