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Affaire foncière de Dougourakoro : Une bombe à retardement qui attend les autorités

mardi 13 mai 2014, par Assane Koné

Décidément, on a l’impression que le Mali est devenu une jungle, où les riches piétines à volonté les plus pauvres. Comment expliquer l’imbroglio foncier de Dougourakoro cité, un quartier de la Commune rurale de Baguinéda, si ce n’est par la complicité nauséabonde qui est établie entre certains administrateurs et certains spéculateurs fonciers, au vu et au su des premières autorités du pays. Et, du coup par leur inaction, l’on pourrait les accuser de complicité passive.

Il y a bientôt 7 ans que dur l’affaire foncière de Dougourakoro cité. Entre 2002 et 2003, des centaines de citoyens maliens se sont rués sur la commune rurale de Baguinéda qui venait de morceler des terres du village de Dougourakoro, en accord avec les propriétaires terriens. Des parcelles ont été vendues en bonne et due forme à des maliens, moyennant 200 mille voir 300 mille FCFA. Pour qui connaît les difficultés de logement à Bamako et environs, ce n’est pas une surprise de voir que certains nouveaux propriétaires n’aient pas hésité à faire pousser de belles maisons sur ce site. Et du coup, la broussaille a pris l’allure d’une belle cité, à quelques encablures de l’abattoir frigorifique de Sabalibougou, non loin de Bamako. Mais, après que la plupart des nouveaux propriétaires, était rassurée dans leur occupation, que ne sera pas leur surprise. « Alors que nous sommes installés sur cet espace par le fait de la Mairie depuis 2002 pour certains et 2003 pour d’autres, c’est en 2007, que nous avions eu la désagréable surprise de voir un certain Cheick Amidou Traoré, venir nous brandir un titre foncier qu’il venait de faire établir la même année du fait du Gouverneur Issa Tapo, alors Gouverneur de Koulikoro », a indiqué Chaka Traoré, secrétaire général de l’Association pour le Développement de Dougourakoro Cité (ADC), lors d’une assemblée générale des habitants et propriétaires de maisons dans la cité, le 11 mai 2014. Il s’est posé un certain nombre de questions, notamment celle de savoir comment Amidou Cheick Traoré a pu se procurer un titre foncier sur une superficie de 5 ha en 2007, alors qu’une bonne partie de ce terrain avait déjà fait l’objet d’une attribution par la Mairie de Baguinéda, depuis 2002 et 2003. « Comment dans un pays, une administration digne de nom peut délivrer un document aussi important qu’un titre foncier sur une superficie de 5 ha dans les environs de Bamako, sans prendre des dispositions pour s’assurer qu’elle n’empiétait pas sur les droits d’autres citoyens », s’est-il interrogé. Avant de révéler qu’aucune enquête de commodo et incommodo n’a été réalisée par les autorisés du gouvernorat de Koulikoro, avant de délivrer le titre foncier à Amidou Cheick Traoré. Selon lui, sur la base de ce titre foncier obtenu dans des circonstances douteuses, le nommé Cheick Traoré, aurait intenté un procès contre 14 habitants de Dougourakoro Cité. « Prétextant d’avoir gagné son procès, sans sommation et sans aucune forme d’avertissement, il a déparqué le 5 décembre 2013, avec des bulldozers pour casser 57 concessions de Dougourakoro Cité et jeter des familles entières dans la rue », a-t-il indiqué. En attend le 19 mai 2014, date du procès que l’ADC a intenté contre Amidou Cheick Traoré, les habitants et propriétaires de concessions à Dougourakoro cité, ont lancé un vibrant appel aux autorités du Mali. « Bien que nous ne doutons pas de la justice de notre pays, nous invitons les autorités du Mali à prendre toutes les dispositions pour que Amidou Cheick Traoré cesse de nous troubler dans la jouissance de nos droits légalement acquis », a indiqué Ibrahim Samaké, Président de l’ADC, qui a usé de toute sa diplomatie pour ramener certains propriétaires au calme. Il faut dire que la lenteur avec laquelle, l’administration malienne gère ce dossier commence à exaspérer certains pères de familles. Et, il faut craindre le pire dans cette zone du pays si des dispositions conservatoires urgentes ne sont pas prises. « Amidou Cheick Traoré, citoyen malien comme nous, ne peut pas sans décision de justice casser nos concessions et penser qu’il va dormir en paix avec sa famille chez lui. Nous demandons que justice soit rendue et qu’il sache pour de bon que malgré sa soit disant fortune que le Mali reste un Etat de droit », a estimé plusieurs chefs de familles désespérés, mais très remontés contre la gouvernance du foncier au Mali. « Nous avons aujourd’hui l’impression que comme le site a pris de la valeur qu’il y a des responsables maliens qui se disent que les pauvres que nous sommes n’avons pas le droit de résider ici et ils veulent nous chasser de nos parcelles que nous avons déjà bâties pour la plupart à la sueur de nos fronts », a estimé Laurent Salo, secrétaire administratif de l’ADC. Les responsables sont avertis et doivent prendre toutes les dispositions pour éviter d’être des sapeurs pompiers pyromanes à Dougourakoro Cité, où une bombe foncière risque d’exploser dans les jours avenir.
Assane Koné

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