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Colloque de Bamako : Le regard croisé sur la problématique de la migration
mercredi 15 février 2017, par
La Maison des Ainés accueille, du 14 au 17 février 2017, le colloque de Bamako sur le thème : « Migrant et migration les familles maliennes en France : Que deviennent nos femmes et nos enfants là-bas ? ». Cette rencontre a été organisée par l’Institut supérieur du développement (ISD-Mali). Qu’est ce que accompagner son mari en Europe ? Quels droits pour les émigrants et leurs enfants (santé, justice) ? Comment gérer deux mondes, deux cultures et deux langues ? Quelle vie et quelles perspectives pour les Femmes d’immigrés et les Emigrés ? Autant de questions auxquelles les universitaires, les sociologues, les scientifiques et psychologues tenteront d’apporter des réponses. Aussi, les témoignages des migrants permettront de corroborer la réflexion.
Placée sous la présidence du ministre des maliens de l’extérieur, Abdramane Sylla, la cérémonie d’ouverture s’est déroulée le 14 février 2017 en présence du président de l’ISD, Ismaël Sory Maiga, Sanidjé Touré, directeur de l’Iergg et plusieurs personnalités.
Ce colloque aborde la question cruciale de la migration en France, dans le reste de l’Europe. Et traite des conditions de vie de familles de migrants. C’est un regard croisé sur le rapport à la différence culturelle, l’identité, les affiliations et les appartenances.
L’histoire récente du monde distingue les déplacés selon leurs pays de provenance. Les uns sont à l’étranger, d’autres sont des expatriés ou des coopérants. Par contre le gros lot à travers le monde est considéré comme des migrants, refugiés… Quelles relations ces groupes peuvent-ils avoir avec les pays d’accueil ?
« C’est en tentant de répondre à cette préoccupation que l’Institut Supérieur du Développement (ISD) a jugé pertinent que la question de migration soit posée au Mali », indiqué Ismaël Sory Maiga.
Ismaël Sory Maiga, Président de l’ISD et Directeur au centre Gepela de l’Université de Paris 8, a indiqué que le Mali est un pays qui produit beaucoup de migrants. « Ce nombre assez important qui migre du sud vers le nord mérite que nous nous penchions ensemble sur ce mouvement », a-t-il ajouté. Selon lui, il faut que les universitaires, les populations et les migrants acceptent ensemble, sans langue de bois, de poser la réflexion d’une part par rapport à la question géostratégique de la migration et d’autre part du vivre ensemble. Il a estimé que « ces mouvements ne sont pas liés à des Etats, mais à des phénomènes très anciens connus qui, aujourd’hui, ont pris de l’ampleur parce que les medias et la globalisation font que nous ne sommes plus à l’écart de la compréhension et la visibilité des choses ».
« Le monde est devenu unique et les frontières sont largement dépassées ce qui fait que les uns s’offrent la possibilité d’ailler vers les autres », a-t-il indiqué. Pour dire toutefois que les dispositions que le monde a prises ne sont pas en conformité avec la réalité d’aujourd’hui.
Il a estimé que la question économique n’est pas le seul facteur de la migration. Ismaël s’est voulu on ne peut plus clair. « Si c’était des questions d’ordre économique, beaucoup d’africains seraient partis parce que la situation économique de nos pays n’est pas stable. Mais, la perspective de pouvoir aller rencontrer l’autre est un élément important. La migration produit un brassage qui nécessite que nous pensions l’avenir autrement », a-t-il avancé.
Pour sa part, Abdramane Sylla, Ministre des maliens de l’extérieur s’est réjouit de la tenue de ce colloque à Bamako. Selon lui, la migration est un phénomène fédérateur qui rapproche différents peuples. « Aujourd’hui, elle revêt d’un caractère multidimensionnel car les sociologues, scientifiques, économistes et psychologues l’abordent dans tous ses aspects », a-t-il dit.
Ensuite, il est revenu sur quelques chiffres qui illustrent le nombre des migrants maliens dans le monde. « Selon le rapport du recensement de 2009, quatre (4) millions de maliens sont des migrants dont 3 500 000 vivent en Afrique et 500 000 sont repartis vers l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Cette migration est intra-Africaine. Ce rapport indique que 52% de migrants en France sont des femmes », a-t-il révélé.
Au niveau de son département, le ministre a indiqué qu’il est en train de peaufiner les termes de référence d’une grande concertation sur la question de migration au Mali. « Nous avons pensé qu’il faudrait poser le problème clairement pour qu’on puisse situer les responsabilités. Nous allons réunir toutes les composantes de la société autour de la thématique en vue d’une bonne résolution. Ces assises vont se tenir dans un bref délai », a-t-il annoncé.
Moussa Mallé SISSOKO
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