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Nouveau gouvernement : Le CDR réclame la tête du PM

lundi 11 juillet 2016, par Assane Koné

Ce n’est pas une surprise : à la faveur du réaménagement ministériel intervenu le jeudi dernier, le porte-parole du collectif pour la défense de la République (CDR), Mohamed Youssouf BATHILY dit « Ras-Bath » stigmatise le maintien du PM à son poste. Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse, animée le même jour. C’était au Carrefour des jeunes de Bamako, où le pourfendeur de Modibo Keïta ne va pas par quatre chemins pour égrener son chapelet de griefs contre le PM.

La conférence était principalement animée par le porte-parole du Collectif. Selon lui, le PM a été pris en flagrante délit de violation de l’article 106 du code pénal relatif à l’atteinte aux deniers publics et de détournement de fonds publics. Les Faits, selon lui, datent d’aout 2015 où le chef du gouvernement a effectué une visite médicale en Algérie. Pour la circonstance, l’Etat du Mali lui a affrété un avion privé qui a couté aux contribuables maliens 60 000 dollars/heure de vol. Sa délégation était composée de 5 personnes. Aussi, l’Etat du Mali avait-il donné à son PM de quoi se faire soigner. Selon le conférencier, il était aussi prévu qu’il soit logé dans l’un des prestigieux hôtels d’Alger. Mais à son arrivée, tout change dans la capitale algérienne d’autant qu’il a été bien accueilli par les autorités algériennes qui lui ont proposé une résidence des hôtes, compte tenu des relations très particulières entre nos deux pays. Une offre sur laquelle le PM KEITA ne crachera pas, selon Ras-Bath. En somme, le PM a séjourné, du samedi au jeudi suivant, dans la capitale algérienne au frais du gouvernement du pays hôte qui a pris aussi en charge les frais de son traitement médical, dont le conférencier ignore le montant, nous a-t-on déclaré.

Frais indus

A la fin de son séjour, Modibo KEITA devrait retourner par l’avion présidentiel du Mali. Mais guéri plutôt que prévu, il a préféré réservé 5 places à Air Algérie en classe affaire en direction de Bamako, a-t-il révélé. Selon les explications du conférencier, cette opération revient beaucoup moins chère qu’affréter un avion pour une seule personne. En effet, le voyage par classe d’affaires revenait à 400 000 F CFA par personne sur Air Algérie, soit environ 3 à 4 millions F CFA pour l’ensemble de son équipe, pendant que l’avion affrété a coûté entre 15 et 17 millions de F CFA aux caisses de l’Etat, a déploré le conférencier.

En plus du gaspillage effectué pour les frais de transport du PM à Alger, Ras Bath, qui n’a pas sa langue dans sa poche, déplore le fait que le chef du gouvernement n’a pas restitué au trésor public l’argent décaissé par l’Etat pour la prise en charge de son séjour algérien (frais d’hôtel, soins médicaux). Des sous qui n’ont pas été dépensés grâce à la générosité des autorités algériennes qui ont pris en charge la mission. Cette pratique, a-t-il fait savoir, est assimilable à une violation des règles régissant les derniers publics dans notre pays. Jusqu’à preuve du contraire, le conférencier croit savoir qu’aucun document comptable relatif à ce voyage n’a été notifié au trésor public. Ces montants qui auraient dû être retournés au trésor, faute de les avoir utilisés semblent prendre une autre direction. Ce qui constitue, selon le conférencier, une violation de l’article 107 du code pénal qui dit à ce propos : « Tout fonctionnaires civil ou militaire, tout agent ou employé de l’Etat, des collectivités publiques, ou des organismes visé… qui aura porté atteinte au bien public par l’un des moyens suivants : soustraction frauduleuse, détournement, abus de confiance, faux et usage de faux ou autres malversations, sera puni des peines prévues au présent article ».

Action devant la justice

L’exemple algérien a poussé le collectif à revisiter les documents comptables d’autres voyages qu’il a effectués au nom de l’Etat du Mali en vue de se rendre compte de l’utilisation faite par lui des deniers publics. Selon le conférencier, le coup joué en Algérie par le PM n’était pas une première. Pour preuve, au Niger, où la délégation malienne a été logée à la villa Abdou DIOUF, ce fut le même traitement illégal. Idem au Rwanda où la délégation a été également prise en charge par les autorités du pays hôte de même même qu’en Ouganda. Selon le conférencier, c’est en Côte d’ivoire seulement que la délégation malienne, logée à l’hôtel Ivoire, a été prise en charge par les frais de l’Etat. Voilà pourquoi Ras Bath juge que le PM actuel est un fossoyeur des derniers publics qui ne mérite pas d’être maintenus à son poste. Il le dit ouvertement en sachant que son prédécesseur, en l’occurrence Moussa MARA, alors ministre de l’Urbanisme, lors de son voyage au Maroc, a reversé au trésor public les frais de son séjour au royaume chérifien, qui ont été entièrement pris en charge par le pays d’accueil.

Pour Ras Bath, ce comportement du chef du gouvernement est contraire aux principes qu’il a lui-même édictés lors de sa déclaration de politique générale du gouvernement à l’Assemblée nationale où il a invité l’ensemble des Maliens au sacrifice de soi pour préserver les maigres ressources du pays après la grave crise de 2012. « Les sacrifice doivent être à la hauteur de l’étendue de la tâche », avait-il prôné. Par ce mot sacrifice, on pensait naturellement à la gestion rationnelle des maigres ressources de l’Etat, a dit le conférencier. Mais, il a fallu quelques voyages à l’étranger, selon lui, « pour qu’on comprenne le sens de ce message du PM aux autres Maliens ».

Pire, selon Mohamed Youssouf BATHILY, sous Modibo KEITA, dans le budget de souveraineté du PM, les frais de mission du chef de l’exécutif sont passés de 1 millions F CFA, sous Tatam LY et MARA, à 3 millions. Pour le CDR, cela est un acte d’une gravité extrême qui a un impact négatif sur la gouvernance du pays. « Aujourd’hui, nous avons un gouvernement où le chef a perdu l’autorité morale », a dénoncé le Ras Bath. Conséquence ? Selon le CDR, chaque ministre peut se permettre des escapades financières sans que le PM ne daigne lever le petit doigt en conseil des ministres.

Pour toutes ces raisons, le CDR estime que la reconduction du PM à la tête gouvernement est une prime à la médiocrité, l’impunité et la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat. Ce qui pousse d’ailleurs les responsables de cette organisation de la société civile à exiger le remboursement intégral par le PM reconduit de tous ses frais indus. Au nom de la transparence publique. Faute de quoi ils réclament sans états d’âme la démission de Modibo KEITA pour atteinte aux biens publics. Aussi, invite-t-il toutes les organisations de la société civile, engagées dans la lutte contre la corruption, à porter plainte contre lui pour ces faits jugés déshonorant aux mœurs publiques.

Par Zié OUATTARA


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