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Ségou’Art 2019/L’allégorie d’ABDIAS NGATEU : un travail sur l’être et l’espace
dimanche 17 février 2019, par
Une différence sans indifférence, est l’analyse que nous avons délibérément opérée au sujet du travail plastique d’ABDIAS NGATEU sur l’être et l’espace. La différence ici est relative à l’homme et l’animal très présents dans son travail et l’indifférence, a ce qui rapproche les deux êtres.
Ayant grandit dans un quartier populaire de la ville de Douala comme le dit Hervé YOUMBI à propos, constitué d’espace de respiration et de suffocation, l’artiste s’intéresse de façon plus large aux clichés feutrés et sons de nos « elobis » des espaces de vie surpeuplés, bruyants insalubres des constructions anarchiques.
Au Cameroun où il est né en 1990 et où il vit et travaille, l’espace urbain est un théâtre où les acteurs écrivent des pièces en même temps qu’ils jouent. Il y a autant à lire qu’à voir sur ses tableaux qui transpirent le quotient urbain des villes africaines. L’image mais surtout le message sont des traits caractéristiques des peintures d’ABDIAS NGATEU.

Le peintre lui-même parle d’une « métaphore empirique », qui lui permet d’aller au bout de ce qu’il veut communiquer, tout en permettant d’affirmer un style pictural particulier.
Il note que la perception qu’on a de son alter-ego postule un autre rapport à l’œuvre, ainsi il préconise qu’il faut parfois du temps pour entrer dans un tableau et demande plus de patience aux potentiels admirateurs.

Il est dangereux de trop faire voir à l’homme combien il est égal aux bêtes, sans trop lui montrer sa grandeur. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront percevoir les différents niveaux de lecture qu’il nous propose.
Son travail s’enrichit et guide instinctivement sa lecture et sa compréhension, autant qu’il organise une réception particulière de l’œuvre, qui met en évidence son sens polémique et polysémique : il s’agit ici de montrer sur quoi s’appuie le spectacle éclatant d’une ville-monde, où les êtres se comportent comme dépourvu de conscience, le dessus-dessous. Il décentre le regard de ce qu’il contemple habituellement pour le faire porter sur les « coulisses », sur ce que l’on évite généralement de voir, la norme étant écartée et l’écart normaliser.

La couleur uniforme des fonts évoquent sa neutralité, le choix des animaux, assimilable à leurs qualités- l’aigle, le chausseur de proie, le chien déterminé, le lapin suiveur etc. Les attitudes, sont pour lui la condition de visibilité et d’exploitabilité du désordre urbain.
L’artiste, justicier comme l’affirme Achillekà KOMGUEM dans sa critique fait œuvre pour montrer combien les êtres humains font souffrir d’autres, que ce soit des Hommes ou des animaux, la conscience a été anesthésiée. Même ses personnages sont parfois comiques, on peut considérer qu’il illustre la solitude des grandes villes et la grande misère spirituelle de nos contemporains. Une allégorie sur l’être et de l’espace.
Hassan NJOYA
Cameroun
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