Disparu en 1763. Pratiquement inconnu dans l’histoire du Mali, comme s’il était victime d’une omerta. Yoro Barry alias Pélengana Kanoubagnouma comme le sphinx, est en passe de renaître de ses cendres. Dans le cadre de la 19^e édition de Ségou’Art/Festival sur le Niger, un monument érigé à son honneur au cœur de la commune de Pélengana a été inauguré le 5 février 2023, par le Premier Ministre Choguel K. Maïga.

« De son vrai nom Yoro Barry, Pélengana Kanoubagnouma fut l’une des grandes figures du royaume bamanan de Ségou et l’un des fidèles compagnons du fondateur du Royaume Bamanan Mamary dit Biton Coulibaly », a indiqué d’entrée de jeu l’historien Yamoussa COULIBALY, ancien Maire de Pelengana.

Pour l’inauguration de ce monument dédié à une personnalité emblématique de l’histoire de notre pays, mais très peu connue, en plus du Premier Ministre, l’on a noté la présence des notabilités traditionnelles de Ségou ; de tous les maires de l’intercommunalité « Balanzan » de Ségou, à savoir : la commune urbaine de Ségou, la Commune rurale de Pélengana, la commune rurale de Sébougou et la commune rurale de Sakoïba. Pour la circonstance, Mamou Daffé, Président de la Fondation du Festival sur le Niger était accompagné par les éminents artistes plasticiens qui portent aujourd’hui l’art africain à travers le monde.

« Dans le cadre de la sécurisation du royaume, Yoro Barry a été désigné par le roi et accompagné de quelques familles pour s’installer à Pelengana », a ajouté l’historien Yamoussa COULIBALY. Selon lui, « il faisait partie de l’armée régulière des ‘’tonjons’’. Il a précisé qu’ « à travers les documents historiques et les sources orales, Kanoubagnouma est d’abord et avant tout un chasseur, ensuite un guerrier et chef d’état-major de la zone militaire de Pélengana et enfin un souverain ». En effet, avec « l’avènement du ‘’tondjon fanga’’ 1757-1766, il a été intronisé roi et régna sur le royaume de 1760 à 1763 après Ton Mansa Dembélé de Goin 1757-1760 », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter qu’ « il est mort suite à une hémiplégie ». Selon lui, « Ténè koumblen, expert on sciences occultes à la solde de Kafa djougou, son adversaire de Gâchi, lui aurait jeté cette maladie qui mit un terme à sa vie ».

C’est cette figure emblématique de l’histoire de Ségou, donc du Mali, que les autorités l’intercommunalité « Balazan » de Ségou, ont décidé d’honorer en lui dédiant un monument à sa taille. Et, engagée de longue date dans un partenariat public/privé avec la Fondation du Festival sur le Niger, pour faire de Ségou, une ville créative, elle a rencontré une oreille attentive auprès de Mamou Daffé, pour le financement de la réalisation du Monument Kanoubagnouma.

Réalisé de mains de maître par l’entreprise Koumaré Moulaye sise à Bamako Kalaban Coura, cette œuvre gigantesque qui salue la cohésion millénaire entre les différentes communautés éthiques du Mali, au nom du symbolisme qu’elle représente, a été inaugurée par le Premier Ministre Choguel K. Maïga.

« Soucieux de faire connaître la Ville de Ségou tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, l’Intercommunalité « Balanzan » de Ségou en partenariat avec la Fondation du Festival sur le Niger dans le cadre de son Projet ‘’Ségou Ville Créative’’ dispose d’un programme de protection des figures historiques des personnages ayant marqués l’histoire du Royaume ‘’Bambara’’ de Ségou », a indiqué Nouhoun Diarra, Maire de la Commune Urbaine de Ségou et Président de l’intercommunalité « Balazan » de Ségou.

Dans ce cadre, il a rappelé la réalisation au rond-point de Sébougou, où l’on peut comptempler avec enthousiasme les personnages comme Bakary Djan, Bilisi, Binton Coulibaly (1712-1755), Damonzon Diarra (1808-1827). « Aujourd’hui, ce monument reçoit plus de 50 visites par jour de personnes de tout genre », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que c’est dans le même élan de Marketing Territorial du Projet « Ségou ville créative », l’Intercommunalité « Balanzan » de Ségou, par délibération n°2022-07/IB-S du 03 décembre 2022, a décidé de célébrer une autre figure du royaume bambara de Ségou : Yoro Barry dit Kanubagnuma. « Ce nouveau joyau architectural qui va s’ajouter à celui de Sébougou va redorer l’image notre cité », a-t-il déclaré. Il a salué la Fondation du Festival sur le Niger pour le partenariat franc et sincère qui a permis la réalisation de cet ouvrage. Il a aussi félicité l’Atelier KOUMARE MOULAGE, pour le travail réalisé avec professionnalisme.

« J’invite tous les maliens à valoriser notre histoire pour satisfaire la responsabilité de pérennisation de la mémoire qui nous incombe », a lancé le Premier Ministre Choguel K. Maïga. Il a indiqué que ce qui se passe à Ségou doit être un exemple pour toutes les villes du Mali. « Kanoubagnouma est peul, mais il est devenu roi à Ségou, pays Bambara. Cela traduit cohésion et l’entente qui toujours existé entre nos communautés », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que la grande symbolique ce monument traduit une grande leçon : « Les bambara ont accepté qu’un peulh gouverne le royaume de Ségou ». Fort de ce constat, Choguel K. Maïga, a indiqué qu’il n’y a pas de bagarre entre les maliens. Selon lui, la seule bagarre, c’est se battre pour le développement de notre pays. « Je félicite Ségou pour ce message fort de cohésion historique entre les peuples maliens », a-t-il déclaré.

Assane Koné