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L’AVENEMENT DE MACRON : Voici un autre populiste

mercredi 17 mai 2017, par Assane Koné

La victoire de Emmanuel MACRON n’est ni le symbole de la défaite des partis politiques, ni la défaite des idéologies. Elle traduit surtout une autre facette du libéralisme, plus précisément du néolibéralisme. Elle donne l’occasion aux chercheurs de se pencher sur l’emprise du capital financier. Pour notre part, nous pensons qu’on ne peut bien lire l’avènement de MACRON qu’en le plaçant dans le contexte du mode de production. Marx ? Oui, cette théorie nous permet de comprendre encore comment la convergence des intérêts entre le capital financier et la petite bourgeoise, dans des proportions difficilement dissociables, rendent possible des scénarii du genre français avec son cortège de trahison, de reniements et d’arrogance. Plus que jamais la lutte des classes est d’actualité.

MACRON a été ministre de François HOLLANDE. Il a eu à prendre des mesures qui ont mis les foules dans les rues, sur des sujets prioritaires comme la gestion des rapports entre les travailleurs et leurs employeurs. Dans son programme de campagne, il a aussi réaffirmé les mêmes idées. Il n’est donc pas un homme neuf, mais un homme au service du Capital et de la Finance. Les africains ne doivent pas se faire des illusions. MACRON est et un sujet français.

En analysant le discours politique qui a servi de substance à l’ascension fulgurante de MACRON et la déclinaison de son agenda politique, il ne faut voir que l’illustration d’un grand acteur populiste, un peu comme nous l’avons connu ici, avec le Général Amadou Toumani TOURE que la classe politique a accompagné pudiquement. Ni plus ni moins.

Nous pensions que la politique du ventre n’était que l’apanage des hommes politiques africains, mais voilà que le microcosme politique français nous remet de nos illusions, car le ventre a raison de l’engagement idéologique.

La pierre d’angle de son échafaudage consiste à dire qu’il va au-delà des clivages classiques, de la gauche et de la droite. Il ne dit pas qu’il est au centre, mais se présente comme l’arbitre d’un jeu politique, qui tout en reléguant les partis politiques au second plan, place l’action au niveau de la défense des intérêts supérieurs de l’Etat, à la différence de certains de ses adversaires qui ont fait de l’apologie de la nation leur crédo.

Il faut donc être très prudent, car sa stratégie basée en réalité sur le débauchage au sein des partis politiques, tout en étant foncièrement vicieux, n’est pas sans conséquence pour lui-même, car aucune action politique véritable ne se construit sans un parti politique dont la vocation est d’encadrée, théoriquement et pratiquement, les échéances.

Ceux des leaders des partis politiques qui l’ont accompagné benoitement se rendent compte que leur survie dépend véritablement du nombre de députés qu’ils vont glaner, dans bientôt. Sur ce registre, et la droite, et la gauche, se réveillent et lancent des avertissements précis en direction de leurs militants tenté par le confort trop facile du pouvoir. Il n’y a que Mélenchon et Marine Lepen qui ont un discours résolument alternatif.

Nous avons vu comment le parti socialiste, après des élections en bonne et due forme, pour choisir son porte-étendard, à l’élection présidentielle, a saboté le candidat sorti victorieux. Et alors pourquoi avoir procédé à des primaires ? Manuels Vall, prétentieux et ambitieux, dans la pure tradition de Ravaillac, s’est aplati devant Macron. Sa candidature à l’élection législative même poliment écartée ne traduit autre chose que le dégout pour certaines pratiques. Donc, le socialisme n’est pas mort, la gauche n’est pas morte. Ce sont les socialistes et une bonne partie des hommes de gauche qui ont décidé de se saborder pour un candidat dont le populisme est à fleur de peau.

On peut en dire tout autant de la droite. Le président élu s’empresse de nommer un Premier ministre qui après avoir transité du parti socialiste s’est retrouvé du côté de la droite. Dans ce courant aussi, la levée de boucliers est instantanée entre ceux qui pensent que leur jour de gloire est arrivé, sous la forme d’une main tendue, et ceux qui croient que leur parti doit réaffirmer son existence, avec ses candidats à lui.

Ibrahim MAIGA


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