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Bako Dagnon n’est plus : Rokya Traoré lui rend hommage

dimanche 12 juillet 2015, par Assane Koné

Bako Dagnon a été arrachée à l’affection du Mali au moment où on s’y attendait le moins. Rokya Traoré lui rend hommage.

Il fut une époque, dans une partie de l’Afrique de l’ouest, où les réalités d’une vie partagée par des personnes d’ethnies et de cultures différentes ont mené à une organisation sociale complexe et structurée, avec des variantes selon les royaumes, les régions.

Les Garankés (Maîtres maroquiniers dont les femmes s’occupaient, selon les régions, d’esthétique : tatouage, piercing, tresses) les Djélis(maîtres de la musique et de l’histoire dans des sociétés de tradition orale) , les Noumous (maîtres du feu et du fer), les Founès (maîtres de la parole rapportée, en charge de la diplomatie)… faisaient tous partie d’une organisation où il n’y avait pas de notion de supériorité, mais il s’agissait de respect des règles établies selon lesquelles chaque groupe d’individus, de familles ainsi désigné par l’organisation sociale avait de génération en génération un rôle utile au sein de la société, dont le respect des règles assurait l’harmonie malgré les différences et les conflits d’intérêt.

Au fil du temps la société malienne, malgré son attachement aux valeurs ancestrales, à bien changé. La majeure partie d’entre nous avons oublié les fondements même de ces rôles, leurs règles, les devoirs et la discipline qu’ils imposaient.
À présent les Djélis, Noumous,Founès, Garankés, Mabos… sont tous désignés comme étant des griots. Alors, qu’est ce qu’un griot ? Quelle relation existe encore entre cette expression « griot » et notre ancestrale organisation sociale ?

Ces questionnements m’ont amené à approcher deux personnes : Ousmane Sacko, puis Bako Dagnon.

En complément à mes lectures et mes discussions avec des historiens, ils m’ont apporté leurs témoignages précieux. J’ai eu le privilège d’interviewer chacun des deux, de discuter avec eux, J’ai eu la chance de composer de la musique pour des textes d’Ousmane Sacko et de chanter avec lui.

Cette semaine, après Ousmane Sacko décédé il y a quelques années, c’est Bako Dagnon qui nous a quitté à jamais.

Elle n’était pas n’importe quelle des grandes griotes talentueuses aux puissantes voix. Elle était parmi les dernières Djéli mousso à être consciente de la grandeur et la valeur du rôle d’un Djéli au sein de la société, et de l’importance du respect des règles.

Elle était parmi les rares maliens qui parlent encore de règles à rétablir et de respect par tous, riches et pauvres, puissants ou misérables, de ces règles, au sein de la société malienne.

Je me sens privilégiée d’avoir pu l’approcher, lui poser des questions, l’écouter, l’enregistrer.

Ma tristesse aujourd’hui est grande de réaliser qu’il y a un an, lorsque cette photo a été prise, je lui rendais visite pour la dernière fois.
Merci Dagnon djéli, pour l’enseignement que tu nous laisses, merci. Repose en paix.

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