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La Journée Internationale des Migrants : L’AME s’oppose à tout accord de réadmission avec l’UE
mardi 20 décembre 2016, par
L’AME invite l’Etat malien de ne signer aucun accord qui favoriserait l’expulsion, le retour forcé déguisé en retour volontaire des migrants maliens.
Déclaration de l’AME lors de la célébration de la Journée Internationale du Migrant
La Journée Internationale des Migrants (JIM) célébrée le 18 décembre de chaque année par les différents acteurs de la migration est un moyen symbolique d’avoir une pensée pour toutes les victimes des politiques et mesures discriminatoires prises par des Etats à l’encontre des migrants dans le monde. La célébration de cette journée permet également de développer des actions de solidarité avec les migrants en détresse.
En novembre 2016, le sommet des chefs d’Etats et de Gouvernements qui a eu lieu à la Valette (Malte) a été organisé pour faire face au problème de l’arrivée massive des migrants en Europe. Mais une fois de plus cela a été une occasion ratée pour poser les vraies questions et trouver les vraies solutions aux causes des départs forcés et dont les différents drames humains dans la Méditerranée et dans le Sahara en sont les conséquences. La solution pour mettre fin à ces tragédies humaines demeure le développement intégral et la libre circulation que refuse d’accepter l’Europe malgré la faillite des politiques sécuritaires et la restriction d’octroi de visas de séjour qu’elle a mise en œuvre ces dernières années contre les migrants.
Cette journée nous offre l’occasion d’expliquer à l’opinion publique nationale et internationale la situation difficile que vivent nos compatriotes dans les pays de transit et d’accueil et aussi les relations de nos autorités avec l’UE en matière de migration. C’est ainsi que nous avons choisi de mettre l’accent sur :
1. Le cas des maliens d’Algérie : L’arrestation et l’expulsion violentent des migrants maliens en Algérie ;
2. Les relations Union Européenne-Mali en matière de migration : Accord de réadmission. Partenariat avec les pays tiers : ’’les migrations compact’’
En effet, Depuis le 03 décembre 2016, l’Algérie a procédé à une vague d’arrestation de migrants subsahariens à Alger. Ainsi, plus de 1 500 migrants subsahariens ont été brutalement arrêtés et expulsés à Tamanrasset dans les conditions inhumaines et dégradantes pour être par la suite conduits vers la frontière nigérienne. Le nombre de 266 migrants maliens ont été recensés dès leur arrivée ici à Bamako.
L’AME est profondément préoccupée par cette situation mais aussi et surtout par le silence des autorités maliennes face à ce comportement d’un pays avec qui le Mali entretient de ‘’bonnes relations’’.Raison pour laquelle, nous demandons aux autorités maliennes de convoquer l’Ambassadeur d’Algérie au Mali pour qu’il donne des explications par rapport aux vagues d’arrestations et d’expulsions de Maliens vivant en Algérie.
L’AME rappelle tout simplement que la contribution des migrants au développement socio économique du pays est plus importante que n’importe quelle autre aide y compris l’aide publique au développement, d’où la nécessité absolue de protéger nos ressortissants partout où ils se trouvent dans le monde.
Par rapport aux relations Union Européenne-Mali en matière de migration, l’actualité porte sur une éventuelle signature d’un accord de réadmission.
Pour notre part, l’inquiétude ne se situe plus au niveau de la signature ou pas d’un accord de réadmission, mais plutôt d’une « coopération » globale en matière migratoire, où il est clairement signalé que la priorité est le retour des migrants par différents autres moyens. Parmi ces moyens, il y a justement le cas très emblématique du laissez-passer européen qu’on peut appeler « document européen unique de retour ». Ce document qui n’a aucune base juridique est déjà mis en application par certains pays européens comme la France et la Suède. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les missions « d’identification » qui vont être menées par des officiels des pays tiers « partenaires » dans plusieurs États membres de l’UE. Les officiels maliens ont déjà effectué une mission en Allemagne dans ce sens. Alors, ce ne serait plus une mission relevant des consultas mais on peut penser que des officiers (maliens, en l’occurrence), viendront en France ou dans d’autres pays d’Europe pour procéder à des opérations d’identification comme nationaux des personnes qui font l’objet d’une décision administrative d’éloignement.
Il existe aussi comme mesure d’empêchement des migrants, l’utilisation de la biométrie et l’amélioration des registres d’état civil des pays concernés et nous constatons tous les efforts faits dans sens au Mali.
Le piège pour les organisations de la société civile serait de se focaliser uniquement sur la non signature d’accord de réadmission. Les autorités maliennes pourront toujours affirmer qu’ils n’ont jamais signé un accord de réadmission, mais pour autant l’expulsion, le tri, le retour forcé ou planifié des migrants se feront à travers d’autres types d’accords que les pays africains vont signer individuellement avec l’UE. Elle a bien compris que la question des accords de réadmission est devenue très sensible aux yeux des opinions nationales africaines et surtout au Mali.
Dans nos pays, un mécanisme de contrôle des flux migratoires dans nos frontières est opérationnel grâce à l’appui de l’UE, nous avons la création des centres dits d’accueil des migrants, gérés par l’OIM, notamment celui d’Agadez au Niger et l’octroi du matériel divers pour mener à bien ces tâches comme au poste frontalier d’Ayorou au Niger également.
Ce sont donc sur ces questions que nous pensons qu’il faille que nous continuions d’être vigilants sans oublier bien évidemment l’éventualité des nouveaux accords de réadmission.
L’AME recommande :
A l’Etat malien de défendre et de préserver les droits et les intérêts des migrants maliens partout dans le monde ;
A l’Etat malien de ne signer aucun accord qui favoriserait l’expulsion, le retour forcé déguisé en retour volontaire des migrants maliens ;
A l’Union Européenne d’éviter de mettre la pression sur les autorités africaines en général et maliennes en particulier en conditionnant l’aide publique au développement ;
A l’UE d’arrêter la catégorisation des migrants (économiques et réfugiés) et la stigmatisation des migrants africains ;
A certains Etats africains comme l’Algérie, la Mauritanie, le Gabon et la Guinée Equatoriale d’arrêter la violation des droits fondamentaux des ressortissants maliens vivants sur leur territoire.
Bamako, le 18décembre 2016
Le Président de l’AME
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