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Pèlerinage aux lieux saints de l’islam : Et, si la cherté était due à des agents d’Etat spéculateurs

dimanche 13 juillet 2014, par Assane Koné

Pour le pèlerinage 2014, un fidèle musulman devra débourser la somme de 2 740 000 FCFA pour la filière gouvernementale, sans la garantie qu’il ne payera plus rien, pour son voyage et 2 800 000 FCFA pour la filière privée, qui dit que tout est pris en compte dans cette somme, même la ristourne de 50 000 FCFA payée aux coxeurs par pèlerins. Que ce soit la filière privée ou que ce soit la filière gouvernementale, vous vous rendez compte que le pèlerinage aux lieux saints de l’islam devient cher d’année en année, sans que le pèlerin malien n’ait la garantie d’un meilleur traitement pendant le voyage et son séjour en Arabie Saoudite. Cette situation inacceptable pousse aujourd’hui, certains experts du secteur à sortir de leur réserve. Boukary Sidibé, Président du Conseil d’administration de l’Agence malienne des services aériens (AMSA), au cours d’une conférence de presse, après avoir décrit les difficultés du secteur, a proposé la création d’un commissariat au hadj qui mettra l’Etat en dehors de la concurrence avec le secteur privé, pour le positionner dans son rôle de régulateur.

Au moment où le pèlerin nigérien débourse 2 500 000 FCFA pour se rendre aux lieux saints de l’islam et celui de la Côte d’Ivoire 2 000 000 FCFA (même si ce pays subventionne l’activité), le pèlerin malien, malgré la pauvreté généralisée doit débourser entre 2 740 000 FCFA et 2 800 000 FCFA, en fonction de la filière, pour accomplir le 5e pilier de l’islam. Boukary Sidibé, Président du Conseil d’administration de l’AMSA, pense que la cherté du pèlerinage au Mali est d’abord due à une mauvaise organisation du pays, à la défaillance de certaines agences de voyage, mais surtout à des agents d’Etat spéculateurs qui sont tapis dans l’ombre et qui profitent de cette activité pour renflouer leur compte bancaire. A travers l’AMSA, Boukary Sidibé est engagé dans les activités du pèlerinage depuis 12 ans. « Depuis 12 ans, nous transportons la moitié des pèlerins de la filière privée au Mali, en aller comme au retour, pour le pèlerinage », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que dans le cadre de cette activité, l’AMSA a été sollicitée en 2007 par la République du Niger et en 2011 par la République de Côte d’Ivoire, pour le transport de leurs pèlerins. Sans oublier que depuis 12 ans, l’AMSA a un quota de 405 pèlerins de la filière privée malienne qu’elle encadre et convoie en Arabie Saoudite pour le pèlerinage. Donc, c’est en expert du secteur que Boukary Sidibé a décidé d’attirer l’attention des autorités maliennes sur un certain nombre de faits qui contribuent à augmenter le prix du pèlerinage au Mali, sans que la garantie de la qualité ne suive. A la question de savoir pourquoi le pèlerinage a un coût exorbitant au Mali, il dira que le prix de la filière privée s’est toujours aligné sur le prix de la filière gouvernemental. Avant d’indiquer que le coût du pèlerinage est déterminer sur la base d’un certain nombre de coûts : transport, logement à Médine et à la Mecque, la restauration, le chèque pèlerin, le passeport, la visite médical et la vaccination.

Spéculation sur l’hébergement et le transport

« Aujourd’hui, le gros du problème, c’est la fixation tarifaire avec la spéculation sur le coût de l’hébergement et du transport aérien », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’au moment où un Etat comme la Côte d’Ivoire a son immeuble qu’il conserve depuis 15 ans et qu’un privé comme l’AMSA a le même immeuble depuis 7 ans, l’Etat du Mali, chaque année fait parti des missionnaires en Arabie Saoudite pour aller chercher des bâtiments. Boukary Sidibé a rappelé que l’Etat du Mali avait un contrat sur 5 ans avec un saoudien. Ce contrat est arrivé à terme en 2012, sans que le Mali n’ait pu renouveler le contrat. « Et, maintenant chaque année, ceux qui vont chercher les maisons pour les pèlerins maliens, n’hésitent pas à spéculer sur les prix », a-t-il accusé. Avant de dénoncer une grande incongruité au niveau de la compagnie qui transporte les pèlerins maliens. « Au moment où la compagnie Nas Air propose à l’Etat de transporter un pèlerin 1 340 000 FCFA, elle passe des contrats avec des privés maliens pour moins d’un millions pour le transport d’un pèlerin », a-t-il révélé. Avant d’ajouter qu’il est important que les plus hautes autorités maliennes sachent cela. « Il est grand temps qu’on sorte de ça. On ne peut pas continuer à accepter ce genre de choses pendant tout le temps », a-t-il indiqué. Convaincu qu’il y a aujourd’hui une volonté politique pour changer les choses dans le sens de leur maîtrise, il pense que les autorités du pays doivent chercher à savoir ce qui se passe réellement dans le domaine du pèlerinage pour que les maliens se donnent la main pour une meilleure organisation des éditions prochaines. Boukary Sidibé pense qu’il y a une volonté manifeste de l’Etat ou du reste de certains agents de l’Etat, à commercialiser le pèlerinage. A titre d’exemple, il dira que chacun des 9 000 pèlerins maliens payent la somme de 20 000 FCFA à la Maison du Hadj, qui n’offre aucune commodité particulière. Selon lui, il paye aussi la somme de 30 000 FCFA de taxe aéroportuaire sans pouvoir utiliser les installations de l’aéroport. « Nos pèlerins payent 30000 FCFA sans motif, parce que les cars les transportent de la ville de Bamako jusqu’au pied de l’avion, ils ne transitent pas par aucune salle d’attente de l’aéroport », a-t-il dénoncé. Avant de s’élever contre le coût du transport Maison du Hadj-aéroport. « Chaque pèlerin paye 4000 FCFA pour l’aller et le retour entre la Maison du Hadj et l’aéroport », a-t-il indiqué. Face à tous ces problèmes, il a suggéré à l’Etat malien de prendre toutes les dispositions pour la création d’un Commissariat du Hadj qui sera la structure compétente pour la question du pèlerinage. Il pense que l’Etat doit sortir de la concurrence avec le privé, pour reprendre sa fonction de régulateur et de suivi du cahier de charge qui sera imposé à toutes les agences de voyage avec une rigueur exceptionnel pour le bonheur des pèlerins maliens.

Assane Koné

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