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Crise malienne : de quoi se mêle le Général français Jean-Bernard Pinatel ?

mardi 21 mai 2019, par Assane Koné

« La situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les Touaregs et les Peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud ». Cette grave déclaration a été faite par le Général français Jean-Bernard Pinatel, à la retraite depuis 1989. La déclaration est d’autant plus grave qu’elle a été faite seulement le 12 mai 2019, démontrant du coup que des responsables français n’ont pas changé de position depuis le déclenchement de la crise malienne en 2012 : La division du Mali.

« La situation ne se stabilisera que si Bamako consent à faire évoluer le statut de l’Azawad, car les Touaregs et les Peuls refuseront toujours de se soumettre aux noirs du Sud. ». Cette phrase venant d’un Général français, même à la retraite, mais qui joue aujourd’hui au consultant et au conseiller, pourra difficilement disculper la France en sa qualité d’instigatrice de la crise au nord du Mali. Quel est ce « statut de l’Azawad » dont parlent tant certaines autorités françaises ? N’est-ce pas cette indépendance chimérique de l’Azawad proclamée un 6 avril 2012 ? N’est-ce pas cette logique qui a amené l’armée française, lors de la reconquête à refuser l’accès de la ville de Kidal à l’armée malienne, dont les éléments ont joué les fantassins lors de la reprise des villes comme Tombouctou et Gao ?

Voilà, un autre général tonneau vide (en tout cas pour ce qui concerne le Mali) qui se fait appeler sûrement expert de l’Afrique et du Mali, sans connaître nos réalités. Est-ce que ce général français-là, sait que la République du Mali a de tout temps été gouverné et administré en majorité par des ressortissants du nord et par les peulhs, dont il prétend qu’ils ne se soumettront pas au sud. Si on joue à un petit jeu de statistique, on verra que les ressortissants du sud n’ont jamais eu la main mise sur les secteurs stratégiques du pays, à l’instar de ceux du nord et des peulhs.

Mieux, c’est le lieu de dire à ce général français qu’il se plante énormément. L’Azawad est une revendication de Kidal. Cette revendication n’est pas portée par tous les touaregs, à plus forte raison les sonrhaïs et les peulhs qui sont de loin majoritaires à vivre sur les terres au nord du Mali. Ou bien, le fait de créer une jonction entre les Tamasheck et les peulhs, fait partie de la stratégie non dévoilée dans le plan de la déstabilisation du Mali.

A analyser de près, les minoritaires tamasheck se sont un peu calmés. Mais, au moment, se sont les peulhs du centre du pays qui semblent avoir repris le flambeau. Et, même là, tout amalgame est encore dangereux.

La France doit ouvrir les yeux et accepter qu’il n’ya aucune possibilité de faire naître de toute pièce un nouvel état entre le Mali et l’Algérie. Si nous parton du fait que la France pourrait en imposer aux autorités maliennes pour que l’extrême minorité de Kidal ait un Etat, il faut admettre que cet Etat ne sera pas viable, parce qu’extrêmement microscopique. Et pour lui donner d’avantage de territoire, il va falloir lorgner vers une partie du territoire algérien, notamment le sud de l’Algérie. Et, comme cela est pratiquement irréalisable à l’état actuel de la situation, il faut que ceux qui veulent un nouvel Etat au nord du Mali le comprennent à jamais.

Ni la France, ni la MINUSMA n’ont la volonté de mettre fin à la crise au Mali. Sans le dire, ils souhaitent que cette crise-là perdure et ils vont avoir le peuple malien à l’usure. Si la France veut vraiment aider le Mali, que ses responsables, en activité ou à la retraite, changent de logiciel. Il faut qu’ils sortent de leur tête cette idée de l’Etat de l’Azawad. Il faut que ce général français comprenne que de la même manière qu’il est impossible pour la France de voir la gestation d’un état Corse, c’est de la même manière que le Mali n’est pas disposé à voir l’Etat chimérique de l’Azawad.

Que Dieu préserve le Mali des sapeurs-pompiers pyromanes. Dans tous les cas, avec de tels propos le Général français Jean-Bernard Pinatel, en est un.

Assane Koné


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