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Malnutrition au Mali : Les résultats de l’analyse IPC 2024, pas du tout rassurants

lundi 14 octobre 2024, par Assane Koné

De novembre 2024 à Μαi 2025, si rien n’est fait, en termes d’actions fortes pour lutter contre la malnutrition, plusieurs Cercles du Mali, risquent de se retrouver dans des situations difficiles. La révélation a été faite le 4 octobre 2024, au Grand hôtel de Bamako, lors de la cérémonie officielle de présentation des résultats de l’analyse IPC de la malnutrition aiguë au Mali.

Placée sous le haut parrainage du Ministre de la Santé et du développement sociale, la cérémonie a été présidée par le secrétaire général du ministère de la santé et du développement social, accompagné par Sylvestre Tapsoba de l’UNICEF.

« Faire de ces résultats un nouveau départ pour prendre à bras le corps la lutte contre la malnutrition aiguë au Mali », est le vœu qu’a formulé Sylvestre Tapsoba de l’UNICEF.

Pour sa part, le Secrétaire général du Ministère de la santé et du développement social, a dit tout le plaisir pour lui de recevoir les résultats de l’analyse de la nutrition. Selon lui ces résultats, orientés clairement sur la situation de cette problématique dans notre pays, vont guider la prise de décisions futures. Il a admis que la situation nutritionnelle dans notre pays est assez préoccupante depuis une décennie liée d’une part au réchauffement climatique avec une pluviométrie insuffisante et/ou délocalisée qui affecte notre productivité agricole et donc la sécurité alimentaire, et d’autre part le contexte sécuritaire avec son fléau de population déplacée des zones de production.

Selon lui, depuis 2018, le ministère de la santé à travers la Direction Générale de la Santé et de l’Hygiène Publique/ sous-direction de la nutrition avec l’appui de l’INSTAT, du cluster nutrition et des partenaires, organise l’analyse de la sévérité de la malnutrition aigüe à travers l’outil IPC AMN, pour avoir une idée de l’ampleur de la situation en phase actuelle et projetée. « Force est de reconnaitre que beaucoup de cercles restent en urgence nutritionnelle », a-t-il déclaré.

Il a rappelé que face à cette situation dramatique, les autorités du pays n’ont ménagé aucun effort pour juguler cette crise silencieuse qu’est la sous nutrition. Selon lui, avec l’appui des partenaires, le pays s’est doté d’une politique nationale de nutrition, d’un plan multisectoriel de lutte contre la malnutrition avec les organes afférents et le plan de communication nécessaire. « Car nous sommes convaincus que pour vaincre ce fléau, il faut de la multisectorialité », a-t-il ajouté.

Selon lui, en publiant aujourd’hui les résultats de l’analyse des phases intégrées de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition aiguë (IPC en Sigle), 5e édition, le Mali a une photographie de la situation et l’ampleur du problème pour cette année 2024, mais aussi une vision sur la projection jusqu’en mai 2025.

Sans rappeler les conséquences de ce fléau pour nos enfants en particulier et pour toute la nation malienne en général, il a estimé que nous ne devons pas rester inactifs et devons renforcer toutes les activités de prévention de la malnutrition à travers la plateforme Communautaire, et soutenir l’offre de soins en nutrition au niveau de chaque CSCOM du pays. « L’ampleur du problème de la malnutrition et le contexte fragile dans lequel se mène ce combat, nous oblige à être à la pointe des technologies et des méthodes efficaces et efficientes », a-t-il déclaré. Avant d’exhorter la Direction Générale de la Santé à avancer dans la révision et la mise à jour des documents, et autres stratégies innovantes pour accroitre la couverture et augmenter la qualité des services de prévention et de prise en charge de la malnutrition. « Nous sommes convaincus qu’une enfance sans malnutrition est le socle du développement du Mali Koura, que nous forgeons », a-t-il déclaré.

Ensuite, Mme Traoré Alima Djourté de la sous-direction nutrition a procédé à la présentation des résultats de l’IPC MAN 2024. Au titre des facteurs contributifs majeurs de la malnutrition aiguë, elle a rappelé la situation sécuritaire, avec l’activisme des groupes armés, qui est susceptible de limiter davantage les activités des secteurs spécifiques et sensibles à la nutrition. Elle a aussi dénoncé les pratiques alimentaires inadéquates, à travers des facteurs comme : la Diversité Alimentaire Minimale (MDD) : 2,83% à 28,05% ; la Fréquence Minimale des Repas (MMF) : 30% à 88,57% ; le Régime Alimentaire Minimal Acceptable (MAD) : 1,21% à 21,34% et l’Insécurité alimentaire aiguë élevée et récurrente (1 372 224 Millions en Phase 3+ CH entre Juin et Aout 2024). Sans oublier les Services d’eau, hygiène et assainissement qui sont très inadéquats, avec une utilisation de toilettes traditionnelles de 13,8% à 99%.

Pire, elle dira que les inondations en cours seront susceptibles d’affecter les conditions d’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement durant la période projetée. « Cette situation pourrait accroitre les risques des maladies d’origine hydrique », a-t-elle mis en exergue.

Elle a aussi dit qu’il ne faut pas perdre de vue les prévalences élevées des maladies infantiles (Diarrhée : 3,78% à 19,25% ; Paludisme de 8,9% à 37,76% ; IRA : 5,72% à 50,47%) confirmer par les tendances haussières des données DHIS 2 : 2021 ; 2022 et 2023. Pour ce qui concerne la Couverture de la vaccination, elle a indiqué que la Supplémentation en Vitamine A en routine est de 32,80% à 96,57%. Elle a terminé par la faible couverture des interventions nutritionnelles à cause de l’accessibilité (état des routes, situation sécuritaire...).

Pour ce qui concerne la classification de malnutrition aigüe, actuelle, c’est-à-dire de juin à octobre 2024, elle a indiqué que ce sont : 29 cercles qui sont en phase 2 (alerte), au lieu de 14 cercles comme en 2023 ; une région et 13 cercles sont dans la phase (3 sérieuse), contre 36 cercles en 2023 ; 8 cercles et 3 sites de personnes déplacées internes sont dans la phase 4 (critique), contre 1 région, 4 cercles et 4 sites de personnes déplacées internes et un site de personnes déplacées internes de Gao est dans la phase 5 (extrêmement critique), contre zéro en 2023.

Pour la phase projetée de novembre 2024 à mai 2025, elle dira que le Mali aura 33 cercles dans la phase 2, contre 26 cercles en 2023-2024 ; 8 cercles en phase 3, contre 25 cercles en 2023-2024 ; une région, 9 cercles et 4 sites de personnes déplacées internes, contre 3 cercles.

Assane Koné


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