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Protection des droits des migrants : Le Collectif Lounjna Tounkaranké et l’AME mobilisent des députés africains
lundi 5 mars 2018, par
« Les parlementaires, en tant que représentants du peuple ont un rôle fondamental à jouer dans l’adoption des lois beaucoup plus protectrices des migrants, mais aussi à donner un contenu concret aux engagements des Etats conformément aux conventions et traités internationaux et communautaires ». Cette déclaration a été faite par Ousmane Diarra, Président l’AME. Il a estimé qu’ « il est inadmissible que nous ne réagissions pas aux drames à répétition dans le Sahara et la Méditerranée, aux violations des droits des migrants et à la perte de nos bras valides censés être notre avenir ».
Le 26 février 2018, sur initiative du Collectif Lounjna Tounkaranké et l’Association Malienne des Expulsés (AME), l’hôtel Massaley, a abrité l’atelier d’échanges sur « les enjeux des politiques migratoires dans les pays africains :’’ informer et mobiliser les parlementaires en faveur du respect des droits des migrants’’ ». Pour la circonstance, Ousmane Diarra, Président de l’AME, avait à ses côtés, Seydou Diawara, 3e vice président de l’Assemblée nationale du Mali et Me Kadidia Sangaré Coulibaly, ministre des droits de l’Homme. Cette rencontre a enregistré la participation d’une quinzaine de parlementaires venus de l’Algérie, de la Côte d’Ivoire, de la France, de la Mauritanie, du Maroc, du Niger, du Sénégal et du Mali. Et, elle permettra d’approfondir le dialogue entre les parlementaires et les organisations de la société civile.
Ousmane Diarra, Président de l’Association malienne des expulsés (AME), a indiqué que son association est membre du Collectif Loujna Tounkaranke, depuis sa création et lutte pour la défense des droits des migrants. Il a déclaré que le Mali est un pays de fortes migrations où souvent les jeunes n’ont pas d’autres choix que de partir à l’aventure dans des conditions extrêmement difficiles et qui les exposent à des abus, à l’insécurité et même à la mort. Le Président de l’AME a rappelé les récents évènements révoltants qui se sont passés sur les terres africaines de la Lybie. Selon lui, ces évènements interpellent l’ensemble des acteurs de la migration, mais en particulier les décideurs africains et européens. « Il est inadmissible que nous ne réagissions pas aux drames à répétition dans le Sahara et la Méditerranée, aux violations des droits des migrants et à la perte de nos bras valides censés être notre avenir », a-t-il déclaré.

Selon Ousmane Diarra, notre jeunesse utilise la migration sous toutes ses formes comme une alternative à la pauvreté, au chômage et surtout au manque de perspectives pour l’avenir. Cependant, compte tenu des évolutions inquiétantes du contexte actuel de violation des droits des migrants, il a estimé qu’il est nécessaire d’approfondir les connaissances des différents acteurs sur les instruments juridiques de protection des droits des personnes migrants, de renforcer le dialogue et de valoriser la contribution positive de la migration au développement de tous les pays.
« Les parlementaires, en tant que représentants du peuple ont un rôle fondamental à jouer dans l’adoption des lois beaucoup plus protectrices des migrants, mais aussi donner un contenu concret aux engagements des Etats conformément aux conventions et traités internationaux et communautaires », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que dans l’exercice de leur fonction de contrôle gouvernemental, les parlementaires doivent veiller à ce que les politiques migratoires apportent des réponses efficaces aux tragédies humaines provoquées par les conditions périlleuses de traversée des espaces terrestres et maritimes.
« Il paraît donc essentiel que les parlementaires soient mieux imprégnés du cadre juridique de protection des droits des migrants et des normes internationales, qu’ils disposent d’informations et de connaissances précises sur les enjeux et défis des migrations afin de pouvoir influencer les contenus des différents processus de consultations et de formulation des politiques nationales migratoires dans les pays d’Afrique de l’ouest et du Sahel », a indiqué Ousmane Diarra.
