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Migration : Rester ou partir ?
mercredi 16 novembre 2016, par
En vue de permettre aux personnalités de se pencher sur les espoirs et les défis des jeunes africains, la Deutsche Welle (DW), en partenariat avec la Radio Kledu, a animé un débat public le mardi 15 novembre 2016 à l’Institut Français de Bamako. Le thème de ce débat portait sur le « Dilemme Migration : Partir ou rester ! ». Il a été animé par Mireille Dronne de DW et Mahamadou Kane de la Radio Kledu. Il a passé en revue, sans tabous, toutes les questions en relations avec l’émigration. Les invités à ce débat ne partageaient pas forcement les mêmes points de vue sur la question.
Ce projet débats fait partie d’un projet multimédia de la DW avec le soutien financier du ministère des affaires étrangères allemand. Il est constitué par des reportages télévisés et radiophoniques, d’articles en ligne et de vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Le témoignage émouvant de Salif Touré, jeune soninké et carreleur de son état, a été utilisé pour introduire la thématique. Le choix de Salif est fait : il veut quitter le pays avoir une vie meilleure. Car, dit-il, il n’y a pas de perspectives dans notre pays et qu’il est insupportable de rester dans la précarité quand on veut garder sa dignité. « Tu rentres dans la famille. Tu vois les enfants, la maman ... tu veux faire quelque chose pour la famille mais tu n’as rien », a-t-il confié au bord des larmes.
Partir ou rester, les invités ne sont pas sur la même longueur d’onde
De l’avis de M. Ousmane Diarra, Président de l’Association malienne des expulsés (AME), « Tant que les conditions au pays ne s’améliorent pas, même ceux qui sont de retour restent des candidats au départ ». Ousmane Diarra, ancien migrant, a accusé les autorités qui n’ont pas selon lui, une vraie politique d’emploi. « C’est pourquoi, ajoute-t-il, les jeunes sont tentés par l’aventure ».
Pour Mme Aminata Dramane Traoré, Ancienne ministre de la culture, altermondialiste, les causes de l’émigration ne sont pas attribuables qu’aux conséquences de la crise d’un modèle de développement. « L’immense majorité de ces jeunes ne prendraient pas le risque de partir, s’ils avaient davantage de chances qu’ils aient fait des études ou pas, d’accéder à un emploi, même dans le secteur informel, pour subvenir à leurs besoins », a-t-elle estimé. Selon elle, ils partent désespérer faute d’emploi, de perspectives et d’interlocuteurs. « L’immense majorité des partants, parfois, ne peuvent pas situer l’Espagne ou la France sur les cartes géographiques », a-t-elle révélé.
Un avis que partage Etienne Fakaba Sissoko, Economiste, Enseignant et activiste. Pour qui, d’ailleurs il n’y a pas de dilemme, parce que finalement « rester devient synonyme de mourir, partir devient avoir de l’espoir ». Ensuite, il a pointé du doigt les politiques économiques des Etats africains. Poursuit-il, partir, aussi permet d’enrichir et de développer un pays. Aujourd’hui, « nous constatons que l’apport de la diaspora dans le développement économique de notre pays est même plus considérable que l’aide publique que nous recevons des organismes internationaux », a-t-il soutenu.
Cotés autorités, On cherche à se défendre
Interpellés de n’ avoir rien fait pour les candidats au départ et autres rapatriés, le conseiller technique du ministère des maliens de l’extérieur, Dr Broulaye Keita qui semblait être sur la défensive, dira qu’il faudrait explorer les opportunités au niveau national, les différents dispositifs qui y existent et qu’il faudrait le mettre en valeur. « L’insertion pour les candidats potentiels, ceux qui veulent aller. Mais aussi la réinsertion pour ceux qui sont venus de la migration, c’est l’un des axes majeurs de la politique nationale de migration. C’est l’axe 3. Dans l’axe 3, l’ambition du gouvernement c’est d’appuyer toutes les initiatives locales des jeunes », a-t-il indiqué.
M. Cheik Fanta Mady Traoré, coordinateur du programme décennal du développement de la formation professionnelle, de l’emploi, a proposé aux jeunes de rester au bercail où il y a une politique d’emploi et de développement des compétences. Selon lui, ce programme est fédérateur et permet aux jeunes d’être former en adéquation avec les besoins de l’économie.
Face à un public très captivé et émerveillé, les invités ont échangé sans pour autant abandonner leurs positions. Mais, s’il y’a bien un point sur lequel ils sont tous d’accord, c’est bien la nécessité urgente de développer le continent.
Faut-il le rappeler que la DW est une radio internationale de l’Allemagne. Elle propose une plateforme couvrant et analysant l’actualité de manière approfondie. Ses journalistes originaires de plus de 60 pays confèrent une expertise inédite sur les dossiers internationaux. La radio Kledu est une radio privée d’information très appréciée partout au Mali, elle a couvert depuis 8 ans toutes les élections présidentielles, législatives et municipales en partenariat avec ses correspondants locaux.
Moussa mallé SISSOKO
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