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Journée de rencontre de l’AME : L’absence regrettable du ministère des maliens de l’extérieur
mardi 31 octobre 2017, par
Dans le cadre du réseau Loujna Tounkaraké sur la migration, L’Association malienne des expulsés (AME) a initié le 31 octobre 2017, à la Maison de la presse du Mali, une journée de rencontre entre l’A.M.E, les Parlementaires, les Décideurs gouvernementaux, et les OSC. La journée était placée sous le thème « La protection des migrants maliens et de leurs biens ». Et ce fut l’occasion d’inviter les états européens à utiliser les milliards injecté à se barricader dans un développement durable en Afrique.
La Journée de rencontre organisée par l’AME se proposait de trouver des réponses à un certain nombre de questions : Qu’est-ce qui peut-être fait pour protéger les migrants maliens dans les pays de transit et d’accueil ? Comment rendre humaines les conditions d’expulsion et de rapatriement de nos compatriotes ? Quel(s) dispositif(s) pour faire face au problème de réinsertion ? Quels sont ou doivent être les rôles des parlementaires, des décideurs gouvernementaux et des organisations des migrants au vu de tous ces enjeux ?
Et, pour l’atteinte des résultats assignés à cette journée de rencontre, l’AME, selon Ousmane Diarra, son Président, a pris toutes les dispositions pour saisir depuis des jours l’Assemblée Nationale, le Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine et le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale.

Mieux, des dispositions avaient été prises pour que l’Assemblée Nationale fasse une communication sur le Sous-thème 1 : « Quel cadre de collaboration entre les parlementaires, le gouvernement et les organisations des migrants pour mieux protéger les personnes migrantes et leurs biens ? ». Selon le programme de l’AME, le Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, devait prendre en charge la communication sur le Sous-thème 2 : « Les conditions d’expulsion et de rapatriement et le respect des droits de l’homme : Rôles respectifs des élus, du gouvernement et des OSC ». Et, enfin, le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, devait entretenir l’assistance sur le Sous-thème 3 : « La liberté de circulation des personnes et de leurs biens dans l’espace C.E.D.E.A.O : Sa mise en œuvre par le Mali ».
Comme, il fallait s’y attendre, loin des préoccupations du peuple malien, et en toute méconnaissance de leur responsabilité de rendre compte au peuple malien, dans un processus de rédévabilité, toutes ces institutions publiques, dans une démarche qui frise le mépris, ont pris la lourde responsabilité d’être absentes, et souvent sans excuses valables.
Deux députés présents, mais l’Assemblée nationale était absente
Néanmoins, il faut signaler que deux députés de l’Assemblée nationale, étaient présents pour la forme. « Je ne vois pas le gouvernement. Et c’est dans la salle que je viens d’apprendre l’objet de la rencontre », a déclaré Boubacar Sissoko, député élu à Kéniéba et Premier vice président du Groupe parlementaire RPM, pour se débiner. Cependant, comme déjà présent dans la salle et sans pertinence dans ses propos, il a raconté une péripétie de sa vie qui l’a conduit sur les pistes migratoires à sa sortie de l’école en 1986. « Je suis enseignant de formation. En 1986, j’ai signé un contrat avec l’Etat gabonais pour aller enseigner au Gabon. Mais, il fallait payer 150 000 FCFA dans un réseau malien et comme je n’avais pas cette somme, je n’ai pas pu fait partir du contingent de maliens qui est allé cette année au Gabon. Déçu, je me suis jeté sur les pistes migratoires à destination de l’Europe et je suis même retrouvé jusqu’en Algérie, avant de revenir au pays », a-t-il raconté. Avant de conclure que la migration est une préoccupation de l’Assemblée nationale, sans trop de précision.
Quant à Makan Oulé Traoré, député élu à Bafouloubé, lui-même ancien migrant, a indiqué que ce sont les difficultés au mali qui poussent les jeux maliens dans des projets migratoires. « Nous allons nous battre pour trouver des solutions aux problèmes de la jeunesse malienne », a-t-il déclaré, dans une phrase qui n’est pas loin de la démagogie. En effet, le député n’a développé aucune action concrète qui pourrait permettre la résolution des problèmes de la jeunesse malienne.
