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Election présidentielle en France : La peste et le choléra

dimanche 30 avril 2017, par Assane Koné

« Enjeux de l’élection présidentielle française pour le Mali et pour l’Afrique », était le thème au centre d’une conférence-débat au Centre Amadou Hampaté Ba le 29 avril 2017.

Organisée dans un partenariat entre l’Africaine de Recherche et de Coopération pour l’Appui au Développement Endogène (ARCADE) Sénégal et le Forum pour l’Autre Mali (FORAM), cette conférence débat a été animée par Aminata D. TRAORE, Demba Moussa DEMBELE de ARCADE, Jean Bosco KONARE, Mamadou GOÏTA de l’IRPAD, Maurice COULIBALY, conseil en ingénierie d’affaires et non moins activiste pour la fin du Francs CFA et contre les APE.

« Ce qui se passe actuellement en France engage notre destin plus qu’on le croit », a indiqué Aminata Dramane Traoré, Président du Forum pour un autre Mali. Elle a estimé qu’il y a quelques naïfs qui continuent à dire et à croire que ce qui se passe en France ne nous regarde pas. « Ils ont tort, parce que la France ne s’en cache pas. Un célèbre économiste français a dit que ‘’la France n’est rien dans la mondialisation sans l’Afrique’’ », a-t-elle déclaré.

Avant de rappeler qu’après le premier tour des élections, c’est soit Emmanuel Macron, soit Marine Le Pen, qui va remplacer François Hollande qui a engagé la France dans une guerre au Mali. Selon elle, s’il y a un pays concerné par cette élection française, c’est bien le Mali. « Il faut que les peuples et les élites africains comprennent que les politiques français viendront chercher les solutions aux maux de la France en Afrique », a-t-elle déclaré. Avant de soutenir qu’avec cette élection en France, on part pour 5 ans de guerre ou de pays. Mais, Aminata Dramane Traoré est convaincue que cela dépendra de notre capacité de propositions, ici et là-bas.

« Vous vous souvenez quand nous nous sommes opposés à leur système qui fonctionne par la guerre, ils nous ont pris pour des oiseaux de malheur », a-t-elle rappelé. Avant de se demander si Macron fait partie de la solution au problème. Mais, en attendant la réponse à cette question, Aminata Dramane Traoré a indiqué que leur modèle économique a mis le continent à genoux et malgré ça, il ya des africains qui pensent pourvoir construire des économies émergentes dans ce désastre.

« Nous devons cesser d’être du bétail qu’on amène à l’abattoir »

« Nous devons cesser d’être du bétail qu’on amène à l’abattoir », a conseillé le Professeur Jean Bosco Konaré. Avant de rappeler la philosophie bambara de la querelle des margouillats. Sur la base de cette philosophie, il dira que l’élection en France intéresse bien le Mali et les africains.

« La guerre au Mali fait partie du bilan de François Hollande et ce bilan sera transmis au nouveau Président de la France à l’issue de ces élections », a-t-il déclaré. Avant de rappeler que l’intervention française au Mali n’a jamais été sollicitée par les autorités maliennes de l’époque. « Donc avec ces élections en France, nous devons réfléchir sur la sauce dans laquelle nous allons être mangé », a-t-il suggéré. Avant de soutenir que la guerre de la France au Mali n’est pas gratuite. Selon lui, elle est éminemment économique. « C’est une guerre pour l’or, le cobalt, l’uranium, le tungstène, etc.… », a-t-il déclaré. Et, d’ajouter que dans leur guerre contre les groupes terroristes, ils veulent maintenir la violence à un niveau acceptable pour l’exploitation économique.

Cependant, il dira que ce qui se passe en Afrique n’est pas le fait de tous les français. Selon lui, le peuple français n’est pas mauvais et est autant victime que les peuples africains. « Dans cette bataille, nous sommes autant victime que le peuple français », a-t-il déclaré. Avant de proposer une collaboration entre victimes. Pour cela, il a souhaité la paix pour la révision des paramètres de la coopération. En effet, le Professeur Jean Bosco Konaré est convaincu que la coopération actuelle est la coopération de l’arachide et du rat palmiste. « Travaillons à transformer les foule du Mali en peuple. Et c’est à ce prix qu’on nous prendra au sérieux », a-t-il conseillé. Avant de regretter le fait que nos leaders courent en France pour se faire adouber pour venir être des chefs d’Etat. Mais, ce qu’ils oublient, ils ne seront rien, si non des proconsuls.

« Nous sommes dans une impasse qui nous oblige à régir »

« Nous sommes dans une impasse qui nous oblige à régir », a estimé Mamadou Goïta. Selon lui, la logique actuelle nous pousse à travailler sur les conséquences de ce qui nous arrivent, au lieu de nous concentre sur les causes. « Il faut un repositionnement des acteurs pour le développement socio-économique de notre pays », a-t-il conseillé.

Mamadou Goïta est convaincu qu’il n’est pas question de créer de la richesse temps que la population n’est pas dans les conditions idoines pour la production et la création des biens.

