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Gouvernance des Ressources Allouées à l’Agriculture Familiale et à la compétitivité de la production locale : Les constats alarmant de la CAD-Mali

vendredi 26 octobre 2018, par Assane Koné

En partenariat avec SOS FAIM, la CAD-Mali a initié le « Programme de Mobilisation Citoyenne pour la Gouvernance des Ressources Allouées à l’Agriculture Familiale et à la compétitivité de la production locale ». Dans le cadre de ce programme, la CAD-Mali dans le souci d’apporter sa contribution dans la gouvernance des fonds publics et privés, nationaux et internationaux, investis dans l’agriculture au Mali, a fait réaliser une étude sur l’ « impact des financements de l’Agriculture en général et de l’Agriculture Familiale en particulier ». Les résultats de cette étude ont été restitués le 25 octobre 2018, dans la salle de conférence du Musée National du Mali.

Le 25 octobre 2018, Souleymane Dembélé, Directeur exécutif de la CAD-Mali, Charlotte de SOS FAIM au Mali et Sabane Touré, coordinateur du « Programme de Mobilisation Citoyenne pour la Gouvernance des Ressources Allouées à l’Agriculture Familiale et à la compétitivité de la production locale »de la CAD-Mali, ont animé une conférence de presse au Musée National du Mali. Cette conférence avait pour but essentiel de présenter les résultats de l’étude d’ « impact des financements de l’Agriculture en général et de l’Agriculture Familiale en particulier ».

Souleymane Dembélé a indiqué que le développement de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage est un enjeu majeur pour le Mali en termes d’impact démographique et économique. Selon lui, la majeure partie de la population dépend de ce secteur d’activités qui contribue à plus d’un tiers à la croissance économique du pays. « Malgré le volume de financement mobilisé, force est de reconnaitre que le secteur de l’Agriculture en général et celui de l’agriculture familiale connait de sérieux défis à relever », a-t-il déclaré.

En effet, le secteur agricole malien fait face à des défis comme : la forte vulnérabilité du secteur par rapport aux aléas climatiques, sanitaires, l’accès difficile à la terre, notamment pour les femmes et les jeunes, et la raréfaction et la faible qualification de la main d’œuvre agricole en milieu rural…

Il a aussi estimé que le secteur fait face à la faible maîtrise de l’eau, le faible accès au crédit et la faible capacité de gestion des organisations de producteurs. « Fort de ce constat la CAD-Mali a initié et obtenu de SOS Faim le financement du ‘’Programme de Mobilisation Citoyenne pour la Gouvernance des Ressources Allouées à l’Agriculture Familiale et à la compétitivité de la production locale’’ », a-t-il indiqué. Avant de préciser que dans le cadre de ce programme et en vu d’apporter sa contribution à la gouvernance du secteur agricole au Mali, la CAD-Mali a initié une étude d’ « impact des financements de l’Agriculture en général et de l’Agriculture Familiale en particulier ». Selon lui, la conférence de presse vise à présenter les résultats de l’étude.

En sa qualité de Coordinateur de coordinateur du « Programme de Mobilisation Citoyenne pour la Gouvernance des Ressources Allouées à l’Agriculture Familiale et à la compétitivité de la production locale »de la CAD-Mali, Sabane Touré est intervenu pour lever un coin du voile sur les résultats de cette étude.

Selon Sabane Touré, cette étude a abouti à un certain nombre de constats. Ce sont : le faible niveau d’information et de sensibilisation des exploitants agricoles sur l’existence des différents fonds (Fonds National d’Appui à l’Agriculture (FNAA), le Fonds de Sécurité Alimentaire (FSA), le Fonds Commun de Contrepartie (FCC)) ; la forte vulnérabilité des exploitants agricoles aux aléas climatiques (sécheresse, inondations, déprédateurs, feu de brousse, changement climatique, etc.) ; les coûts élevés des intrants agricoles (semences, engrais, pesticides, etc.) ; la faible implication des organisations de la société civile dans le suivi-évaluation des projets/programmes de sécurité alimentaire ; l’insuffisance d’approvisionnement régulier et adéquat des magasins de stocks de sécurité ; la faible maîtrise de l’eau dans les exploitations agricoles (rizeries) ; le faible accès au crédit ; le retard dans la mise à disposition des semences agricoles ; le coût élevé de la labellisation des produits agricoles ; l’insuffisance d’encadrement des producteurs en matière d’élaboration des comptes d’exploitation agricoles ; la méconnaissance des opportunités offertes par les marchés (locaux et étrangers) ; le faible suivi des prestataires et fournisseurs d’intrants (semences, engrais) ; et le faible débouchés pour certains produits (tomates, échalotes, pomme de terre, etc.).

Par ailleurs, il dira qu’au titre des investissements dans les aménagements hydro agricoles, que l’étude a mis en exergue un certain nombre de maux. Ce sont : la dégradation des infrastructures hydro agricoles ; les conflits fonciers ; le faible niveau d’entretien et de maintenance des infrastructures ; l’absence d’opérationnalité du dispositif institutionnel de coordination et de suivi des actions de développement ; l’inadéquation des investissements par rapports aux besoins des bénéficiaires ; la faible participation des bénéficiaires dans le processus d’identification, de conception des projets/programmes, la faible implication de la société civile dans le suivi-évaluation des projets/programmes.

En ce qui concerne la mécanisation agricole adaptée au système de production, Sabane Touré dira que l’étude est révélatrice d’un certain nombre de difficultés. Ce sont : l’insuffisance des matériels de mécanisation par rapport aux besoins des exploitants agricoles ; le coût des équipements agricoles élevés (tracteurs, batteuses, décortiqueuses, moto pommes, semoirs motorisés, etc.) ; la faible implication des organisations de la société civile dans le suivi-évaluation des projets/programmes.

