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« BICIM Amie des Arts » : Une exposition qui salue le courage d’oser le changement chez 5 artistes maliens

samedi 10 février 2018, par Assane Koné

« Aujourd’hui, plus que jamais, dans un contexte mondial complexe, l’art, par sa capacité à rassembler et à redonner l’espoir à tous les peuples, se doit d’être soutenu. Il est notre devoir à tous, au Mali, de changer notre vision sur le monde de la création. Un pays qui libère sa vision vers le futur est un pays qui se modernise ». Cette déclaration a été faite par Souleymane Cissé, icône du cinéma malien, le 8 février 2018, lors du vernissage de la 1re édition de l’exposition « BICIM Amie des Arts ».

Intitulée « Se trouver », la 1re édition de l’exposition « BICIM Amie des Arts », dont le parrain est Souleymane Cissé, durera du 8 février au 8 mars 2018, au siège de la BICIM. Elle regroupe les œuvres de cinq artistes plasticiens maliens, engagés à écrire les belles pages des arts plastiques au Mali.

Sous la direction de Astrid Sokona Lepoultier, Consultante en Art et Commissaire de l’exposition « BICIM Amie des Arts », les œuvres du célèbres et éminent Abdoulaye Konaté, ancien directeur du conservatoire Balla Fasséké, tutoient celles de plus jeunes artistes plasticiens maliens que sont : Amadou Sanogo (peintre), Noumouké Camara (Dessinateur et peintre) et Souleymane Ouologuem (peintre). Il faut dire qu’un espace de choix a été réservé à Cheick Diallo, célèbre designer malien, dont les œuvres parcourent le monde pour faire la promotion du « Made in Mali ».

« Cette exposition est un moyen de promouvoir nos artistes pour donner encore plus de visibilité au marché de l’art local et contribuer à révéler le potentiel économique et social inhérent au secteur de la création », a indiqué Samir Mezine, Administrateur Directeur général de la BICIM.

Pour sa part, le parrain de l’exposition, Souleymane Cissé, Prix spécial du Jury au Festival de Cannes 1987, Commandeur de l’Ordre national du Mali et Commandeur des Arts et des Lettres de France, a indiqué qu’il y a l’art de la poussière, l’art du vent, l’art de la lumière et celui du temps. « Les artistes sèment des grains de poussière qui sont autant de témoignages du temps, de notre époque, de notre société d’hier, d’aujourd’hui et de demain », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter qu’ils insufflent aussi un vent de beauté et de liberté qui illumine notre quotidien. « Les arts du premier au dixième, sont ainsi des vecteurs de l’histoire, de la culture et de l’identité de chaque peuple », a-t-il déclaré.

Il a profité de cet espace qui a enregistré la présence de plusieurs responsables du pays et de plusieurs entrepreneurs, pour faire un plaidoyer pour le soutien à l’art au Mali ; « Aujourd’hui, plus que jamais, dans un contexte mondial complexe, l’art, par sa capacité à rassembler et à redonner l’espoir à tous les peuples, se doit d’être soutenu. Il est notre devoir à tous, au Mali, de changer notre vision sur le monde de la création. Un pays qui libère sa vision vers le futur est un pays qui se modernise », a-t-il déclaré.

Selon Souleymane Cissé, son objectif est de faire comprendre aux institutions publiques et privées que la culture est l’affaire de tous. « Ils ont à leur niveau le devoir sacré de la soutenir, particulièrement les arts plastiques et le cinéma qui souffrent cruellement d’un manque de moyens », a-t-il estimé.

En ce qui concerne les artistes de cette belle exposition qui restera pendant un mois, Souleymane Cissé dira que par la qualité de leurs travaux et l’émotion qu’ils suscitent, font la fierté de l’art contemporain du Mali à travers le monde. « Ils me donnent à penser que l’on peut aller plus loin encore, non pas pour l’art malien, mais pour l’art tout court », a-t-il déclaré. Avant de révéler que le reste du monde se les arrache aujourd’hui, démontrant que l’art participe d’une visibilité autre que celle qu’on a pour habitude de voir dans les médias.

