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L’AME dénonce les expulsions de maliens

mercredi 6 avril 2016, par Assane Koné

Depuis la fin de l’année dernière (2015), nous assistons au Mali à des vagues d’expulsions, de refoulements et de rapatriements de nos ressortissants d’Asie, d’Europe et même du continent africain. Ce problème récurrent de refoulements, d’expulsions et de rapatriement de migrants maliens s’accentue de jour en jour et devient de plus en plus préoccupant. Ainsi, les maliens sont expulsés, refoulés ou rapatriés principalement de l’Arabie Saoudite, de la Guinée Equatoriale, du Gabon, de l’Angola, de la Libye, d’Espagne et aujourd’hui de la Mauritanie.

La lutte contre l’immigration dite illégale constitue une priorité dans la politique mise en place par l’Union Européenne qui présente cette forme de migration comme un fléau dangereux à combattre. Cette attitude de l’Union Européenne constitue à se focaliser sur les conséquences sans se soucier des causes profondes du phénomène de la migration. Alors que les raisons qui poussent nos compatriotes à partir sont connues, il s’agit du manque d’emploi des jeunes, de leurs situations économiques et professionnelles difficiles et surtout du manque de perspective qui caractérisent leur quotidien.

La distinction ou la catégorisation des migrants (économiques et demandeurs d’asile) par l’UE est une mauvaise lecture de la situation et ne contribue pas à la réduction du phénomène de flux vers l’Europe.

L’Association Malienne des Expulsés (AME) pense qu’il appartient aux autorités du Mali de mettre l’accent sur la résolution des problèmes de chômage et l’amélioration des conditions de vie des citoyens pour espérer sur une éventuelle fin de la forme de migration qui met la vie de nos compatriotes en danger et qui les expose à des violations des droits dans les pays de transit et de destination.

Pour rappel, la diaspora malienne contribue significativement à l’amélioration des conditions de vie par l’envoi des fonds importants à la famille, les investissements humains et financiers pour la réalisation des infrastructures (constructions d’écoles, de centres de santé, de routes, de mosquées) sans oublier l’amélioration d’accès à l’eau potable à travers des réalisations hydrauliques.

La diaspora malienne est donc un soutien inestimable pour l’économie nationale etdépasse largement l’aide publique au développement octroyé au Mali par les partenaires financiers. Pour la simple raison que cet investissement n’est ni un prêt, ni remboursable.

Le Sommet de la Vallette sur la migration tenu en Novembre 2015 a réuni les Chefs d’Etat ou de Gouvernement Européens et Africains pour le renforcement de la coopération et pour relever les défis de la migration. Le Sommet a donc adopté une déclaration politique et un plan d’action en cinq points dont certains sont contre les intérêts des migrants. Il s’agit de la création annoncée d’un centre d’accueil, de formation professionnelle et d’orientation des migrants à Agadez au Niger qui laisse craindre une remise en cause de la libre circulation dans l’espace ouest africain entérinée par les protocoles de la CEDEAO. Ensuite, le point relatif au retour, réadmission et réintégration des migrants. Ce point est aussi inquiétant, car il demande aux Etats de coopérer dans la réadmission de leurs ressortissants migrants.

Cette autre inquiétude de l’AME est relative à la mise en place d’antennes d’accueil, d’information et d’orientation des maliens de l’extérieur initié par le gouvernement du Mali. L’AME s’interroge sur la pertinence de la mise en place de ces antennes au niveau des postes frontaliers du Mali et qui risquent de se transformer en postes gendarmes de l’U.Epour entraver la libre circulation des personnes et de leurs biens comme le fait déjà une certaine structure dite de contrôle au niveau de l’aéroport international Modibo Keita de Bamako.

Malgré les risques sécuritaires liés à la multiplication des actes terroristes que l’AME condamne avec force, elle reste persuadée que la réponse adéquate à l’afflux migratoire se trouve dans le respect des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles que la plupart des Etats européens refuse de ratifier.
L’AME invite les Etats africains en général et ceux de la CEDEAO en particulier à prendre en compte la nécessité du respect du droit à la libre circulation des personnes et de leurs biens malgré les pressions de l’UE pour la mise en œuvre du plan d’action issu du sommet de la Valette.

Tableau récapitulatif des expulsions, refoulements et rapatriements de janvier à mars 2016

N° Pays Nombre
01 Libye 344
02 Gabon 186
03 Arabie Saoudite 140
04 Mauritanie 50
05 Espagne 48
06 Maroc 31
07 France 19
08 Angola 01
Total 819


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