Le Centre Sogolon a accueilli, ce vendredi 14 novembre, un moment rare d’émotion et de créativité : la restitution de la formation en art de la marionnette destinée aux enfants en situation de rue. Après trois semaines d’apprentissage intensif, ces enfants, trop souvent négligés, ont offert au public un spectacle captivant, révélant une maturité artistique inattendue et une sensibilité à fleur de peau.

Initiée par la Compagnie Sogolon en collaboration avec le Samu Social Mali, cette formation de trois semaines avait pour objectif d’introduire les enfants à l’art de la manipulation, de la narration visuelle et des techniques de conception de marionnettes. Guidés par des artistes-marionnettistes aguerris dont Yaya Coulibaly fondateur de la compagnie sogolon, les participants ont appris les bases de la fabrication, de l’animation et de la mise en scène.

Cette étape de découverte a rapidement laissé place à un travail plus profond : celui de donner forme à des personnages qui racontent des histoires. La seconde phase de la formation, consacrée entièrement à la fabrication des marionnettes, a été particulièrement marquante. Les enfants ont façonné, peint, imaginé et créé des figures empreintes d’une grande expressivité.

Une restitution qui émeut et révèle

Face à un public attentif, les enfants ont présenté des scènes courtes, mais puissantes, mêlant humour, douleur, espoir et poésie. Leurs marionnettes, finement conçues, ont pris vie dans des récits inspirés de l’actualité. Chaque geste, chaque réplique, chaque mouvement témoignait de la progression technique acquise durant la formation : coordination, rythme, expressivité, mais aussi travail d’équipe et confiance retrouvée.

Le public, composé de familles, d’acteurs culturels, de partenaires sociaux et d’amis du Centre, n’a pas dissimulé son émotion. Dans une société où ces enfants sont trop souvent réduits à des silhouettes dans les rues, la scène du Centre Sogolon leur a offert un espace de reconnaissance, d’écoute et de valorisation.

L’art comme refuge

Au-delà de la performance artistique, cette restitution a mis en lumière les enjeux profonds du projet. La marionnette, par sa dimension ludique et expressive, devient ici un outil thérapeutique permettant aux enfants de verbaliser autrement, de prendre distance, de sublimer des expériences parfois traumatisantes.

Pour la Compagnie Sogolon comme pour le Samu Social, ce type d’initiative démontre combien la création artistique peut contribuer à la reconstruction personnelle, à l’estime de soi et à l’ouverture vers de nouvelles perspectives.

La réussite de cette première étape ouvre la porte à une dynamique plus large : accompagnement artistique sur le long terme, intégration de nouveaux ateliers, ou encore création d’un spectacle collectif plus abouti. Les enfants, désormais portés par une nouvelle énergie, se projettent déjà dans la suite.

En attendant, la restitution du 14 novembre qui a enregistrée la présence de plusieurs autorités à savoir le directeur régional de la Culture du district de Bamako, représentant du Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, le directeur du Samu Social, le représentant du chef de bureau de l’Unesco au Mali… restera comme un moment fondateur : celui où des enfants en situation de rue, souvent relégués en marge, ont prouvé qu’ils pouvaient toucher, émouvoir et inspirer par la force de leur imaginaire.

Issouf Koné