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Village de Sitakourou à Bafoulabé : La gestion d’un litige foncier interpelle les autorités maliennes
mercredi 8 janvier 2014, par
A Sitakourou dans le cercle de Bafoulabé, la mauvaise gestion d’un litige foncier vieux de 2007, risque de mettre le feu aux poudres, si les autorités administratives, politiques et judiciaires du pays ne prennent pas des dispositions urgentes.
« Je demande l’intervention de Monsieur le Présidant de la République pour que l’administration territoriale face son travail avec l’inspection judiciaire pour que la vérité soit mise à jour et que la loi soit appliquée entre les citoyens car nous en avons assez de cette magouille qui freine le développement de notre grand Mali ». C’est par cette phrase sans équivoque que Aly Baradji, Président de l’Association franco-malienne pour le développement de la localité de Sitakourou-Damandi en France, a conclu sa longue lettre qu’il a adressé au Président de la République Ibrahim Boubacar Keita.
Par cette démarche, il souhaite que les autorités maliennes prennent en charge la gestion de ce dossier qui risque d’embraser la zone. Mais de quoi il s’agit. En substance, selon Aly Baradji, en 1993, Diatourou Konté en manque de parcelles à cultiver et à s’y établir, est venu solliciter la famille Baradji pour lui prêter des terres à cultiver. Selon lui, à l’époque, la famille Baradji avait posé deux conditions : vivre en bon terme avec le voisinage et rétrocéder les terres à la demande des propriétaires, en cas de besoin pour quel que motif que ce soit. « Diatourou Konté qui avait accepté ces conditions en 1993, attaque en 2007 la famille Baradji, pour réclamer la propriété des terres prêtées », a-t-il indiqué. Et, depuis, il dira que les habitants de Sitakourou n’ont plus eu de paix.
De protocole d’accord en protocole d’accord, souvent contradictoires, il dira que ce différend oppose depuis 2007 les familles Baradji de Sitakourou à celles des Konté du village de Kembélé de la même commune (Diakon). Aly Baradji est aujourd’hui convaincu que ce conflit est entretenu par les différents juges qui se sont succédés à la tête de la justice de paix à compétence étendue de Bafoulabé. « En tant que Malien, j’ai demandé à tous mes compatriotes Soninké de France, natifs des deux villages rivaux, de rompre avec toute pratique de la corruption avec de l’argent pour alimenter ce conflit foncier. Je leur ai aussi dit ce qui suit : ‘’Vous gagnez durement votre argent en France et au lieu d’investir dans le développement, vous donnez tout cela à des fonctionnaires corrompus qui ne pensent même pas à la patrie. Ô mon frère, ô ma sœur, pensez à donner du pain à votre famille, à votre voisin et au Mali de demain », a-t-il déclaré, pour dénoncer le fait que ce conflit est devenu la poule aux œufs d’or pour certains de nos compatriotes qui ont la lourde responsabilité, de part leur fonction, de contribuer au maintien de la quiétude et de la sécurité publique.
Aly Baradji regrette aujourd’hui le fait que des honnêtes citoyens de la localité se retrouvent souvent en prison, sans motif valable. « Le cas de Monsieur Djimé Baradji, vieillard du village de Sangafé est assez édifiant. Il a purgé trois mois de prison sans jusque-là, savoir pourquoi, il a été arrêté, ni savoir pour quel motif, il a été jeté en prison comme un pauvre bandit », a-t-il indiqué. Et, tout porte à croire qu’il n’a pas été la seule victime. Selon Aly Baradji pendant le dernier semestre de l’année 2013, il y a eu 12 personnes âgées de 50 à 80 ans qui se sont retrouvés en prison.
Il est convaincu qu’une petite enquête menée en toute indépendance du pouvoir nocif de l’argent, aiderait les autorités judiciaires à mettre la vérité sur la place publique et arrêterait toutes les souffrances imposées aux braves populations de la localité. « Le comble dans tout cela, c’est que la population de Kembélé demandent la démolition totale des maisons du village de Sitakourou, situées à cinq km du champ litigieux », a-t-il indiqué. Avant de poser deux questions : Pourquoi Monsieur Konté a-t-il demandé en 1993 l’hospitalité à la famille Baradji par l’emprunt de terres arables, s’il en était déjà le propriétaire avéré ? Au Mali, l’administration connaît les limites territoriales de chaque village, pourquoi, le juge ne demande-t-il pas au sous-préfet de la commune rurale de Diakon ou au maire de Diakon, quelles sont les limites reconnues sur son territoire ?
Avec l’espoir qu’un jour les plus hautes autorités prendront leurs responsabilités pour punir sans faire de distinguo, des fonctionnaires qui pensent être au-dessus de la loi, Aly Baradji sollicite l’intervention du Présidant de la République pour que l’administration territoriale face son travail avec l’inspection judiciaire, afin que la vérité soit mise à jour et que la loi soit appliquée entre les citoyens. « Nous en avons assez de cette magouille qui freine le développement de notre grand Mali », a-t-il conclu.
Assane Koné