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Grogne dans la famille judiciaire : Me Bathily invité à une perception plus républicaine de sa fonction par le Sylima
jeudi 16 octobre 2014, par
Pour le Syndicat libre de la magistrature (Sylima), le climat délétère dans lequel sont installés les rapports sociaux entre le gouvernement à travers l’administration centrale du ministère de la Justice depuis la prise de fonction du ministre, interpelle fortement les syndicats de la magistrature. « Dénonçant sa propension à étaler sur la place publique les affaires pendantes devant les juridictions, l’attitude de Me Bathily de s’adresser directement aux magistrats n’est pas digne d’un éminent juriste », selon le Sylima.
Face à la presse, le 16 octobre 2014 le Syndicat libre de la magistrature exprime son indignation sur l’attitude peu orthodoxe du ministre de la Justice, Me Mohamed Bathily. Selon le Sylima, son refus de poursuivre le dialogue social, les attaques contre les juges et l’institution judiciaire, la propension à étaler sur la place publique les affaires pendantes devant les juridictions et l’habitude de s’adresser directement aux magistrats en faisant fi des règles, notamment en court-circuitant la hiérarchie, ne sont pas dignes d’un professionnel juriste.
Les magistrats sont mécontents et veulent en découdre avec le ministre de la justice. Les magistrats exigent au ministre de s’en tenir à la légalité républicaine et dénoncent la conception très particulière que Mohamed Bathily a de sa fonction de ministre.
Pour le président du Sylima, Adama Yoro Sidibé, cette conception n’est pas professionnelle. « En chaque titulaire d’une charge publique, coexiste une personne publique et une personne privée, entre lesquelles toute forme d’interférence est moralement malsaine et constitue son auteur dans l’abus et dans l’inégalité. Quand vous agissez, nous sentons davantage monsieur Bathily que monsieur le ministre. Nous vous interpellons à une perception plus républicaine de votre fonction, laquelle est une fonction sacerdotale dont vous n’avez pas la libre disposition », a-t-il indiqué. Et de préciser que la loi a mis entre les mains des autorités hiérarchiques les moyens de corriger les manquements de ses subordonnés. « Les humilier publiquement, suscite et encourage les actions qui bafouent leur dignité et leur autorité, les vouer à la vindicte populaire ne font pas partie de ses moyens », a-t-il estimé.
En clair, les magistrats défient le ministre sur plusieurs dossiers qu’il a entre ses mains. « Pour être appelés par l’histoire à faire un bout de chemin ensemble, faisons en sorte que, au moment de la relève, nous puisions éprouver la fierté du citoyen qui peut s’enorgueillir d’avoir traversé la tourmente en gardant la conscience sans tâche. Du reste, chacun répondra de ses actes. L’enjeu est tel qu’il ne paraît permis à aucun citoyen de se réserver sur le sujet », estiment les magistrats.
Pour eux, la lettre fait partie de ce cadre dans l’espoir que le ministre va en fin comprendre qu’un ministre qui dialogue ne se rabaisse pas, qu’il se donne ainsi, au contraire les moyens de réussir son mandat et de gagner le pays avec…
Brahima Sogoba