Societe > Santé sexuelle des adolescentes : AMSOPT ouvre la guerre contre les mutilations génitales féminines, les mariages et (…)

Santé sexuelle des adolescentes : AMSOPT ouvre la guerre contre les mutilations génitales féminines, les mariages et les grossesses précoces

dimanche 19 janvier 2014, par Assane Koné

Dénommée «  événement mobilisateur », une cérémonie s’est déroulée le lundi 13 janvier 2014 au Grand hôtel de Bamako sur initiative de l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (AMSOPT). La rencontre a mobilisé des acteurs œuvrant dans le domaine de la promotion des droits de l’enfance, plus particulièrement les droits de la petite fille.

Interventions des acteurs, sketch sur la situation des filles et adolescentes au Mali, témoignages de victimes de violences faites aux filles, présentation des chiffres clés sur la situation des jeunes et adolescentes, échanges sur la problématique de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescentes, tels ont été les temps forts de la cérémonie qui a pris l’allure d’un plaidoyer.

En guise de mot de bienvenue, Sidibé Kadiatou Maïga, Directrice de l’AMSOPT s’est appesantie sur le pourcentage très important des jeunes de 0 à 15 ans dans la population malienne, soit environ 49%. Elle a indiqué qu’investir dans la thématique des jeunes est gage de développement durable avant d’ajouter que le Mali ne saurait être au rendez-vous de l’horizon 2015 quant à l’atteinte des OMD concernant la réduction de la mortalité infantile et l’amélioration de la santé maternelle, si une attention particulière n’est pas accordée aux jeunes filles et adolescentes qui sont assez négligées par les programmes en matière de santé sexuelle et de reproduction.

C’est ce qui la fera dire que des actions initiées dans le domaine sont insuffisantes pour accompagner une cible, force vive de demain, qui a besoin crucialement de l’appui des décideurs tout comme les ONG et les partenaires. Et la Directrice de l’AMSOPT de sonner sur l’alerte à propos des jeunes filles victimes de violences, de discrimination qui les exposent à des vulnérabilités qui ont pour noms : excision, mariages précoces et ou forcés, viols, exploitation sexuelle, etc.

Le représentant de l’UNFPA, dans son intervention s’est dit honoré de prendre la parole sur des thématiques qui interpellent la conscience humaine allusion faite au mariage précoce et aux mutilations génitales féminines. En se référant aux conventions des droits des enfants selon les Nation Unies, Makane Kane a donné la définition du mariage précoce qui est contracté avant 18 ans. M. Kane a ensuite indiqué pour sa part que selon un rapport de l’UNFPA sur le mariage des fillettes en 2013, plus de 67 millions de femmes dont l’âge aujourd’hui est compris entre 20 et 24 ans ont déclaré avoir été mariées avant 18 ans. Toujours selon le même rapport, dans les 10 prochaines années, plus de 14 millions de fillettes seront mariées avant l’âge de 18 ans. Mieux, sur ce volet, chaque heure qui passe, 1100 filles auront été forcées à se marier à un âge précoce a dit Makane en donnant le chiffre du tableau complet de toutes les régions du Mali : Kayes avec 87%, Kidal avec 84%, Koulikoro avec 78 %, Mopti avec 74%, Sikasso avec 73%, Gao avec 71%, Ségou avec 65%, Tombouctou avec 64% et le district de Bamako avec 54%.

Makane Kane s’est prononcé sur cet autre volet qu’est l’excision. Il dira que lorsque des petites filles sont forcées de se marier contre leur gré, elles ont peu de chance d’obtenir une éducation et d’être plus tard autonomes. C’est ce qui d’ailleurs fait qu’elles meurent le plus souvent pendant l’accouchement ou mettent au monde des nouveau-nés prématurés et malades ou encore exposées à contracter une fistule.

A propos de la lutte contre l’excision, M. Kane a indiqué que sa structure soutient annuellement la société civile malienne à hauteur de 200 millions de francs CFA. Il a rappelé aussi que l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution le 20 décembre 2012 réprimant la pratique de l’excision dans le monde. Cette résolution, a-t-il dit, appelle les pays membres des Nations Unies à adopter rapidement des lois nationales pour faire face à cette pratique qui touchent des millions de femmes et fillettes à travers le monde.

C’est l’avis du Dr Lamine Boubacar Traoré, chargé de programme au Fonds des Nations Unies pour la Population. Ayant soutenu une thèse de doctorat sur l’excision, Dr Traoré pense qu’il faut que l’État malien légifère sur la question et fait appliquer la loi amenant à l’abandon de la pratique.

En présidant la cérémonie, le Chef de cabinet du ministère de la famille, de la promotion de la femme et de l’enfant a laissé entendre que les thématiques sont d’une importance capitale pour un pays comme le Mali. Touré Coumba Maïga quant à elle fera également parler les chiffres : sur les 130 millions de jeunes qui ne vont pas à l’école dans le monde, 70% sont des filles. Aussi, une fille sur 7 dans les pays en développement se marie avant l’âge de 15 ans, 15 à 50% des jeunes filles des pays en développement deviennent mères avant 18 ans, les complications liées à la grossesse constituent l’une des premières causes de mortalité chez les filles de 15 à 19 ans dans le monde.

Coumba Maïga a par ailleurs invité tous les acteurs à prendre part aux activités du 6 février 2014, journée tolérance zéro aux mutilations génitales féminines, marquant la journée internationale contre l’excision. Pour l’édition de cette année qui aura lieu au stade du 26 mars à Yirimadio à Bamako, le thème s’intitule «  les communautés s’engagent  ».

Siaka Z. Traoré

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.