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« LIBERATION » DE FARABOUGOU : La force du dialogue a pris le dessus sur le langage des armes

mercredi 31 mars 2021, par Assane Koné

L’intervention du Haut conseil islamique (HCI) du Mali dans la « libération » de Farabougou est le signe que seul le dialogue peut bien réussir en lieu et place des armes surtout dans un contexte de conflit intercommunautaire.

La nouvelle s’est propagée à Bamako et dans tout le Mali comme une trainée de poudre. Farabougou n’est plus assiégé par les groupes terroristes. Le village a retrouvé sa « liberté » ou du moins les routes qui y mènent auraient été libérées suite à une médiation engagée par le Haut conseil islamique du Mali (HCI) dirigé par le chérif Ousmane Madani Haidara.

Selon Moufa Haidara, membre du HCI, la situation dans laquelle Farabougou et environnants se trouvent aujourd’hui est le fruit d’un accord tripartite entre les dozos, le HCI et des terroristes. Pour l’heure, nous ignorons les termes de l’accord entre les parties.

Quels sont les enseignements qu’on pourrait tirer de la « libération » de Farabougou ?

Primo, c’est encore des religieux qui viennent délivrer nos militaires de la potence. Secundo : la force du dialogue, des pourparlers, a réussit là où les armes n’ont pas pu. La médiation de Cherif Haidara et des siens nous prouve à suffisance que c’est effectivement par le dialogue que le Mali peut se départir de cette situation d’insécurité avec son lot de tueries tous azimuts. Elle est également la preuve que quand les maliens s’asseyent, ils peuvent dissiper les nuages.

L’accord intervenu était devenu une nécessité dans la mesure où la paix recherchée dans la zone est difficilement accessible surtout quand il s’agit de conflit inter communautaire, de vengeances entre frères d’une même contrée.

Le cas Farabougou est une leçon pour le président de la Transition Ba N’Daw d’aller à ce dialogue avec les groupes terroristes prôné par les recommandations du dialogue national inclusif (DNI). Il faut dire qu’en réalité, les autorités maliennes ne sont pas dans cette logique d’ouvrir de véritables pourparlers avec les groupes armés parce que soumis à la pression de la France.

Moctar Ouane qui a promis d’appliquer les recommandations du DNI, doit faire du dialogue son seul allié pour que les communautés se parlent. La solution militaire prônée par la France ne peut pas être celle que les maliens veulent. Surtout que cette France est incapable de venir à bout des petits groupes de terroristes, malgré un déploiement de moyens de combat de tous genres.

L’inertie de Barhkane, de la Minusma a sauvé des vies, pousse nos compatriotes à des interrogations à l’image de l’avocat Me Cheick O Konaré. « Comment des terroristes dépourvus d’aviation peuvent-il réussir des coups si terribles contre une coalition d’armées dotées d’avions et de drones ? ; comment des terroristes aux effectifs très limités arrivent-ils à tenir depuis 10 ans en échec les centaines de milliers de soldats du Mali, du Niger, du Burkina, de la Mauritanie, du Tchad, de la France et de la Minusma ? ; Comment des terroristes munis de véhicules, qui se ravitaillent en carburants, en médicaments et en nourriture peuvent-ils devenir invisibles au point que les services secrets de tous ces pays ne puissent pas localiser leurs bases ? Comment expliquer l’échec des satellites américains et français à pister et à traquer des terroristes qui se déplacent en plein désert jusqu’à atteindre des villes et des villages ? », s’interroge Me Konaté.

En attendant que nous trouvions des réponses, il s’agit pour le Mali, pour ses autorités de croire au dialogue avec toutes les parties en conflit et d’engager si cela est nécessaire des vrais pourparlers.

Après avoir combattu les talibans durant plus de quinze ans, les Etats-Unis ont entamé des discussions avec leurs adversaires, afin de négocier un accord de paix. Là où les américains sont parvenus à un accord avec leurs ennemis jurés, il n’y a pas de raison que le Mali ne fasse pas autant avec ses « frères égarés ».

Djibril Diallo
ARC EN CIEL


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