Et, comme nos deux députés ne représentaient que leur propre personne dans la salle, ils ont profité d’un moment d’inattention pour s’éclipser.
Il faut dire que l’absence des animateurs des institutions maliennes à cette rencontre, a été mis à profit pour enregistrer des témoignages poignants d’un certains nombre de maliens récemment expulsés de la Libye, de l’Algérie, des Etats-Unis, de la Lettonie. Tous les témoignages ont accablé les agents consulaires maliens. « On se demande souvent si ceux qui représentent le mali dans les pays de transit ou d’accueil des migrants savent pourquoi le pays les à désigner ? », s’est interrogé un intervenant.
Thierno Adi Thiam, au nom de la commission nationale des droits de l’homme (CNDH) est intervenu, pour dire que la CNDH est à disposition de tous les maliens qui se sentent léser de façon individuelle ou collective. Il a ajouté que personne ne peut empêcher la migration et la mobilité des personnes dans le monde et en Afrique. Mais, il a insisté sur la nécessité de réglementer la migration.
Partant du principe que très généralement chaque famille a un ou plusieurs membres ou proches qui vivent à l’étranger et qui contribuent au développement économique du pays où ils se trouvent en comblant les lacunes du marché du travail et en même temps, font des envois de fonds pour renforcer l’économie, en réduisant la pauvreté dans leur pays d’origine, Mr Bane du Haut conseil des maliens de l’extérieur, a invité les maliens à une solidarité autour des migrants.
L’Europe doit investir dans le développement Afrique
Selon lui, « l’apport des migrants dans l’économie du pays d’accueil et d’origine est conséquent », donc les migrants ne méritent pas le traitement qu’on veut leur réserver. Il à inviter les autorités maliennes à être au cœur de l’action pour assister les maliens dans les pays de transit ou d’accueil lorsqu’ils ont des difficultés. « Certains de nos fonctionnaires dans les missions diplomatiques, ne jouent pas le jeu dans la protection des maliens et de leurs biens », a-t-il dénoncé.

Etant donné que les migrants sont souvent confrontés à plusieurs difficultés, pour leur réinsertion, Mr Bane a souhaité qu’il faille que l’OIM arrête de faire parachuter des projets au Mali. Il a aussi, conseillé les Etats européens d’aider aux financements d’actions de développement dans les zones de départ, au lieu d’aller jeter des milliards dans des dispositifs en vue d’empêcher les jeunes africains à accéder au continent européen.
« Aujourd’hui la situation est extrêmement grave », a déclaré Haïdara de la CSDM. Selon lui toutes les difficultés dans la gestion de la migration au mali commence au ministère des maliens de l’extérieur, parce que le ministre n’attache pas un grand intérêt aux maliens de l’extérieur.
Il a même proposé que le ministère change de nom pour devenir ministre de la migration et de l’immigration. Il a aussi plaidé afin que l’état vole au secours de l’AME, qui joue un rôle important dans l’accueil des expulsés au Mali. Il a aussi dénoncé le système qui est mis en place pour exclure les organisations qui font bon boulot au Mali et en Afrique.
« Ces milliards dépensés par les états européens pour se barricader, pourraient aider au développement en Afrique pour éviter que des milliers de jeunes se jettent à la mer dans leur projet d’aller en Europe », a-t-il conclu.
Il faut dire que ce fut une belle occasion pour dénoncer la gestion que l’Union européenne fait du fond fiduciaire de 2, 4 milliards d’euro. Les osc maliennes n’ont pas manqué d’attirer l’attention sur le fait que cet argent risque de ne pas contribuer à la gestion du phénomène. Et des voix se sont levées pour dénoncer des détournements qui font vivre des entreprises européennes, au lieu d’aider à l’atténuation du phénomène migratoire.
Assane Koné
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