Charlie Hebdo, journal libertaire, écologiste et laïc, vient d’être victime d’un sinistre attentat politique le jour de sa conférence de rédaction, « décapité » avec la volonté d’éradiquer une équipe qui connaissait son risque.

Le bain de sang qui a visé le journal satirique (dont les reportages portent aussi sur la société et l’international), a été planifié dans ses modalités et géré avec un professionnalisme, selon un timing international. Parmi les morts, des dessinateurs historiques ont été exécutés, dont Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, ou des chroniqueurs comme le brillant économiste Bernard Maris. Des « sentinelles », opposés à l’obscurantisme religieux sous toutes ses formes, qui sublimaient la violence du monde par l’humour. Des journalistes, depuis longtemps soumis à de graves menaces, qui ont cette fois mené un combat inégal, le crayon et la gomme ne pouvant rien contre la kalachnikov. Quelques soient les donneurs d’ordre idéologique, la cible était minutieusement choisie. La caricature est un symbole fort ancien de la démocratie. A travers elle, ce sont la liberté d’expression, la liberté de penser, au cœur du modèle républicain et laïc, qui sont visées. Cela avec le souci de fracturer un pays, un vivre-ensemble, une diversité culturelle, un modèle de société. Et de créer la peur, de susciter des amalgames, des stigmatisations. Plus que jamais, même si la question des moyens mis en oeuvre contre un nouvelle gangrène totalitaire est essentielle, la réponse n’est pas dans une vision policière de l’histoire mais bien, chemin difficile, dans la défense et l’enrichissement de valeurs et d’une culture plurielle et partagée faite de diversité.

Frank Tenaille, Président de Zone Franche

P.S. Nous étions un certain nombre à Zone Franche à connaître de longue date des acteurs de Charlie Hebdo. Le réseau et les artistes qui lui sont liés s’associent à la douleur des familles.