Cinéaste dans l’âme, le parrain ne pouvait pas ne pas jouer le rôle d’un avocat. « Il serait injuste de ma part de terminer cet hommage aux arts sans dire que le 7e art est devenu orphelin de ses salles de cinéma ici au Mali », a-t-il insisté. Avant de dire que les cinéastes maliens, sont impatients de voir développer partout aux Mali des salles de projection pour offrir aux professionnels des espaces d’expression et de partage de la création cinématographique malienne.

« Aboutissement d’une quête identitaire qui permet l’affirmation et l’épanouissement de soi, l’acte de se retrouver est le résultat d’un long processus puisqu’avant de se trouver, il faut se chercher », dira Astrid Sokona Lepoultier, Consultante en Art et Commissaire de l’exposition « Bicim Amie des Arts ».

Selon elle, « l’essence même de la vie est de tendre vers le meilleur et ce n’est qu’en osant l’inconnu, en prenant des risques -celui de se tromper, celui de déplaire, celui d’échouer- que l’on progresse ». Sur ces propos, elle dira que la Banque Internationale pour le Commerce et l’industrie du Mali en est un exemple. Avant de dire que « la dynamique de changements et de réajustements qu’elle entreprend en adéquation avec l’évolution du contexte malien, démontre la créativité et l’aptitude de la filiale malienne de BNP Paribas à être elle aussi ‘’la banque d’un monde qui change’’ ».

En revenant à l’exposition, elle dira que « Se trouver » est une ode à l’audace et à la créativité. Elle précisera que cette exposition repose sur le désir universel de trouver son identité, un désir qui suppose d’oser et d’être inventif. « Si la banque s’est questionnée sur son positionnement quant à son environnement, c’est aussi le propre de l’artiste de s’interroger sur lui-même et sur le reste du monde ».

« Explorer de nouveaux horizons plastiques et thématiques est le b.a-ba pour un artiste qui aspire à se renouveler. En défricheur de nouvelles contrées, l’artiste arpente les sentiers de l’inconnu et déblaie les terrains de nos émotions, de notre imagination et de nos réflexions », a-t-elle déclaré.

Selon la Commissaire, l’exposition réunit cinq artistes et designer qui ont osé tout au long de leurs carrières se réinventer pour mieux forger leurs identités. « Tous n’ont de cesse de transcender les acquis. Car il ne s’agit pas de se trouver un jour, à un instant t, de manière absolue et univoque, mais de se construire au fil du temps », a-t-elle précisé. Avant d’ajouter que « sans l’exhaustivité, l’exposition propose de jeter un œil sur l’évolution de leurs pratiques respectives en montrant les choix opérés jusqu’à devenir qui ils sont aujourd’hui ».

« L’esthétique textile rigoureuse et systématique d’Abdoulaye Konaté et le mobilier métissé et sculptural en matériaux recyclés de Cheick Diallo attestent d’une maîtrise dont seuls l’expérimentation et le temps détiennent les secrets », a-t-elle indiqué. Avant d’ajouter que « les peintures de Souleymane Ouologuem restent profondément liées à l’architecture et à la culture Dogon bien que gagnant en abstraction et en couleurs. En ce qui concerne Amadou Sanogo, elle dira qu’il « développe un art intellectualisé dont l’allure infantile tranche avec le caractère fustigateur qu’il revêt ». Enfin, à propos du travail de Noumouké Camara, la Commissaire de l’exposition dira que ses « dessins stylisés noirs et blancs, sont le résultat de l’exploration d’un ensemble complexe d’influences ».

Cependant, elle reste convaincue que chaque artiste a élaboré une esthétique qui lui est propre et qui traduit le fruit d’un enchainement de paramètres personnels et de recherches plastiques.

« L’exposition présente en parallèle les œuvres qui ont marqué les jeunes années de création de chacun et les œuvres les plus récentes, afin de tenter de mettre en lumière l’idée qu’oser le changement permet de trouver et d’offrir son meilleur soi », a-t-elle conclu.

Pour ce qui nous concerne et en nous fondant sur les propos de Samir Mezine, Administrateur Directeur général de la BICIM, « BICIM Amie des Arts » est à inscrire désormais dans l’agenda culturel du Mali.

Assane Koné


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