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Esclavage au Mali : PROMODEF au service des femmes victimes

mercredi 16 septembre 2020, par Assane Koné

Le mardi 15 septembre 2020, l’association pour la promotion juridico-économique de la femme et de l’enfant (PROMODEF), a organisé une conférence débat sur le phénomène de l’esclavage sous le thème : « autorités du Mali la situation des femmes esclaves de Kaarta vous interpelle ». Elle s’inscrit dans le cadre du projet ‘’YAGARE M’PAKE’’, en partenariat avec l’Union européenne via son programme HIBISCUS.

Il s’agit d’informer l’opinion national et international sur l’état de la situation de l’esclavage au Mali en général et dans la région de Kayes en particulier, mener la réflexion sur les mesures à entreprendre, amener les autorités administratives, politiques et religieuses du pays y compris celles de la première région, à jouer pleinement leur rôle et responsabilité dans la réponse à la détresse de personnes marginalisées et brimées dans leur physique et leur morale en lien avec la pratique esclavagiste.

Selon Oumou Bolly Diallo, présidente de l’association pour la promotion juridico-économique de la femme et de l’enfant (PROMODEF), en octobre 2019, dans le cadre d’une de ses missions de suivi dans le cercle de Kita et plus précisément dans la commune de Souransan, son équipe a rencontré une communauté de réfugiés victimes de la pratique de l’esclavage dans la commune de Kaarta. 33 familles comptant 1222 personnes dont 654 femmes/filles ont fui les sévices de l‘esclavage pour se mettre à l’abri à Souransan. A la date d’aujourd’hui, cette population s’élève à 1484 déplacés dont 768 femmes. D’après les témoignages d’une victime de 60 ans ayant été violée par 5 jeunes garçons maitres (nobles) pendant cinq (5) jours, les soi-disant esclaves n’ont pas de mots à dire ni de porte-parole, ni de choix, à plus forte raison le droit de propriété.

Mme Diallo a révélé que, ce sont les maitres (nobles) qui disposent de leurs biens, de leurs enfants ainsi que de leurs femmes. « Un esclave quitte son foyer s’il voit les chaussures d’un noble à sa porte (signe pour lui que ce dernier est entrain de coucher avec sa femme, alors, il se doit de déguerpir le lieu pendant ce moment. Pour elle, le tableau ci-dessus est assez sombre et paradoxal étant donné que le Mali est partie prenante à plusieurs accords au niveau international, régional et sous régional, qui garantissent les droits Humains et spécifiquement les droits et libertés des femmes et des filles, y compris les accords internationaux condamnant l’esclavage.

Aux dires de la présidente de PROMODEF, l’Etat doit s’assumer face à de telles situations, pour que les gens reviennent dans leur droit, pour mettre fin à ces exactions. De faire en sorte que les Maliens arrêtent d’appeler d’autres sous le nom ‘’esclave’’. « Les femmes vivent cette situation d’esclavage de façon pénible à plusieurs égard, en tant que femme et en tant que maman », a-t-elle déclaré. Des mesures doivent être prises pour que ces gens reviennent dans leurs droits, pour la paix et la quiétude dans la région de Kayes.

Pour sa part, Aguibou Bouaré, président de la CNDH, a estimé qu’il faut sensibiliser, attirer l’attention des uns et des autres sur les textes qui interdisent l’esclavage. Selon lui, il faut que l’Etat joue son rôle de protecteur de toutes les personnes et d leurs biens sur le territoire Malien. A ce titre d’exemple, il a suggéré que la justice doit jouer son rôle en cas d’infraction à la loi. Malgré la synergie de la CNDH, le phénomène de l’esclavage par ascendance au Mali atteint son paroxysme dans un contexte marqué par des abus et violences graves des droits de l’homme de façon récurrente. D’après lui, au premier plan, ce trouve les femmes, les enfants et les personne âgées sans défenses.

« Nous avons hébergé des gens qui ont été victimes d’esclavage. En janvier 2019, on a reçu une famille de 66 membres. De cette date à maintenant, le phénomène ne fait que prendre de l’ampleur. Il y a 1620 déplacées dont 839 femmes dans le village de Mambri. Ces familles qui sont victimes d’esclavage accompagné de violence physique, ont fui le traitement inhumain de la part de leur soi-disant maître. L’Etat n’a pratiquement rien fait, c’est ce qui a compliqué la situation. Si on n’avait sanctionné les soi-disant maîtres, certains répondraient de leurs actes. », a indiqué Moisiry Coulibaly, maire de la commune de Souransan.

Ben Cherif Diabaté, conférencier, a estimé que dans la gestion de problématique de l’esclavage aujourd’hui, chacun a un rôle à jouer, notamment, les de chefs de village, les religieux, les autorités coutumières et traditionnelles. Cela nécessite, selon lui, une concertation organisée avec la participation et l’implication active de tous. Il a estimé que certaines personnes sont mieux placées pour parler de certaines choses en ce qui concerne l’esclavage. « Certains esclaves sont en harmonie avec leur maître, d’autres sont traités avec violence. On doit murement réfléchir sur ce problème, chercher à comprendre et à connaître les causes et les personnes concernées, car la réalité des localités n’est pas la même », a-t-il estimé.

Bintou COULIBALY


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