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Village de Foutankobé dans la commune de Nampala : Des peulhs entre l’enclume du MNLA et des Djihadistes et le marteau des FAMA
lundi 16 février 2015, par
Après l’arrestation de peulhs présumés dJihadistes à Foutankobé dans la commune de Nampala, le premier conseiller du village de Foutankobé SB réagit : « nous ne sommes ni djihadistes, ni des complices des djihadistes ». Les attaques récentes des djihadistes sur les FAMA (Forces armées maliennes) ayant fait 12 morts à Nampala, ont entrainé beaucoup d’arrestations dans la commune. « Il y a eu beaucoup d’arrestations parmi les peulhs de Boiri et de Kouroumala qui constituent les peulhs de Nampala », a indiqué le premier conseiller du village.
Selon lui, cette situation a crée de l’émoi et la crainte parmi l’ethnie peulh de la localité qui s’est sentie viser. Aux dires du premier conseiller du village s’ils étaient tués et volés par les djihadistes qui les considéraient comme les espions des forces Maliennes, aujourd’hui les forces Maliennes à leur tour pensent que ce sont eux les peulhs qui hébergent les djihadistes. Pire, elles sont convaincues les djihadistes passent par les peulhs pour les attaquer.
Il dira que tous les peulhs ne sont pas djihadistes et demande aux autorités de faire des enquêtes avant de procéder à des arrestations arbitraires. Malheureusement pour SB qui a peur pour sa vie, c’est ce qui ce passe aujourd’hui. Les forces Maliennes sont entrain de faire un amalgame. « Nous nous sentons nous les peulhs les seuls visés » a dit SB. Il a estimé que bon nombre de gens qui ont été arrêtés n’ont rien à voir avec les djihadistes.
« Ceux-là qui ont été arrêtés comme complices étaient au marché hebdomadaire », a-t-il déclaré. Selon lui, leur village se trouve entre Dioura et Nampala, à une quarantaine de km. Ici, vivent 11 villages ou 11 parcs. Il a rappelé que lors de la première rébellion en 1991, il y a eu une mésentente entre les rebelles et les peulhs. Les rebelles à l’époque venaient faire des razzias en emportant les bœufs des peulhs de cette localité.
Pour finir, ils ont mis en place un groupe d’auto-défense pour surveiller leurs bétails et pourchasser les rebelles en cas de besoin. « Nous avions été trois communautés (les peulhs, les Bambara, les Sarakolés) à être encouragées par les autorités de l’époque » a dit le premier conseiller du village. Avant d’indiquer qu’après cette rébellion, les autorités étaient venues leur retirer toutes les armes.
Selon lui, au vu de tout cela, il ne peut pas comprendre que leur communauté puisse collaborer avec les djihadistes qu’ils ont toujours combattus. Selon lui, avec l’éclatement de ce conflit, tous les touaregs de la zone ont fuit pour aller se refugier en Mauritanie. Les peulhs sont restés parce qu’ils sont des Maliens à part entière. Pour lui, aujourd’hui, la situation se complique à cause de 3 facteurs.
D’une part, il y a les rebelles, Ansardine et d’autre part, il y a l’armée. Selon lui, quand le MNLA attaque, leurs parents sont enlevés par force, souvent torturés par les forces Maliennes pensant qu’ils connaissent ces gens. Et, de l’autre côté Ansardine leur fait la peau, tue leurs parents, pensant qu’ils constituent des espions pour l’armée Malienne. Le premier conseiller du village dira que les militaires qui sont dans leur zone pensent que ce sont les peuls qui sont responsables des attaques qu’ils subissent.
Pour lui, il ne dira pas que tous les peulhs ou Bambara, ou Sarakolé sont clean. Alors, « Je demande à l’armée de faire d’abord des enquêtes approfondies avant d’arrêter des innocents » a dit SB. Il estime également que les forces de sécurité peuvent prendre les gens qui sont soupçonnés sans les violenter. Contacté par nos soins pour comprendre la situation du village de Foutankobé dans la commune de Nampala, le député de Niono, l’honorable Belco Bah nous a dit également que la situation est très compliquée et qu’il préfère s’abstenir et laisser la justice faire son travail.
Le Maire, Aba Bouraima Bah de la commune de Nampala également contacté par nos soins, nous a signifié cependant que de la façon dont les choses se passent, la population de cette zone risque de se refugier. Selon lui, il y a eu effectivement des arrestations arbitraires parmi ces peulhs qui n’ont rien avoir avec Al-Qaïda ou le MNLA. Aux dires du premier conseiller du village l’inquiétude est vraiment grande au sein de la population et ils n’ont aucun interlocuteur pour expliquer aux autorités cette situation.
« 11 villages sinon 11 parcs de peulhs risquent d’abandonner leurs sites et fuirent si les autorités ne font pas des enquêtes approfondies avant de procéder à ces arrestations qu’ils considèrent arbitraires et ciblées » a-t-il indiqué. Selon lui, les peulhs de foutankobé ne sont pas djihadistes et sont pas des complices des djihadistes et ne seront jamais avec des gens qui n’ont rien de commun avec eux. Il a lancé un cri de cœur aux autorités et aux forces de sécurités de faire preuve de discernement.
Fakara Faïnké