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CENI : Deux camps s’affrontent
samedi 3 novembre 2018, par
Pendant que la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne (MOE UE) séjournait à Bamako, des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) se livraient à un spectacle. Le président, Amadou Ba et son 1er questeur, Dr. Beffon Cissé ont été chassés « pour violation du principe de bonne conduite ». Ce dernier parle de violation des textes.
Rien ne va plus à la Céni. Le président Amadou Ba, le 1er questeur, Dr. Beffon Cissé et certains membres ne sont plus en odeur de sainteté. Lundi 22 octobre 2018, réunie en plénière extraordinaire et présidée par Me Moctar Mariko, 2e vice-président, et président de l’AMDH, la réunion, selon un communiqué de presse ventilé, s’est penchée sur « le rapport de la Commission ad Hoc mise en place par la plénière du 3 octobre à l’effet de caractériser les manquements, errements ainsi que les indisciplines budgétaires qu’elle a constatés dans l’exécution de son budget 2018 ».
Selon le communiqué de presse signé par Me Mariko, la plénière, après examen approfondi de la gestion administrative et financière de la Céni, au regard de son règlement intérieur et de son manuel de procédure, a conclu que les griefs relevés sont constitutifs de violation du principe de bonne conduite de la Céni tel que prévue par l’article 57 de son règlement intérieur. En conséquence, conformément à l’article 59 du règlement intérieur de l’Institution, a décidé du retrait des responsabilités à Amadou Ba, et Dr. Beffon Cissé, respectivement président et 1er questeur de la Céni.
Joint au téléphone, Me Mariko, 2e vice-président de la Céni, reproche au président et à son 1er questeur d’avoir mal géré les fonds de l’Institution. Rien que pour les salaires, les démembrements de la Céni de Kayes à Kidal sont à 4 mois d’arriérés de salaires (le mois d’octobre y compris), affirme Me Mariko. A cela s’ajoute dit-il, les indisciplines budgétaires : « Le président Ba a dilapidé les fonds. Il a eu la maladresse de dépasser les instructions du ministre des Finances. Il n’hésitait pas à diviser par deux les sous mis à disposition pour les dépenses et s’adonnait à des surfacturations, du jamais vu ». A titre d’exemple, une seule photocopieuse a coûté plus de 123 millions F CFA. Ses manquements poursuit-il, ne sont que la partie visible de l’iceberg.
Selon Me Mariko, les informations ventilées dans la presse ces derniers temps faisant état de chantage des autorités de « libérer les sous au risque de tout déballer » : NDRL (les résultats de l’élection présidentielle), ne viennent nullement des membres de la Céni, mais de certaines personnes qui ont d’autres intérêts inavoués. « C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de nous désolidariser de lui ». A en croire Me Mariko, sur les 15 membres, 8 ont voté pour leur destitution.
Le questeur destitué, Dr. Beffon Cissé a jugé illégale la décision prise par Me Mariko et autres arguant que leur règlement intérieur précise que pour convoquer une réunion extraordinaire, « il faut les 2/3 des 15 membres du bureau de la Céni. Or, les deux-tiers n’étaient pas présents », a expliqué Dr. Beffon. Se prononçant sur le fonds, le 1er questeur a été évasif. A ses dires, l’argent disponible dans les caisses de la Céni a servi pour l’achat des véhicules. Et d’ajouter qu’ils attendaient le département des Finances qui doit rembourser la somme pour que les choses puissent rentrer dans l’ordre.
C’est dans ce tohu-bohu que les choses ont dégénérées dans l’après-midi du mardi 23 octobre 2018. En effet, des heurts ont éclatés entre les partisans du président « sortant » et ceux du camp de Me Mariko. Au siège de la Céni, lorsque la partie évincée voulait tenir une conférence de presse, des échauffourées ont éclatés occasionnant des blessures légères par des segments de vitres cassées d’une porte. Parmi les blessés figurent des membres de la Céni et des forces de sécurité.
Djibril Diallo
ARC-EN-CIEL
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