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Ségou’art édition #2 : le plaidoyer de Joyce Nath Tsamala, artiste de la RDC
dimanche 17 février 2019, par
Aprés l’édition remarquée de 2018, le Salon International d’art contemporain du Mali est rendu à sa 2éme édition. Une édition toute aussi alléchante et innovante avec l’initiation d’un atelier de critique d’art pour soutenir et documenter les créations.
Unique festival du genre au Mali, le Ségou’art se tient du 02 au 09 février 2019. Pendant une semaine, photos, peintures, sculptures, installations, vidéos d’art, théâtre, danse et chorégraphie, conférence et atelier de critique d’art, ont investi différents lieux de la ville de Ségou, offrant ainsi au public l’occasion de découvrir les œuvres d’artistes nationaux et internationaux.

Comme pour chaque édition, un thème est proposé et adopté par les membres de la commission d’organisation et de sélection d’artistes. Ce chapitre 2 est placé sous le thème ‘’SEGOU-YELEN’’ qui signifie littéralement lumière de Ségou. Cette lumière éclaire, se lève avec l’artiste JOYCE NATH TSAMALA, originaire de le RDC présent dans l’exposition internationale IN.
Troisième d’une famille de six enfants, Tshamala est Né à Kinshasa, en 1993. Membre actif du collectif « Bokutani artistes réunis », le peintre est titulaire d’un diplôme de peinture obtenu en 2012 à l’Institut des Beaux-arts de Kinshasa.
Pour cette exposition à Ségou, il offre à notre appréciation une série de 3 œuvres de tailles et de dimensions variables qui reflètent l’actualité en République Démocratique du Congo. Deshumanisation, violence physique et mentale, corruption, injustice, dépravation des mœurs, charcutassions de la population sont ici décriés. Il se nourrit ainsi du contexte socio-politique tendu depuis des années et se positionne comme un témoin de ces bouleversements qu’il met en scène tout en ouvrant sur des changements possibles.

Il s’intéresse à l’installation et utilise des matériaux hétéroclites dont des déchets pris de l’environnement qui jonchent nos rues. On retrouve principalement des disques compacts pornographiques triés dans le tas, de la rouille naturelle et fabriquée, des affiches de films violents et dangereux qui agitent le comportement des jeunes. Il se réfère aussi Pop par l’usage de la répétition de matériaux recyclés ce qui visuellement implique un mouvement d’aller retour entre le numérique et le plastique. : « Le disque compact comme support, reçoit le plastique et le révèle ». (Discutions avec le peintre, Ségou 31 février 2019).
Pour lui, la nudité de ses personnages lui permet d’articuler la fragilité du corps qui est aussi sa force. Il soulève des questions autour de l’inégalité et instaure l’égalité pour un dialogue franc, conteste les censures et les impunités sociales liés au genre.

Il illustre une société en décomposition, les attitudes des corps en disent long à l’exemple de son œuvre intitulée ‘’Prise de position’’ ; qui en réalité est un auto portrait de lui-même dans une posture de boxeur américain. Dans sa quête, les symboles sont à la fois un code pour verrouiller et déverrouiller le message.
Il combine une diversité d’éléments qui évoquent la terreur, l’inertie, pour accentuer l’empreinte du mal sur l’existence. C’est donc au final un véritable plaidoyer qu’il fait à travers son art à fin d’éveiller les consciences des uns et des autres.
Hassan NJOYA
Cameroun
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