« La mobilité de la population malienne est une stratégie de survie… »
« La présente initiative de l’AME est à saluer vivement car elle permet, une fois de plus, de réunir différents acteurs pour discuter en profondeur de la problématique de la migration, singulièrement les droits des migrants », a indiqué Seydou Diawara, 3e vice président de l’Assemblée nationale du Mali.
Il a assuré l’AME, du soutien indéfectible de l’Assemblée Nationale du Mali, à la démarche qui vient renforcer l’élan des élus dans la protection des compatriotes ayant choisi de vivre à l’étranger. Selon lui, le thème retenu pour ces assises, à savoir « informer et sensibiliser les parlementaires en faveur du respect des droits des migrants » s’inscrit en droite ligne de l’application des conventions et accords en matière de migration, toute chose que nous ne pouvons qu’encourager.
Le 3e vice président de l’Assemblée du Mali, a estimé que le Mali, avec ses 7 frontières et sa vieille tradition migratoire, est à la fois un pays d’émigration, d’immigration et de transit. La mobilité de la population malienne est une stratégie de survie adoptée par beaucoup de nos compatriotes comme une réponse à leurs conditions précaires d’existence, notamment les contraintes socioéconomiques et les effets des changements climatiques.
« La migration est sans doute un phénomène naturel, mais elle est devenue, au fil du temps, un véritable sujet de préoccupation aussi bien pour les pays d’origine que pour les pays de destination des migrants », a-t-il indiqué. Avant d’estimé qu’ alors qu’elle est à la base du peuplement de l’humanité, la migration fait l’objet, aujourd’hui, de politiques restrictives diverses débouchant sur une certaine sélection des candidats à l’immigration.

Le 3e vice président de l’Assemblée nationale du Mali a constaté que « seule une minorité d’individus est éligible », au moment où, « les autres sont donc contrains d’emprunter les routes les plus périlleuses pour satisfaire leur besoin de mobilité, occasionnant parfois des morts atroces dans le Sahara et la Méditerranée ou faisant d’eux des victimes de trafic humain ».
Faire de la migration un véritable atout pour le développement…
Il a aussi indiqué que la situation dans certains pays notamment au Mali, est marquée par des retours massifs de migrants en détresse. « Ce qui nécessite des initiatives et actions idoines aussi bien de la part de l’Etat que de se partenaires », a-t-il déclaré.
Partant de l’évolution inquiétante du contexte migratoire, Seydou Diawara a indiqué qu’ « il est crucial d’approfondir les connaissances des différents acteurs sur les instruments juridiques de protection des droits des migrants et de valoriser la contribution de la migration au développement des Etats. « C’est cela d’ailleurs la vision des autorités maliennes qui est de faire de la migration un véritable atout pour le développement du pays, un facteur de croissance et de réduction de la pauvreté », a-t-il déclaré.
Pour cela, il dira que les parlementaires, en tant que représentants du peuple, ont un rôle fondamental à jouer pour l’adoption de lois de nature à mieux encadrer la migration et exhorter les Etats à appliquer les obligations qui leur incombent en vertu des traités internationaux et communautaires auxquels ils ont souscrits. « Les consultations en cours sur le Pacte mondial requièrent leur participation active et leurs contributions de qualité. Il en va de même de l’Agenda africain de la migration et des processus de formulation des politiques nationales migratoires dans les pays africains », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que dans l’exercice de leur fonction de contrôle de l’action gouvernementale, les députés doivent particulièrement veiller à ce que les décisions et les politiques migratoires apportent des réponses efficaces aux nombreuses tragédies humaines liées à la migration.