Et, comme, il fallait s’y attendre face à un tel chapelet de constats, l’étude a formulé 13 recommandations à l’attention de l’État, 7 recommandations à l’attention des PTF, 2 recommandations à l’État, aux PTF et au secteur Privé, 1 recommandation au Gouvernement et à la Chambres d’Agriculture du Mali, et 1 recommandation à l’attention de la CAD-Mali.

En ce qui concerne les 13 recommandations à l’attention de l’Etat, Sabane touré dira que vont de la prise de mesures (Lois, Décrets, décisions etc.) obligeant les Gestionnaires des Projets/programmes à mettre à disposition des OSC les informations relatives aux Projets/programmes dans un souci de transparence et de redevabilité, à la prise de mesures visant à assurer une meilleure traçabilité de la part des financements des femmes et jeunes dans chaque projet/programme destiné à l’agriculture familiale.

Il a ensuite cité pêle-mêle comme recommandations : de veiller à inscrire une ligne budgétaire dans la Loi de Finances pour assurer le financement du dispositif opérationnel de suivi du secteur Agricole ; d’adapter des mesures strictes de transparence, de redevabilité et de communication dans la gestion des différents Fonds (Fonds National d’Appui à l’Agriculture(FNAA), Fonds de Sécurité Alimentaire (FSA), Fonds Commun de Contrepartie) ; de prendre des dispositions adéquates pour la labellisation des principaux produits Agricoles d’origine malienne (riz, coton, maïs, fruits et légumes etc.) ; de veiller à garantir et alléger les conditions d’accès des petits exploitants agricoles au crédit auprès des Banques et Services de Micro finance pour l’achat des équipements agricoles (tracteurs, charrues, semoirs, moissonneuses, batteuses, décortiqueuses, etc.) ; d’accélérer l’enregistrement et l’immatriculation des Exploitations Agricoles Familiales et des Entreprises Agricoles sur l’ensemble du territoire ; de mettre en place avec les producteurs une Plateforme d’échanges et d’informations sur les opportunités de Marché (semences et produits Agricoles) ; d’exiger plus de qualité et de redevabilité des prestataires de services des périmètres maraichers et des aménagements hydro-agricoles (eau agricole, terre cultivable) avec possibilité de recours pour le remboursement si les ouvrages s’avèrent non adaptés ; de prendre des mesures strictes de bonne gouvernance de gestion des ressources financières destinées à la promotion de l’agriculture familiale ; de rendre dynamique et fonctionnel la base des données des interventions dans le secteur Agricole ; de promouvoir des Projets/programmes sur l’encadrement des producteurs en matière d’élaboration des Comptes d’exploitation agricoles ; et de renforcer les Gestionnaires des aménagements hydro-agricoles dans l’entretien et la maintenance des infrastructures hydro agricoles.

Par rapport aux 7 recommandations formulées à l’attention des partenaires technique, Sabane Touré dira que ce sont : Œuvrer au respect strict des engagements de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’Aide Publique au Développement ; Œuvrer à mieux harmoniser et coordonner les différentes interventions des PTF avec les procédures nationales ; Privilégier le mode de financement conjoint(Etat/PTF) dans le secteur Agricole ; Veiller à l’implication de l’ensemble des acteurs dans toutes les phases de mise en œuvre des Projets/programmes ; Privilégier plus d’investissements conjoints dans l’équipement, les aménagements hydroagricoles et l’accès aux crédits à l’intention des exploitations familiales ; Œuvrer à garantir et alléger les conditions d’accès des petits exploitants agricoles au crédit auprès des Banques et Services de Micro finance pour l’achat des intrants ; et Appuyer le fonctionnement de la base de données des projets/programmes du secteur Agricole.

Selon Sabane Touré, les deux recommandations relatives en même temps à l’État, aux PTF et au secteur Privé, sont : la mise en place d’une base des données consolidées sur les Projets/programmes ; et œuvrer à garantir et alléger les conditions d’accès des petits exploitants agricoles au crédit auprès des Banques et Services de Micro finance pour l’achat des intrants et des équipements agricoles (tracteurs, charrues, semoirs, moissonneuses, batteuses, décortiqueuses, etc.).

Dans le cadre de cette étude, selon le coordinateur du programme, le Gouvernement et les Chambres d’Agriculture du Mali, ont été invités à inciter les gestionnaires des Projets/programmes sur le renforcement de capacités des producteurs en matière d’élaboration des Comptes d’exploitation agricoles.

En sa qualité de commanditaire de l’étude, il a été recommandé à la CAD-Mali de procéder à l’élaboration d’un plan d’action permettant le suivi des recommandations formulées dans le cadre de ces actions de plaidoyer/lobbying auprès de l’État, des PTF et du secteur privé et en synergie avec d’autres organisations de la société civile.

Sur la base d’une telle recommandation, Souleymane Dembélé, en sa qualité de Directeur exécutif de la CAD-Mali, a déclaré que le rapport de cette étude sera le cadre de référence pour les actions futures de la CAD-Mali en matière de suivi des projets/programmes du secteur Agricole en général et de l’agriculture familiale en particulier.

Mais, il faut dire que le Mali a un problème très grave de la mobilisation des ressources disponibles pour enclencher son développement. En effet, cette étude a révélé que de 2014 à 2016, le Mali avait prévu de mobiliser la somme de 2683, 179 milliards de FCFA pour le secteur agricole. Mais, malheureusement, ce ne sont 67% de cette somme qui a pu être mobilisée.

Assane Koné


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