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COUP D’ETAT AU MALI : Qui sont les nouveaux maitres ?

lundi 24 août 2020, par Assane Koné

Désormais, le Mali est dirigé depuis le 18 août 2020 par un Comité national pour le salut du peuple (CNSP), lequel a assuré qu’il engagerait une « transition politique civile », via des élections générales devant se tenir dans un « délai raisonnable » et dans le cadre d’une « feuille de route qui conduira vers un Mali nouveau ».

Et même s’il a dénoncé la politique menée par le président Keïta, le CNSP, composé de cinq officiers supérieurs des Forces armées maliennes (FAMa), a dit vouloir continuer à travailler avec les forces internationales présentes au Mali (Barkhane, MINUSMA, Takuba, Force conjointe du G5 Sahel) et mettre en œuvre les accords de paix d’Alger, dont l’application tarde toujours, cinq ans après avoir été signés par Bamako et les groupes armés rebelles touaregs.

Parmi ces cinq officiers, deux ont subis une formation en Russie, un en France. Ainsi, le colonel-major, Ismaël Wagué, numéro deux de la force aérienne malienne, s’est présenté comme étant leur porte-parole. C’est d’ailleurs lui qui a lu la première déclaration du CNSP.

Le plus gradé des putschistes est le général Cheick Fanta Mady Dembélé. Passé par l’École spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr – Coëtquidan (promotion « General Guillaume » 1990-1993 et l’université de l’armée fédérale allemande, diplômé de l’école d’état-major général de Koulikoro et titulaire d’une licence en histoire de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne ainsi que d’une maîtrise en génie civil, il a été connu à la tête de l’institution de maintien de la paix Alioune Blondin Beye, après avoir été chargé de la gestion des conflits et de la planification stratégique à la Commission de paix et de sécurité de l’Union africaine. Son rôle dans le coup d’État n’est pas encore clair.

Décrit, pendant un temps, comme étant le « nouvel homme fort » de Bamako, le colonel Sadio Camara, né en 1979, a servi dans le nord du Mali jusqu’en 2012. Puis il a pris le commandement de l’académie militaire de Kati. Un poste qu’il a occupé jusqu’en janvier 2020, avant de partir en Russie pour y suivre une formation militaire. Il était revenu, en permission, au Mali au début du mois d’août. Mais contrairement à ce qui a pu être dit quelques heures après le putsch, ce n’est pas lui qui tirerait les ficelles.

Autre officier ayant suivi un stage en Russie, le colonel Malick Diaw était le chef adjoint du camp Soundiata Keïta, à Kati. Celui d’où est partit la « mutinerie ». Il est désormais le « vice-président » du CNSP.

Le dernier officier à avoir été identifié est le colonel Assimi Goita. Dans une courte déclaration devant la presse faite après avoir rencontré les hauts fonctionnaires maliens au ministère de la Défense, il s’est en effet présenté comme étant le « président du Comité national pour le salut du peuple ».

« Le Mali se trouve dans une situation de crise sociopolitique, sécuritaire. Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Nous, en faisant cette intervention hier (mardi 18 aout 2020), nous avons mis le pays au-dessus [de tout], le Mali d’abord », a déclaré le colonel Goita. « Il était de mon devoir de rencontrer les différents secrétaires généraux pour que nous puissions les assurer de notre soutien par rapport à la continuité des services de l’Etat », a-t-il expliqué. « Suite à l’événement d’hier [18/08] qui a abouti au changement de pouvoir, il était de notre devoir de donner notre position à ces secrétaires généraux pour qu’ils puissent travailler », a-t-il insisté.

Priorité : lutte contre le terrorisme

Les informations sur cet officier sont parcellaires. On sait qu’il était le commandant du Bataillon autonome des forces spéciales et centres d’aguerrissement, créé en mai 2018. Cette unité travaille régulièrement avec les forces américaines, en particulier dans le cadre des exercices « Flintlock ». C’est d’ailleurs à l’occasion de l’un d’entre-eux que le colonel Goita a fait parler de lui dans un article publié sur le site Internet de l’organisation « Spirit of America », proche du Pentagone et du département d’État.

Sur les réseaux sociaux, il est dit que le colonel Goita a pris part aux combats de Boulikessi (30 septembre 2019) et qu’il a été fait prisonnier en 2012 à Tinzawatene, dans le nord du Mali, par le Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA, rébellion touarègue], avant d’être libéré.

Même s’il assure n’avoir aucune ambition politique, il reste à voir dans quelle mesure ce dernier a influencé le coup d’État contre le président Keïta, auquel il s’opposait vigoureusement après l’avoir soutenu.

En attendant, le coup d’État va compliquer grandement la tâche des militaires et des diplomates français au Sahel. « Il faut se concentrer sur le retour d’un pouvoir civil et de l’état de droit, avec une autre priorité : ne pas perdre l’engagement dans la lutte contre le terrorisme », a souligné le président Macron, le 19 août.

Reste que le putsch envoie de mauvais signaux. Au Sahel, certaines forces armées ont subi des réformes, quand elles n’ont pas été sciemment affaiblies, pour éviter de les voir se lancer dans un coup d’État [comme cela s’est produit à plusieurs reprises par le passé, comme encore en 2015, au Burkina Faso, ndlr]. Ce qui explique en partie la progression des groupes terroristes dans la région. Or, justement, l’un des aspects de la stratégie française est de développer les capacités de ces forces armées locales pour qu’elles puissent assurer seules le combat contre les groupes armés terroristes [GAT]…

Qu’en sera-t-il désormais ?

Enfin, au-delà des aspects opérationnels, notamment au niveau des relations avec le G5 Sahel et sa force conjointe, le coup d’État malien va sans doute refroidir les partenaires européens de la France [qui n’étaient d’ailleurs pas déjà « très chaud »] à s’impliquer davantage au Sahel, en particulier de la force Takuba.

Source : Apex


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