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Lutte contre l’insécurité alimentaire et les effets de la sécheresse : Le CILSS fête sa 32e journée
vendredi 15 septembre 2017, par
12 septembre 1973-12 septembre 2017, le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a 44 ans d’existence. Et, cela se fête. Et, comme il y a 32 ans que la fête de cet anniversaire a été instituée, le Mali a célébré la 32e journée du CILSS le 14 septembre 2017, dans la salle de conférence de la Direction financière et du matériel du ministère de l’Agriculture, au cours d’une cérémonie placée sous le thème : « Utilisation et occupation des terres : Atlas des paysages du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, un outil de planification et d’aide à la décision ».
Présidée par le Dr Nango Dembélé, ministre de l’agriculture du Mali et Ministre Coordonnateur du CILSS, la journée du CILSS au Mali a enregistré la participation du DR Mohamed Abdellahi Ebbé, Directeur général de l’Institut du Sahel (INSAH).
« La clairvoyance et la prise de conscience de nos devanciers, les pères fondateurs du CILSS sur les effets néfastes de certains facteurs du climat et de la pression anthropique sur les ressources naturelles des pays du Sahel, ont conduit à la création en septembre 1973 du CILSS avec pour mandat de s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre les effets de la sécheresse et de la désertification, pour un nouvel équilibre écologique au Sahel », a indiqué DR Mohamed Abdellahi Ebbé, Directeur général de l’Institut du Sahel (INSAH). Avant d’ajouter que le thème de cette 32e journée vient à point nommé.

Selon lui, plus de 4 décennies après la création du CILSS, l’Afrique de l’Ouest, et le Sahel en particulier, reste confrontée à divers problèmes liés aux effets néfastes des changements climatiques dont le problème de dégradation des terres qui ne fait que s’exacerber. « Cette dégradation est complexe. Elle résulte à la fois de la vulnérabilité et du changement climatique, de l’état des ressources, mais aussi et surtout de l’activité humaine », a-t-il déclaré.
Pour cela, il dira que la lutte contre la dégradation des terres engagée par le CILSS, avec l’appui des pays et des partenaires, s’inscrit dans une quête permanente de restauration des équilibres écologiques, socio-économiques et politiques pour une amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la lutte contre la pauvreté et la sécurité civile.
« L’Atlas des paysages du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, le document de référence de la présente cérémonie, offre l’opportunité aux pays, d’améliorer la gestion des terres afin de contribuer à la lutte contre la dégradation des terres engagées par le CILSS », a-t-il indiqué. Avant de rappeler des réalisations du CILSS au profit du Mali, dont la formation de plus de 100 cadres depuis 1975…
« Les actions et les initiatives entreprises par le CILSS se sont traduites par des réalisations concrètes dans les Etats membres au niveau des services techniques nationaux, du secteur privé et de la société civile », a indiqué le Dr Nango Dembélé, ministre de l’agriculture du Mali et Ministre Coordonnateur du CILSS. Selon lui, le CILSS a conçu et mis en œuvre dans le cadre de son mandat, des outils d’aide à la décision, des méthodologies et des stratégies au profit des Etats dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles, de la maîtrise de l’eau, de l’accès aux marchés et de la recherche en matière de population et développement.
Dans le cadre des services rendus aux Etats membres, il a rappelé que le CILSS est parvenu à l’évaluation conjointe annuelle de la situation alimentaire dans les pays de l’espace Ouest africain et le Tchad avec ses partenaires. Il a aussi annoncé l’établissement des bilans céréaliers et alimentaires et l’identification et l’analyse des zones et populations vulnérables au Sahel. « Le CILSS anime le réseau de prévention et de gestion des crises alimentaires, les rencontres sur la prévention et la gestion des crises et le Conseil régional de sécurité alimentaire », a-t-il précisé.

Qu’à cela ne tienne. Le ministre malien de l’Agriculture a estimé que dans les prochaines années, la région devra pouvoir nourrir durablement une population de plus en plus importante, alors que les terres, les ressources naturelles se feront de plus en plus rares et chers. Selon lui, cela impliquera d’intensifier la production sans aggraver les phénomènes liés au changement climatique. Ce dilemme justifie pour lui le choix du thème de cette 32e journée du CILSS.
Il dira que ce thème d’actualité constitue une préoccupation majeure de notre institution commune, car il met en exergue la pression foncière et le niveau d’accélération de la destruction de ce patrimoine. Précis, le ministre dira que le CILSS avec ses partenaires, tels que l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis, vient de produire un ouvrage intitulé : « Atlas sur les paysages de l’Afrique de l’Ouest : Une fenêtre dans un monde en pleine évolution ».
« Cet Atlas a montré que les paysages du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ont subi des transformations entre 1975 et 2013 », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que ces changements sont marqués principalement par la forte croissance démographique et une demande grandissante des denrées alimentaires. De telle sorte que « la conversion des paysages naturels en terres cultivées a considérablement réduit la biodiversité naturelle et exposé les sols à l’érosion éolienne et hydrique ».

Mais, il y a heureusement un bémol à cette présentation apocalyptique. « Les transformations des paysages du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas toutes catastrophiques. Il existe des zones où on note des transformations positives notamment la régénération du couvert arboré, l’augmentation de la biodiversité sur des terres agricoles, ou l’utilisation de techniques de conservation de l’eau et du sol », a rassuré le ministre malien de l’Agriculture.
Tout compte fait, le ministre coordinateur du CILSS dira que cette 32e journée est une occasion d’informer sur les enjeux de la pratique de l’agriculture intelligente, respectueuse de la nature et de l’environnement.
Les invités à la célébration de la 32e journée du CILSS a Bamako, ont eu le privilège d’assister à deux communications. Dr Abdoul Ballo a présenté une communication sur le thème : « Utilisation et occupation des terres : l’Atlas des paysages du Sahel et l’Afrique de l’Ouest, un outil de planification et d’aide à la décision » et Dr Dabo Keffing est intervenu sur le thème : « Pression démographique et pression foncière au Sahel ».
Assane Koné
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