Il dira que la société civile malienne est aujourd’hui devenue un casse tête. Selon lui, dans cette société civile, il y a une première catégorie qu’on appelle « la bonne ». Elle est de toutes les rencontres de l’Etat et prête à liquider les luttes pour se positionner très proche des pouvoirs publics. La seconde catégorie qu’il appelle « la truante », est celle là qui court derrière l’argent au nom des populations, mais on ne verra jamais la trace de ce qui est fait avec cet argent. La troisième catégorie, selon lui, est « la brute ». Elle casse tout sur son passage et souvent sans raison. Enfin, la 4e qu’il a appelé « société civile engagée », selon lui, ne dépasse pas les 2% au Mali.

Mamadou Goïta estime qu’avec une telle société civile, le triangle Etat-population-marché ne peut pas fonctionner, parce que l’alliance a vite fait de disparaître. Et, selon lui, cette alliance a cédé le pas à une nouvelle alliance appareil d’Etat/entreprise, qui crée les situations de guerre.

Il dira que c’est pour cette raison que dans nos pays, on a des fortes croissances sans capacité de faire reculer la pauvreté. « Les acteurs qui sont derrières cette accumulation ne sont pas le pays. Ce sont des multinationales. De telle sorte que la croissance ne profite pas aux populations », a-t-il expliqué. Pire, il dira qu’un pays comme le Mali perd par an 293 millions de dollars américains à cause des flux financiers illicites.

Selon lui, les flux financiers ne sont rien d’autre que l’argent volé à nos pays lors de la vente de nos matières premières, à un prix en dessous du prix du marché mondial. Il dira que dans cette sous estimation des prix notre pays perd doublement : dans le partage des dividendes et dans le montant de l’impôt à percevoir. Il a aussi dénoncé les opérations commerciales frauduleuses, qui se caractérisent par la surfacturation lors des achats des équipements et la surévaluation du traitement des experts. En conclusion, il dira que nous avons un modèle économique qui enrichit quelques individus et appauvrit les peuples.

En ce qui concerne le Mali, il dira que par la révision des contrats miniers l’Etat à la possibilité de financer le gap du budget national sans tendre la main à qui que ce soit, et à réinjecter de 190 à 200 milliards de F Cfa par an dans l’économie nationale, à travers des fonds spéciaux. « Il faut créer des alliances avec les peuples de France et d’ailleurs, car nous sommes tous perdant du système actuel », a-t-il conclu.

« La France ne sera plus la même France après cette élection »

Quel modèle économique pour l’Afrique ? « Nous devons nous poser cette question, parce que les français se la pose aujourd’hui lors de ces élections », a indiqué Aminata Dramane Traoré. Elle est convaincue que « La France ne sera plus même France après cette élection ». Pour cela, elle pense que c’est à nous de dire à la France de nous laisser le choix de notre modèle économique.

« Nous avons espéré que Mélenchon soit au 2e tour, parce qu’il a été le seul candidat qui a admis la dépendance énergétique de la France à la guerre », a indiqué Aminata Dramane Traoré. Avant de rappeler que Mélenchon avait déclaré que s’il était élu qu’il allait être le président de la paix.

« Entre Macron et Marine Le Pen, nous sommes entre la peste et le choléra »

« Mais, avec Macron le banquier d’affaires, héritier de François Hollande, nous avons des soucis à nous faire », dira Aminata Dramane Traoré. Avant de dire que « Marine n’est pas sûrement la solution et si elle ne gagne pas cette fois-ci, elle risque de gagner prochainement et quand on sait qu’elle n’a qu’un objectif : chasser les migrants ». Pour tout cela, elle dira que « nous sommes entre la peste et le cholera ».
Aminata Dramane Traoré ne croit pas que Macron ait la capacité de comprendre que seule la vérité et la justice doivent aujourd’hui gouverner les relations entre Etats. Dans, cas, elle a estimé qu’il faut que la France qui souffre sache qu’il des africains qui souffrent davantage.

« Le modèle économique mondial a fait faillite »

Le modèle économique mondial a fait faillite. Tout le monde le reconnaît. Et cette faillite a produit des monstres comme Donald Trump et qui a favorisé la remontée des fachistes un peu partout en Europe », a déclaré Demba Moussa Dembélé du Sénégal.

En attendant que cela soit compris par tous, il a estimé que nos ressources sont pillées avec la complicité ou l’impuissance de nos dirigeants. Pour cela, il a déclaré que « c’est l’Afrique qui finance le monde et on veut nous faire croire qu’on nous aide ». Il a rappelé d’aller voir le rapport de Tabo M’beki sur la question.

Convaincu que les entreprises françaises ne font de bénéfices qu’en Afrique, il dira que Macron ne pourra rien changer et Marine Le Pen non plus. « La France n’abandonnera jamais l’Afrique de bon gré », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que la solution à nos problèmes sont en Afrique, pour la simple raison que personne ne viendra développer le continent pour nous.

Il a conseillé que les africains se donnent la main et avec les autres peuples de la France et d’ailleurs, pour travailler pour recouvrer la souveraineté sur nos ressources. Ensuite, il va falloir travailler pour une transformation structurelle de nos économies.

« Le choix de nos dirigeants dépend de celui qui est à la station à l’Élysée »

« Le choix de nos dirigeants dépend de celui qui est à la station à l’Élysée », a indiqué Maurice Coulibaly. Avant de révéler que le clivage n’est plus gauche/droite. Selon lui, les deux proposent la destruction de la société française, mais aussi des États africains.

Assane Koné


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