« Envisagée en termes de droits de l’homme, la migration peut réaliser son potentiel »
« La migration est un phénomène humain, et tout ce qui y a trait relève des droits de l’homme », a indiqué Me Kadidia Sangaré Coulibaly, ministre des droits de l’homme du Mali. Selon elle, dans le contexte actuel de nos pays, la migration offre des passibilités, mais aussi de nombreux défis liés à la vulnérabilité et à la discrimination. Pour cela, elle dira qu’il est important de protéger les droits de l’homme afin de promouvoir l’inclusion et l’intégration sociales des migrants, leur permettant ainsi de mener une vie économiquement productive et socialement et culturellement riche.
« C’est seulement si elle est envisagée en termes de droits de l’homme, que la migration peut réaliser son potentiel, en tant que facteurs de développement, pour les migrants comme pour les Etats », a-t-elle déclaré. Avant de rappeler que nombreux sont les accords et conventions bilatéraux, régionaux et multilatéraux qui ont pour but de réguler la migration, notamment dans le domaine humanitaire. Selon elle, certaines de ces règles sont appliquées correctement, d’autres de façon moins complète. « Il n’existe ni règles de droit, ni principes directeurs applicables à la coopération entre Etats. Il n’existe pas non plus d’institution mondiale chargée de se consacrer à ces mouvements de population dans un esprit coopératif et avec l’efficacité, le souci de justice et le respect qu’exigent les intérêts des pays d’origine, de transit et de destination », a-t-elle indiqué.
La diaspora malienne envoie plus de 483,3 milliards de FCFA par an au pays
En ce qui concerne le Mali, elle dira qu’il est caractérisé par la grande mobilité de sa population, de par son histoire et sa culture. Pays de départ, de transit et d’accueil des migrants, elle dira que la population malienne est estimée à 4 millions établis à l’étranger, dont plus de 3 millions en Afrique et environ 500 000 en Europe. « Cette diaspora malienne joue un rôle prépondérant dans le développement de notre pays », a-t-elle déclaré. Elle dira qu’en 2016, on a estimé les transactions financières émanant de la diaspora malienne à 483,3 milliards de FCFA.
Elle a rappelé que pour bien gérer cette catégorie de maliens considérée comme un atout pour le développement du Mali, le Gouvernement a adopté le 3 septembre 2014 la Politique nationale de migration (OPNAM) et son plan d’action de 120 milliards de FCFA pour la période 2015-2019.

Elle a mis un accent sur la migration irrégulière qui cause plus de mal à nos états qui perdent chaque jour de manière inhumaine et dégradante des bras valides. « Aucun pays africain, ni aucun dirigeant ne peut être indifférent des centaines d’âmes juvéniles qui périssent chaque année dans la méditerranée », a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter que ce sont des femmes et des jeunes qui constituent des ‘’ fers de lance’’ pour le développement de nos pays qui sont les principales victimes.
Inégalité et insécurité dans le monde, principales causes des mouvements migratoires
Le ministre des droits de l’Home du Mali, a estimé que les normes existantes du droit international font apparaître à la fois un espace et un besoin pour de nouvelles initiatives en cette ère de migration. Selon elle, les états se sont surtout souciés jusqu’ici d’adopter des règles nationales sur l’admission des migrants dont ils estiment avoir besoin, mais c’est à présent des deux formes de migration (légale et illégale) qu’il conviendra de s’occuper au niveau international, et d’une façon qui soit à la fois favorable aux Etats comme aux migrants et respectueuse des droits individuels de ceux-ci. « Pour être efficace, ces mesures devront considérer la migration dans le contexte plus général de l’inégalité et de l’insécurité dans le monde, principales causes des mouvements migratoires », a-t-elle indiqué.
Le ministre malien des droits de l’Homme est convaincue que la gestion efficace et humaine de ces migrations, telle que le droit international peut aider à la mettre en place, devra pour cela répondre aux besoins et aux intérêts des Etats de départ, des Etats d’arrivée et des migrants, et tenir compte des causes premières de la migration. « Trouver une solution à ce problème est notre responsabilité commune : Gouvernements, parlementaires, société civile et Citoyens », a-t-elle conclu.
Assane Koné
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