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AMINATA D TRAORE : « Ce qui se passe dans le monde n’est pas un problème politique mais un problème de modèle économique »
lundi 24 décembre 2018, par
Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des migrants, le Forum pour un autre Mali (FORAM) a organisé le Mardi 18 décembre 2018, la 13e édition de migrances au Centre Amadou Hampâté Ba (CAHBA). Cette édition était placée sous le thème : « Quel modèle économique pour garantir à la jeunesse un avenir durable et au Mali, la paix et la sécurité ? ».
La célébration de cette journée a permis au Foram de rendre hommage à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie sur les chemins de la migration. Les conférenciers ont passé en revue les questions migratoires, fait le diagnostique du système économique mondial avant de proposer des solutions à ce phénomène.
Dans son exposé, Aminata Dramane Traoré, présidente du Foram, dira que les dominants (les pays développés, ndlr) ne veulent pas de contraintes sur des questions migratoires et climatiques. A l’en croire, l’économie planétarisée crée des inégalités ce qui doit pousser les uns et les autres à réexaminer la situation. « C’est ce modèle qui doit changer. On ne peut demander à un pays comme le nôtre d’aller sur le ring et se battre avec les mêmes armes que des pays qui nous ont dominés. Aujourd’hui, l’économie planétarisée qui crée des inégalités doit nous pousser à réexaminer notre logiciel », a-t-elle déclaré.
Selon l’ancienne ministre de la culture, les élections dans le monde ne serviront à rien, si les citoyens ne sont pas capables de s’investir dans un processus de transformation économique conforme aux intérêts de la nation. « La colère dans la société est liée à la nature du développement… Au Foram, nous n’en faisons pas un problème politique mais un problème de choix de modèle économique. Il nous faut rompre avec ce système mortifère. Pour moi, l’issue est le dialogue national qui doit être axé sur la question du modèle économique susceptible de développer notre pays. Cette question doit être inscrite au cœur des débats nationaux », a-t-elle prôné.
Pr Issa N’Diaye, écrivain et ancien ministre de l’éducation nationale, a soutenu qu’il faudrait que la jeunesse africaine arrive à analyser le système global mondial qui appauvri progressivement l’Afrique. Ce système, dit-il, de contrôle économique assaille les pays africains avec son corolaire de sous emplois et de chômages. « Ce système économique mondial fabrique les jeunes en perpétuel chômage chez nous. Ce qui pousse notre jeunesse à aller chercher du travail. Et c’est dans cette quête d’emploi que la jeunesse va essayer de trouver à travers le système de migration une solution. Il y a une sorte d’ingérence et des tas d’obstacles que ce système mondial dresse de plus en plus sur les chemins de migrations », a-t-il dénoncé.
Puis, il a ajouté que la politique migratoire européenne crée des obstacles à la migration africaine. « Actuellement, ce ne sont pas seulement les frontières européennes qui se ferment. Mais, la politique européenne contribue à dresser les pays africains qui sont aux bordures de la mer, donc ouvrir une espèce de camps de concentration sur le chemin des migrants avec son lot de maltraitances. Il faudrait que nous réfléchissions sur ce système afin de trouver des alternatives. La jeunesse doit comprendre que c’est le système mondial érigé en Afrique qui la maintient dans l’impasse », a-t-il déclaré.
Pour Diadié Yacouba Danioko, ancien ambassadeur et ministre de la jeunesse et des sports, le nouveau panafricanisme au quel beaucoup aspire à travers le mouvement fédéraliste panafricain, doit chercher d’abord à questionner ce modèle économique. « Cette unité africaine ne pourra se réaliser que si le système économique qui nous écrase est combattu. Il faut d’abord une prise de conscience, déconstruire des discours misérabilistes qu’on tient à longueur des journées sur l’Afrique, ne pas tomber dans un optimisme béant en disant que tout va bien. Il faut valoriser les ressources humaines et naturelles de l’Afrique », a proposé le conférencier.
Faut-t-il rappeler que la Migrance a été initiée en 2006 par le Forum pour un autre Mali (FORAM). Il est un espace de débats et d’échanges sur la question migratoire pour célébrer la journée internationale du Migrant.
Moussa Mallé SISSOKO
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