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RENTREE DIPLOMATIQUE A SEGOU : La Culture pour sauver le Mali ?
lundi 30 janvier 2023, par
Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale pour la première fois a initié la Rentrée diplomatique dans l’histoire du Mali. La rencontre s’est tenue le 21 janvier 2023 à Ségou. Il s’agissait à travers cette importante rencontre de « réaffirmer le cap de la politique extérieure du Mali, désormais axée sur le respect des principes-clés qui guident l’action publique au Mali ».
La rencontre vise par ailleurs à « redynamiser le dialogue entre le Mali et ses partenaires internationaux et à renforcer l’image et la crédibilité de notre pays, ouvert à tous les partenariats qui alignent leurs activités sur les priorités nationales ».
Le Ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop a choisi de placer la session inaugurale de la Rentrée Diplomatique sous le prisme de la diplomatie culturelle, autour du thème « Comment faire de la culture un outil d’influence au service de l’action extérieure du Mali ? ».
Pour répondre à ce questionnement, des personnalités du monde de la culture, de diplomatiques, de la société civile ont exploré les pistes d’une diplomatie culturelle plus poignante, fait des propositions concrètes qui permettront d’affiner l’articulation entre la diplomatie et la culture, notamment dans la dynamisation des secteurs culturels et créatifs.
Comme panelistes de haut niveau, il y avait Edmond Moukala, représentant de l’Unesco au Mali ; Adama Traoré, dramaturge, metteur en scène, promoteur et acteur culturel ; Me Fatoumata Sidibé-Diarra, Avocate inscrite aux Barreaux de Paris et de Bamako ; Mamou Daffé, Expert en entreprenariat culture ; Abdoulaye Amadou Sy, ancien diplomate et enfin Mohamed Traoré, diplomate en activité.
Des interrogations
Nouvelle étape dans le processus de la refondation du Mali, la diplomatie culturelle est un processus qui a commencé il y a bien longtemps, a laissé entendre Mohamed Traoré. Pour lui, il s’agit de créer un cadre d’échange entre le Mali et ses partenaires internationaux après un moment de flottement « La Culture est ce qui reste quand l’homme a tout perdu ».
Dans cette lancée Mamou Daffé dira que « la Culture est le plus grand trésor et la plus grande richesse dans le monde qui demeurera après l’exploitation de toutes les autres richesses naturelles et minières ». Pays de riche patrimoine, le fondateur du Festival sur le Niger n’a cessé de s’interroger de ce « qu’on fait de ce patrimoine ? Qu’est ce que ça rapporte à l’image du pays ? La nouvelle dynamique va-t-elle apporter quelques choses de novateurs ? Comment la nouvelle vision va nous amener vers l’industrialisation de la Culture ? ».
M. Daffé a donné des éléments de réponses. Il dira qu’il faut aller au-delà des conseillers culturels dans les Ambassades pour que le Mali puisse changer de paradigme. Et cela passe par l’adoption de nouvelles stratégies et se mettre en mode actions.
Pour Mme Diarra, pour qu’on puisse avoir l’apport de la culture dans la politique économique du Mali, « il faut repenser la place de la culture dans les échanges et de consolider son rayonnement ».
Cette volonté de reprise de l’activité culturelle diplomatique a été saluée par Abdoulaye Amadou Sy. Selon lui, depuis Modibo Keita, la renaissance de la culture dans la politique culturelle du Mali n’avait pu voir le jour. Et de demander aux autorités de mettre la culture au centre de leurs politiques « Il n’y a que la culture qui ne meurt pas ».
En observateur averti, Edmon Moukala a parlé des stratégies de l’Unesco pour accompagner les efforts des autorités maliennes dans sa nouvelle dynamique. Pays de puissance culturelle mondiale, le patron de l’Unesco au Mali a regretté que la richesse culturelle du Mali reconnu mondialement soit très peu exploitée.
A la question de savoir si le Mali peut s’en sortir avec la culture ? Le président de la fédération des artistes du Mali, Adama Traoré répondra par l’affirmative. « L’espoir du Mali, c’est à travers le développement de la culture et seule la culture est à mesure », dixit le dramaturge.
Sur ce sujet, Mamou Daffé d’insister que « c’est un moment important pour le Mali d’aller en profondeur dans cette démarche. Selon lui, « la culture agit doublement sur le développement d’un pays ».
Dans le même raisonnement que M. Daffé, Mohamed Coulibaly a ajouté que le département des Affaires Etrangères est désormais passé de la théorie à la pratique, en témoigne l’accompagnement au niveau des Ambassades de l’organisation de nombreuses activités culturelles hors du pays où les ambassades ont été impliquées.
Parler de changement de paradigme dans le secteur de la Culture, c’est faire allusion aux moyens, aux financements. Mme Diarra s’est interrogé sur cet aspect et de laisser entendre que l’Etat seul ne peut faire face aux financements. « Comment aider les acteurs culturels à financer leurs activités ? » A cette question, elle a dégagé des pistes de solutions.
A la fin des travaux, les panelistes ont fait des recommandations, qui selon le ministre Diop seront prises en compte dans la politique nationale pour le développement de la Diplomatie Culturelle.
Recommandations
Parmi la batterie de recommandations, on note entre autres : la création d’écoles professionnelles permettant aux jeunes de vivres de la culture, le retour des étudiants qui partent étudier à l’extérieur ; la création de fonds de garanti du secteur de la culture pour aider les acteurs culturels ; la création d’un système de « Quota écran » ; être plus présents dans les lieux de prises de décisions ; le soutien de l’Etat dans les événements culturels à dimension nationale ; être plus offensif afin qu’on soit une force de proposition ; mettre l’accent sur la communication ; enseigner le patrimoine matériel et immatériel dans les écoles pour que les élèves et étudiants puissent s’approprier des valeurs culturels ; mettre un accent sur la formation continue.
Les personnalités de haut niveau ont également recommandé : la création de l’INA dans toutes les régions, la création d’une école supérieure d’art ; renforcer le rôle du conseiller culturel dans les Ambassades avec des critères de choix bien définis. A ceux-ci s’ajoutent la mise en place des industrielles de la culture qui investissent ; la création d’une direction nationale des industries culturelles et créatives, travailler sur la dimension public-privé ; inciter l’Etat a créer les conditions optimales d’un développement de la culture ; l’adoption d’une politique vigoureuse du Mali qui tiennent en compte tous les paramétrages.
Pour faire de la culture un levier de développement pour le Mali, les panelistes ont insisté sur le choix des Hommes, la formation « Sans cela, cette politique de promotion sera vouée à l’échec », ont-ils averti.
Suivie par de nombreux Ambassadeurs, certains ambassadeurs à l’image de Issa Konfourou et Oumou Sall Seck et le Représentant du Mali à l’Unesco, ont intervenus par vidéo. Ils ont vivement salués la nouvelle démarche des autorités.
Comme recommandations, certains d’entre eux ont demandé à ce que les autorités travaillent sur la prise de conscience pour développer la culture ; « la refondation du Mali passe par là », a dit M. Konfourou. Ce dernier a évoqué les nombreuses initiatives prises pour accompagner les Hommes de culture maliens en prestation au Etats-Unis. La reconstruction de l’homme nouveau malien, l’amour de la culture de l’art est un des piliers pour arriver aux objectifs, a conclu l’Ambassadeur.
Pour le Représentant du Mali à l’Unesco, « la diplomatie culturelle constitue un enjeux majeur au 21e siècle.
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